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Il fait tout pour faire oublier cette crise du Rif : La poudrière du Rif

Le régime marocain s’est lancé depuis quelques mois dans une croisade hystérique contre l’Algérie, mais aussi contre de nombreux pays y compris européens, en brandissant la question du Sahara occidental afin de justifier son attitude belliqueuse et agressive. Une croisade destinée au final à faire oublier l’ignominie et l’affront que le Makhzen a fait subir au peuple marocain en normalisant ses relations avec l’entité sioniste, mais aussi la grave économique et sociale qui affecte les Marocains, notamment dans la région du Rif connu un vaste mouvement de contestation. Une région qui continue encore à faire peur au régime marocain.

Il faut savoir que le mouvement populaire du Rif marocain, qui s’est soulevé en 2017 qui a touché les villes d’El Hoceimia, de Nador, de Berkane mais aussi qui a soulevé la diaspora de cette région du Maroc, notamment en Belgique et aux Pays Bas, deux pays où la présence de citoyens de ces régions est assez nombreuse, ne semble pas à s’estomper malgré la répression qui s’était abattue contre elle, mais bien au contraire elle est perçue par bon nombre d’observateur comme une bombe à retardement qui risque d’ébranler sérieusement la monarchie.

Dans ce sens, la journaliste Houda Chokrani a estimé, dans un récent article publié sur le site électronique «arab, center Washnigton/dc », que « la marginalisation persistante de la région du nord du Rif et des groupes vulnérables au Maroc  déclenchera très probablement des troubles populaires contre le gouvernement central ».L’auteure affirme en ce sens qu’ « au cours de la dernière décennie, les suicides pour certains Marocains et les manifestations de rues pour d’autres sont devenus  les moyens de dernier recours pour protester contre la hogra et la contestation s’est poursuivie au Maroc, atteignant crescendo fin 2016 et début 2017 avec le mouvement ‘Hirak’ dans le nord du Rif marginalisé ».Elle rappellera que « Le ‘Hirak’ du Rif a été déclenché par la disparition de Mohcine Fikri, un vendeur de poisson broyé dans un camion à ordures alors qu’il tentait de récupérer son poisson confisqué, a attiré la solidarité nationale et transnationale entre les Marocains ».

« Le mouvement a subi une répression sévère   de la part de l’Etat, ses leaders éminents, dont Nacer Zefzafi, ont été condamnés à des peines excessives allant jusqu’à 20ans de prison », tenait elle à rappeler.Ce mouvement populaire a fait par la suite l’effet tâche d’huile en s’étalant sur d’autres régions comme la ville de Djerada, de décembre 2017 à mars 2018, ou la population de cette ville minière également marginalisée, a protesté contre la mort « accidentelle » de deux mineurs informels et exigé la création d’emplois et l’amélioration des conditions socio économiques des citoyens de cette région.L’article qui rappelle la répression « violente » qui était venue en réponse aux manifestations des citoyens de la ville minière de Djerada, elle estime dans son écrit que « le Maroc est assis sur une poudrière de griefs sociaux économiques et politiques ».En plus de cette situation socio économique dans laquelle se débattent des pans entiers de la société marocaine, la journaliste mettra aussi à nu le système politique à l’œuvre dans cette monarchie où le citoyen est toujours perçu comme un sujet du roi, indiquant qu’ « au Maroc, les élus du peuple ; ne sont pas responsables devant l’électorat mais inféodés aux intérêts de la cour royale, le Makhzen ».Ce qui explique « l’agitation sociale perpétuelle et la participation de plus en plus faible d’un cycle électoral à l’autre », enxplique-t-elle en indiquant que dans la réalité  « la monarchie monopolise toujours les pouvoirs, religieux, politiques et économiques qui assurent et consolident l’autorité ultime et suprême du roi Mohamed VI dans le pays ».Concernant le système judiciaire et juridique qui prévaut dans cette monarchie, l’auteure affirme qu’ « il est sous le contrôle du monarque de même que pour la presse, le Makhzen recherche de plus en plus d’une presse complaisante en muselant les voix dissidentes des journalistes ».Elle indiquera à ce sujet que « les autorités marocaines ciblent la presse d’opposition et emprisonnent des journalistes pour des motifs douteux », citant le cas du journaliste Taoufik Bouachrine, éditeur d’Alkhabar El Youm qui purge une lourde peine de prison de 15ans pour de multiples chefs d’inculpations liés à son métier.Idem pour son confrère Soulaimane Raissouni ancien rédacteur en chef du même organe persécuté par le régime marocain pour avoir ouvertement critiqué la corruption du gouvernement et les violations des droits de l’homme et avoir également plaidé en faveur d’une réforme politique.

Elle cite également le cas d’Omar Radi, journaliste d’investigation dont le travail est principalement axé sur la corruption et la violation des droits humains et qui était un ancien militant du mouvement du 20 février et du « Hirak’ du Rif a récemment été condamné à six années de prison pour espionnage ». Il est évident selon elle que « le régime vise à museler la dissidence et à créer une atmosphère générale de peur afin de dissuader les critiques du gouvernement et de forcer l’autocensure ».

Grenier du Kif

Or, le Makhzen a trouvé d’autres moyens, autrement plus insidieux, afin d’étouffer toute forme de dissidence au Maroc et notamment le Rif. Il s’agit du cannabis, dont la consommation a été officiellement légalisée, mais qui a été largement encouragée au sein du royaume. Le Rif marocain d’ailleurs été transformé par le Makhzen par le plus gros centre du production de cannabis au monde.

Dans ce sens le magazine français « Geo » a consacré dans son édition un dossier à la culture du kif dans le Rif marocain. Il rappelle ainsi qu’en 1959, trois ans après l’indépendance du Maroc, les habitants du Rif furent réprimés pour s’être soulevés contre un gouvernement qui les avait exclus. En représailles, leur région fut privée d’investissements quatre décennies durant. Et l’on détourna les yeux de leur moyen de subsistance, explique le magazine.Et en vingt ans, la région, avantageusement située aux portes de l’Europe, est devenue son grenier à kif. Ainsi, le Maroc s’est retrouvé parmi les principaux producteurs et exportateurs de haschisch dans le monde.

Cependant, Abdelatif Adebibe, le dirigeant de la confédération des associations de Sanhaja du Rif, accuse que ceux qui contrôlent ce secteur-là viennent d’autres régions du pays et de l’étranger, et ils financent des gens d’ici. « Ils restent cachés mais profitent de l’argent généré ».Khalid Tinasti, le directeur de la Commission mondiale sur la politique des drogues, confirme: « Le  marché du Rif a totalement changé ces dix dernières années. La production n’est plus entre les mains de petits cultivateurs. Aujourd’hui, des capitaux illicites internationaux investissent directement au Maroc et maîtrisent toute la chaîne de production, jusqu’au trafic vers l’Europe ».

Boubekeur Amrani

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