Pétrole : Le baril décroche !
Après avoir entamé la semaine orienté à la hausse dans le sillage de la dernière décision de l’Opep+ de maintenir ses quotas inchangés et la craintes d’un possible impact du prix pétrole russe sur l’offre de brut, les cours du baril ont décroché mardi et hier perdant 10 dollars en 48 heures, miné par les craintes grandissantes de récession de l’économie mondiale et le manque de visibilité sur l’évolution de la situation en Chine qui s’impose comme le facteur clé du marché.
Hier, vers 10H45 GMT, le baril de Brentde la mer du Nord pour livraison en février perdait 0,86%, à 78,67 dollars.Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison en janvier, baissait de 0,88%, à 73,60 dollars. »Les pertes sont toujours attribuées aux craintes d’une baisse de la demande mondiale, alors que l’OPEP (l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, ndlr) se refuse à toute nouvelle réduction de la production », affirment les analystes de Danmark Energi. »En dépit de la guerre (…) en l’Ukraine, la prime de risque géopolitique a pratiquement disparu, mais pas les préoccupations liées à l’inflation », renchérissent les analystes de PVM Energy Stephen Brennock et Tamas Varga.De récents bons indicateurs économiques font craindre aux investisseurs que les hausses des taux de la Réserve fédérale (Fed) ne ralentissent pas, mais aussi que le pic d’inflation soit encore loin. »Pour faire court, les craintes de récession ne manquent pas », résument-ils.Mais la « déroute spectaculaire » des deux références mondiales du brut, qui évoluent actuellement à leur plus bas, ou proche de leur plus bas de l’année, n’est pas exclusivement due aux craintes de récession, soulignent les analystes de PVM.
Mardi, leWTI est descendu jusqu’à 73,41 dollars, une profondeur plus explorée depuis fin décembre 2021.Quant au baril de Brentde la mer du Nord, avec échéance en février, il a perdu 4,02%, à 79,35 dollars, clôturant en-deçà de 80 dollars pour la première fois depuis début janvier. »L’effet potentiel d’une nouvelle série de hausses de taux (de la banque centrale américaine) a fait peur au marché quant aux possibles répercussions sur l’économie mondiale », a commenté Susannah Streeter, d’Hargreaves Lansdown, un sentiment qui avait déjà justifié le retournement de tendance de lundi.Un resserrement monétaire plus appuyé que prévu pourrait affaiblir la demande d’or noir et déprimer encore davantage les cours.A cela s’ajoutent les incertitudes autour de la situation sanitaire en Chine, premier importateur mondial, avec une levée des restrictions qui demeure très progressive.Autre élément, le regain du dollar, qui s’est ressaisi ces deux derniers jours après plusieurs semaines de glissade, ce qui est défavorable aux prix du pétrole, libellés le plus souvent en billets verts.Les traders ont également réagi à l’entrée en vigueur de l’embargo européen sur le pétrole russe, assorti d’un mécanisme de prix plafond pour les livraisons à destination d’autres destinations que l’Europe.Moscou a affirmé à plusieurs reprises que la Russie ne vendrait pas de pétrole aux pays appliquant le plafonnement.Pour M. Erlam, ce mécanisme est probablement considéré par les investisseurs comme un « statu quo », d’autant que la Russie tente d’améliorer sa « capacité à contourner les sanctions ».Après la dégringolade de mardi, l’Oural, principale variété de référence du pétrole russe, pour livraison en février, ressortait à 60 dollars, soit exactement le prix plafond.Selon un responsable d’une société de transport maritime spécialisée dans le pétrole, sous couvert d’anonymat, certaines variétés se négocient à un prix plus proche de 50 dollars le baril, ce qui rend le plafond inopérant. »Je n’ai aucun doute qu’il y aura des acheteurs pour nos produits » pétroliers, a déclaré mardi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, cité par les agences de presse russes.
L’embargo russe et le plafonnement « vont finir par perturber » le flux du pétrole russe, prévient l’analyste, mentionnant l’embouteillage de tankers qui s’est formé, ces dernières heures, près du détroit du Bosphore, selon plusieurs médias.Le blocage tiendrait à la volonté des autorités turques d’obtenir des navires souhaitant sortir de mer Noire un certificat d’assurance, par crainte qu’un accident ne soit pas couvert.
R.E.