Révision du cahier des charges régissant l’élevage bovin : Remettre de l’ordre sur le marché de la viande et du lait
Le ministère de l’Agriculture et du Développement Rurala procédé, jeudi dernier, en commun accord avec plusieurs opérateurs économiques et importateurs de bovins vivants, à la révision de plusieurs clauses du cahier des charges relatif à l’exercice de l’élevage bovin et à la création, au courant du premier trimestre de 2023, d’un Conseil interprofessionnel de l’élevage bovin. Des décisions qui doivent mettre fin au Conseil national interprofessionnel de la filière viandes rouges qui, visiblement, n’a pas atteint les objectifs escomptés par les pouvoirs publics, notamment l’assainissement de cette filière. Selon un communiqué rendu public, samedi soir par le ministère de tutelle, plusieurs clauses salvatrices sont contenues dans le nouveau cahier des charges, à commencer par « l’allègement des procédures administratives » en focalisant sur « le contrôle sanitaire » et « la nécessité d’imposer un système de contrôle sanitaire ferme au niveau des frontières et tous les points de passage ». Si auparavant le bétail était systématiquement admis au niveau des centres d’isolement relevant des services vétérinaires, les nouvelles clauses viennent remettre de l’ordre pour interdire cette pratique qui, souvent, butait sur des abattages abusifs des génisses importées à coups de millions de dollars pour le repeuplement des bâtiments d’élevage en vache laitière à travers l’importation de génisses destinées à la production de lait. Bien que la loi interdisait l’abattage des vaches laitières de moins de sept ans, outre les multiples instructions fermes données pour assurer cette disposition, des éleveurs s’adonnaient au commerce facile, créant un déficit inestimable dans les réseaux de collecte de lait de vache. Avec les nouvelles dispositions, il est clairement stipulé qu’en cas de contamination d’une vache laitière, toutes les mesures organisationnelles devront être prises pour la protection du cheptel national, notamment celui versé dans le développement des filières du lait et des viandes rouges. En revanche, les deux parties ont convenu sur des lignes rouges, notamment l’impératif respect d’assurer « la traçabilité et l’identification des cheptels importés à partir du 2 janvier 2023 », et ce en collaboration avec le Centre national d’insémination artificielle et d’amélioration génétique et l’Office national interprofessionnel du lait, respectivement chargés de la mise en place d’un système d’immatriculation de toutes les vaches reproductrices. Cette mesure vient en complément de l’opération de recensement du cheptel à l’aide de puces électroniques, lancé en novembre dernier pour créer une base de données numériques sur cette richesse animale et de déterminer le véritable nombre des éleveurs en Algérie, en sus de lutter contre les maladies infectieuses, tout en assurant la traçabilité de chaque produit issu de la ferme afin de protéger la santé du consommateur et de contrôler les mouvements du bétail et les prix des viandes. Et si la réunion de jeudi dernier visait essentiellement le recadrage de cette filière qui participe à l’élaboration d’une stratégie de sécurité alimentaire, il est clair que les deux parties ont convenu « de garantir la stabilité des prix des aliments de bétails, notamment le son du blé dont le prix a été plafonné car issu des blés tendre et dur subventionnés par l’Etat ». C’est en ce sens, que le ministre en charge du secteur, Mohamed Abdelhafid Henni, et les 22 opérateurs qui ont assisté à ladite réunion ont convenu de faire un point de situation vers la fin du mois janvier prochain pour la concrétisation et le suivi de ces décisions sur le terrain afin de revoir l’organisation et l’encadrement de cette filière. Selon la même source, « les opérateurs ont exprimé leur adhésion totale à ce programme » qui s’inscrit en droite ligne avec la feuille de route du secteur, visant à augmenter la production de lait frais et impulser une nouvelle dynamique à la production locale des viandes rouges. Pour le ministre de l’Agriculture, il s’agit « d’un programme important et durable, visant à réduire les importations à l’instar de la poudre de lait et accroitre la production nationale des viandes rouges. Il convient de rappeler que le nombre des génisses pleines à importer et destinées à la production de lait devrait s’élève au minimum à 20 000 têtes par an, alors que l’Office national interprofessionnel du lait et produits laitiers importe, annuellement, quelques 180 000 tonnes de poudre de lait pour répondre aux besoins du marché.
Riad Lamara