Forum de Paris sur la paix : Lamamra renouvelle l’attachement de l’Algérie au multilatéralisme
Les travaux de la 5e édition du Forum de Paris sur la paix, ont débuté vendredi dans la capitale française, avec la participation du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, en sa qualité de représentant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Lors de la séance d’ouverture de cette édition de haut niveau, autour du thème «Surmonter la multicrise», les participants ont passé en revue les principaux défis internationaux actuels sur les plans politique, sécuritaire, économique, énergétique et environnemental et les moyens d’y faire face de manière collective et efficace.Le rendez-vous regroupe plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement, de nombreux ministres et responsables d’Organisations internationales gouvernementales et non-gouvernementales ainsi que des acteurs du secteur privé pour examiner les principales problématiques dans le monde d’aujourd’hui et proposer des solutions pour atténuer les chocs multiples et les conséquences socio-économiques des crises et éviter une aggravation de la polarisation mondiale qui hypothèque la coopération internationale. Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a ainsi mis à profit la tribune qui lui a été offerte pour «renouveler l’attachement de l’Algérie au multilatéralisme et à ses positions de principe, plaidant la nécessité de corriger les déséquilibres qui caractérisent les mécanismes de gouvernance globale et favoriser l’avènement d’un nouvel ordre mondial coopératif, équitable et solidaire à même de garantir la paix, la stabilité et le développement et de préserver les intérêts des pays en développement ». M. Lamamra a souligné avec ses homologues africains et européens « l’importance d’intensifier le dialogue et les consultations pour surmonter les situations de crise pour parvenir à la sécurité, la stabilité et au développement ».
Le Forum de Paris sur la Paix, dont les travaux se sont poursuivis hier, entend réinventer « la coopération internationale » en s’appuyant sur des projets concrets qui doivent s’attaquer aux racines des conflits, a souligné son président Pascal Lamy. « C’est le Forum sur la paix parce que la paix, c’est le produit de circonstances; la guerre ou la non paix (…) vient de tensions sur le social, le développement, la religion, le climat maintenant », a-t-il déclaré dans une déclaration à la presse. « Quand on voit l’impact du changement climatique sur les populations, c’est évident », a-t-il ajouté. « L’idée est de remonter aux sources de la non paix et c’est ce que nous faisons ». Dans un monde en crises multiformes, il relève « l’incapacité (…) des acteurs classiques, des États, des diplomates à trouver parfois des solutions ». Le Forum de Paris sur la paix réunit ainsi de nouveaux acteurs de la société civile, des ONG, des grandes entreprises, des villes, de grandes institutions. « On ne va pas se dispenser des Etats et des diplomates pour trouver des solutions », a nuancé l’ancien Commissaire européen et directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce. Mais il exhorte à exploiter la « réserve d’énergie », la « volonté de coopérer » au sein d’autres acteurs.
La menace terroriste au Sahel oubliée
En ouverture de session du Forum, la reine de Jordanie Rania al-Yassin, a elle aussi déclaré « une convergence de crises » et exhorté à être ambitieux dans leur résolution. « Je veux mettre tout le monde au défi de viser plus haut que de simplement sortir de la tempête », a-t-elle dit. « Notre monde est déséquilibré. Essayer simplement de maintenir une forme de stabilité ne suffit plus. Nous devrions plutôt considérer ce moment comme un bouleversement. Il est temps de changer de paradigme », a-t-elle ajouté. Il est à noter que cet évènement, comme l’indiquent les organisateurs du forum, intervient après une pandémie qui a considérablement aggravé les inégalités mondiales et dans un contexte international marqué par un clivage géopolitique aigu sur fond de crise en Ukraine «dont les retombées politiques et économiques continuent de dominer l’actualité internationale».
Le Forum de Paris sur la Paix, il faut le signaler, intervient dans un contexte de recrudescence du phénomène terrorisme en Afrique et particulièrement au Sahel où la France vient de mettre fin aux opérations de sa force Barkhane. Le terrorisme constitue un véritable défi pour les pays de cette région dont la plupart son pauvre et n’ont pas les moyens de faire à la menace. La réponse de l’Union Africaine au problème du terrorisme reste pour le moment soit faible soi inappropriée. Dans son dernier rapport sur la question rendu public le 10 novembre, Amina Mohammed, la Vice-secrétaire générale de l’ONU au Conseil de sécurité a alerté d’ailleurs sur le fait que « l’intensification du terrorisme, qui est une menace majeure pour la paix et la sécurité internationales, est actuellement le plus durement ressentie en Afrique». « Les terroristes et les extrémistes violents, dont Daech, Al-Qaïda et leurs affiliés, exploitent l’instabilité et les conflits pour accroître leurs activités et intensifier les attaques à travers le continent », a déclaré Amina Mohammed au nom du Secrétaire général António Guterres. «Leur violence insensée, alimentée par la terreur, a tué et blessé des milliers de personnes et beaucoup d’autres continuent de souffrir de l’impact plus large du terrorisme sur leurs vies et leurs moyens de subsistance », a-t-elle ajouté devant les membres du Conseil de sécurité.
Au cours des deux dernières années, a-t-elle encore mentionné, certaines des filiales les plus violentes de Daech se sont développées, augmentant leur présence au Mali, au Burkina Faso et au Niger ainsi que vers le sud dans le golfe de Guinée. «Les groupes terroristes et extrémistes violents aggravent l’instabilité et la souffrance humaine. Et ils peuvent replonger un pays sortant d’une guerre dans les profondeurs du conflit», a rappelé la haute responsable onusienne. Malgré ce constat effrayant et alarmant, la communauté internationale donne l’impression de se désintéresser de l’Afrique et de n’accorder la priorité qu’à la guerre en Ukraine. De nombreux observateurs s’inquiètent à juste titre de se désintérêt dans la mesure où sans une réponse rapide et efficace, le Sahel peut très vite devenir l’épicentre du terrorisme international.
Khider Larbi