L’expert en stratégie énergétique Mourad Preure évoque un pouvoir de négociation qui n’a jamais été aussi fort : « L’Algérie a une opportunité qui ne se représentera jamais »
Le contexte énergétique mondial est favorable pour l’Algérie. Un contexte que l’Algérie doit mettre à profit pour attirer des investissements industriels, a souligné hier l’expert Mourad Preure.
« L’Algérie a aujourd’hui une opportunité qui ne se représentera jamais », a indiqué hier l’expert en stratégie énergétique et consultant international Mourad Preure. Lors d’une intervention lors de la matinale de la troisième chaine de la Radio algérienne, l’expert a expliqué que le contexte de reconfiguration mondiale sur fond de crises économique et énergétique, offre un pouvoir de négociation inédit pour l’Algérie. Un contexte sur lequel notre pays doit capitaliser. Il souligne dans ce sens la nécessité d’adopter une stratégie permettant de s’imposer sur le marché mondial de l’énergie et de capter les investissements en quête de stabilité et de ressources.
« Toutes les étoiles sont alignées en faveur de l’Algérie et son pouvoir de négociation n’a jamais été aussi fort », assure Mourad Preure. L’expert note, dans ce sens, que tous les pays ont compris que l’Algérie a honoré ses contrats gaziers même au temps de la guerre civile, ce qui fait d’elle un partenaire fiable, crédible et incontournable.
En plus de sa place, de plus en plus importante, sur le marché énergétique, l’expert recommande aux dirigeants de saisir cette opportunité en adoptant une « démarche agressive » non pas en tant que simple exportateur, mais en qualité de pays transformateur des produits énergétiques et de terre attractive pour les investissements étrangers, particulièrement européens. « Le gaz est un levier sur la base duquel on peut avoir des ambitions stratégiques. Il faut saisir cette opportunité pour renforcer sa position concurrentielle », insiste-t-il.
« Aujourd’hui, les énergéticiens européens doivent venir investir avec nous pour développer les capacités qui répondront à leurs besoins, non seulement dans l’exploration et production, mais aussi dans l’énergie verte », a plaidé l’intervenant, soulignant l’importance de mettre en place un partenariat stratégique entre l’Algérie et l’Europe et qui « doit engager l’industrie nationale, les universités et les compagnies énergétiques ».
Il a dans ce sens considéré que le plafonnement des prix du gaz, décidé récemment par les ministres de l’Energie des Etats membres de l’Union européenne (UE), est « une illusion », car le marché est un « marché d’offreurs pas un marché de demandeurs »,.Ce plafonnement « est une grossière plaisanterie » et « une illusion » puisque « le marché est un marché d’offreurs mais pas un marché de demandeurs. Ce ne sont pas les demandeurs qui définissent les règles du marché », a déclaré M. Preure.
L’analyste a souligné en outre que la décision de l’UE n’apportera pas les résultats escomptés car la Russie est en train de se tourner vers des marchés alternatifs notamment vers l’Asie, ajoutant que l’Europe est largement dépendante des marchés extérieurs et n’est approvisionnée qu’à 10% seulement de sources gazières communautaires (européennes). »La Russie est en train de se réorienter vers les marchés asiatiques afin d’atténuer l’impact de l’arrêt progressif de ses exportations vers les marchés européens, et la Turquie qui saisit l’occasion et se propose de devenir le hub gazier. Le gazoduc South Stream qui devait rejoindre la Bulgarie a été refusé par l’UE et orienté vers la Turquie mais avec des capacités de seulement 63 md M3″, a-t-il ajouté.
Lundi dernier, les ministres de l’Energie des Etats membres de l’UE avaient approuvé un mécanisme permettant de plafonner les prix de gros du gaz à partir de 180 euros/MWH, en vue de faire face « à la flambée des prix sur les marchés ».Le mécanisme, qui entrera en vigueur le 15 février 2023, s’enclenchera automatiquement dès que le prix du contrat mensuel atteindra 180 euros/mégawatt-heure pendant trois jours consécutifs.
Hocine Fadheli