Commémoration des manifestations du 11 décembre 1960 : Un tournant décisif
Les historiens ont estimé hier que les manifestations du 11 décembre 1960 un tournant dans la Guerre de libération nationale. Dans ce sens, l’enseignante en Histoire à l’université de Tizi-Ouzou, Mezhoura Salhi a indiqué lors d’une rencontre organisée hier par la direction locale de la culture et des arts à la maison de la culture Mouloud-Mammerique cet événement constitué une victoire diplomatique, politique et stratégique pour le Front de libération nationale (FLN) contre l’administration coloniale française.Spécialiste en histoire contemporaine, Mme Salhi a relevé que les manifestations du 11 décembre 1960 ont été « un tournant décisif dans le cours de la Révolution grâce à la médiatisation de la question algérienne ». »Ces manifestations vécues et rapportées par des journalistes qui accompagnaient le président français de l’époque, Charles De Gaulle, dans sa visite, et par la presse étrangère établie en Algérie, ont permis une prise de conscience de la réalité algérienne et du refus du peuple algérien de la présence française et de toutes les solutions proposées par le général De Gaulle », a-t-elle dit.L’universitaire a ajouté que « le peuple algérien a manifesté pour exprimer son refus du colonialisme, et clamer au monde entier son attachement à l’indépendance de l’Algérie, à l’unité nationale, au FLN, et au Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) comme seuls représentants du peuple ».D’autres intervenants, tel que le Moussebel Ait Boudjemaa Ahmed, qui avait pris part aux manifestations du 11 décembre 1960 à Alger et avait été emprisonné et torturé, ainsi que l’ancien Moudjahid Mokrane Ben Youcef, ont mis en exergue l’importance de ces manifestations qui ont « courbé l’échine de l’administration coloniale française et renforcé la question algérienne ».
De son côté, le Dr Mohamed Bendjebbour, directeur du Laboratoire des sources et traductions du département d’histoire et d’archéologie de l’université d’Oran 1 « Ahmed Ben Bella », a indiqué lors d’une journée d’étude organisée pour l’occasion à Oran que ces manifestations ont permis « d’établir des preuves irréfutables de l’attachement du peuple algérien à la révolution et l’indépendance et de rejeter les allégations promues par les médias français selon lesquelles l’armée coloniale a réussi à isoler la révolution ».Il a souligné que ces manifestations, qui ont eu lieu dans diverses régions du pays, sont parmi les événements déterminants les plus importants dont la Glorieuse guerre de libération a été témoin, en particulier après l’arrivée au pouvoir de Charles de Gaulle en France en 1958.Le même intervenant a ajouté que le Président de Gaulle a été surpris par la fermeté et l’insistance sans précédent des Algériens sur le sacrifice et la lutte, qui ont été transmises au monde par les journalistes étrangers qui l’ont accompagné lors de sa visite en Algérie, contrairement à ce qu’il avait prévu et espéré.Ces manifestations ont également renforcé la position algérienne sur le plan international, incitant de nombreux pays qui soutenaient la thèse française à revoir leurs positions en faveur de la révolution algérienne et, le 20 décembre 1960, l’Assemblée générale des Nations unies a approuvé une résolution reconnaissant le droit du peuple algérien à l’autodétermination et à l’indépendance, a rappelé le même intervenant.Pour sa part, le professeur Soraya Hassam du département d’histoire de l’université d’Oran 1 « Ahmed Ben Bella » a indiqué que le peuple algérien, qui a donné lors de ces manifestations plus de 800 martyrs et plus de 1.000 blessés, dont des enfants, ont pu mettre un terme au faux rêve des hommes politiques français et à leur fourberie des réformes sociales et économiques.
R.N.