Un système informatisé pour « consacrer la transparence » dans la gestion des finances : L’argent des communes sous la loupe !
Le ministère de l’Intérieur a mis en service un système informatisé « pour assurer un suivi permanent de la situation financière de chaque commune à chaque fin de mois ». Une démarche qui s’inscrit entre autres dans l’objectif de « consacrer le principe de transparence dans la gestion des deniers publics ».
Beaucoup de lacunes ont été relevées dans la gestion des finances publiques au cours des dernières années, notamment au niveau local. Au-delà de la répartition des budgets entre les différentes collectivités locales au niveau de la wilaya, d’une manière inadéquate parfois, comme l’a relevé la Cour des comptes dans son dernier rapport, il y a un véritable problème lié à la gestion des budgets communaux par les responsables locaux. Une situation à laquelle compte remédier l’Exécutif qui place la commune au centre de sa stratégie de développement local. « Dans le cadre des efforts déployés par le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du Territoire pour la modernisation de la gestion locale, et en vue de consacrer le principe de transparence dans la gestion des deniers publics et d’assurer une meilleure efficacité dans la mise en œuvre du budget, un système informatisé a été mis en service, le 11 décembre courant, pour assurer un suivi permanent de la situation financière de chaque commune à chaque fin de mois », a indiqué, hier, un communiqué du département de Brahim Merad. Un système qui concerne les services de la commune, de la daïra et de l’administration centrale, précise le ministère de l’Intérieur, et qui a pour objectif « d’informer les acteurs au niveau local sur la situation réelle et exacte de la liquidité financière au niveau des trésoreries communales et, partant, définir les priorités dans la mise en œuvre des dépenses publiques ». Il permettra également « à tous les responsables locaux et centraux de contrôler l’utilisation des allocations financières, de déterminer le niveau des dépenses globales et celui du recouvrement des recettes ainsi que les fonds disponibles à chaque fin de mois et à chaque fin d’exercice financier, mais aussi d’identifier les difficultés financières pouvant survenir dans chaque commune, ce qui permettra de prendre les mesures anticipatives nécessaires pour les éviter », ajoute-t-on encore.
Défaillance de la gestion des finances locales
Il faut rappeler, à cet effet, que la Cour des comptes, dans son rapport 2022, a mis en relief les différentes failles et insuffisances qui caractérisent la gestion locale, notamment pour ce qui est de la gestion et contrôle des finances, dont ceux du fond de solidarité des collectivités locales ou des programmes spéciaux. Prenant comme exemple les wilayas de Blida, Oran ou Sidi Bel Abbes, dont les finances ont été décortiquées dans le rapport, la Cour des comptes a évoqué « l’urgence de renforcer les procédures de contrôle interne » et la nécessité de redynamiser « l’inspection générale de la wilaya ». Entre autres lacunes, la Cour a pointé du doigt « le lancement de commandes en l’absence d’un recensement des besoins », le « recours limité aux procédures de consultation », « des dépenses excessives dans un contexte comptable incertain », en matière de « frais d’alimentation, fêtes et cérémonie » et des « frais d’accueil et de prise en charge des délégations », ainsi que l’absence de « plan de développement à moyen terme ». D’une manière générale, ajoute encore la Cour des comptes dans ce rapport, « les contrôles effectués auprès des wilayas d’Oran et de Sidi Bel Abbes montrent clairement que la gestion des budgets décentralisés et du patrimoine, n’est pas toujours menée en respect des principes de contrôle interne et des directives de rationalisation des dépenses publiques préconisées par les pouvoirs publics, d’où les multiples dérives et situations de gaspillage constatées dans l’utilisation des ressources budgétaires et des moyens de ces collectivités ». La mise en service de ce système informatisé pourrait, ainsi, remédier, tant soit peu, à ces lacunes ou, du moins, en réduire leurportée.
Elyas Nour