Alors que la saison 2022-2023 bat son plein : Tourisme saharien : A quand le déclic ?
« Il y a une reprise, certes, mais elle est légère par rapport à ce qu’on s’attendait. Pour la saison du tourisme saharien 2022-2023, il faudra s’attendre à un maximum de 3 000 touristes. Ce chiffre englobe les destinations du Tassili, du Hoggar, du M’Zab…etc. », affirme le président du Syndicat national des agences de tourisme (Snat), Saïd Boukhelifa.
Près de deux mois après le coup d’envoi de la saison du tourisme saharien en Algérie, l’activité des Tours Operators et des agences de voyages peine à retrouver son rythme tant souhaité après une panne sèche qui a duré près de trois années en raison de la crise sanitaire, mais aussi des années de léthargie qui avait marqué cette branche. Inaugurée en grande pompe par le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Yacine Hamadi à partir de la wilaya de Djanet, la saison du tourisme saharien 2022-2023, qui s’étale jusqu’au mois de mai, attire de la clientèle certes, mais le tableau de bord des professionnels qui ont misé sur les destinations du Grand-Sud n’affiche pas, pour le moment, les résultats escomptés. Si le lancement, le 17 décembre dernier, de la première desserte aérienne entre Paris et Djanet est plus que salvatrice pour les touristes qui, autrefois, passaient de longues journées dans les escales, avec autant d’aléas du voyage (retards, annulations, nuitées de plus…etc.), il n’en demeure pas moins que les professionnels du secteur restent sceptiques tant que ce secteur fait encore l’objet de beaucoup de contraintes administratives. Pour le président du Syndicat national des agences de tourisme (Snat), Saïd Boukhelifa, il ne faudra pas s’attendre, dans l’immédiat à une grande reprise. « Il y a une reprise, certes, mais elle est légère par rapport à ce qu’on s’attendait. Pour la saison du tourisme saharien 2022-2023, il faudra s’attendre à un maximum de 3 000 touristes, entre étrangers et Algériens basés en Europe ou ailleurs. Et ceci grâce à la ligne aérienne qui relie directement Paris à Djanet. Et ce chiffre englobe les destinations du Tassili, du Hoggar, du M’Zab…etc. Il ne faut pas espérer plus de 3 000, pour toute la saison ! Beaucoup reste à faire pour espérer arriver à un cap souhaité par les professionnels », a indiqué cet expert international, contacté par nos soins. Pour M. Boukhelifa, « le secteur doit prendre en compte les souhaits des touristes étrangers et les accompagner. Il s’agit également de la formation des accompagnateurs et guides des touristes étrangers dans notre pays en prenant en compte les intérêts et préférences de ces touristes et laisser ces derniers libres de leurs mouvements pour choisir les plans qui leur sied pour mieux découvrir les trésors cachés de notre destination touristique ». Pourtant, le ministre en charge du secteur, M. Hamadi, avait insisté, au début de cette saison, « sur la nécessité de fournir tous les moyens et toutes les facilitations aux opérateurs touristiques en vue de les encourager à attirer les touristes tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, citant, à titre d’exemple, le transport aérien, dont le secteur, œuvre en coordination avec les départements ministériels concernés, à assurer des vols charters vers le Sud ». A ce propos, M. Boukhelifa a indiqué que « la saison saharienne a démarré lentement et avec ses obstacles ». Citant le Festival du tourisme saharien qui s’est déroulé du 9 au 12 décembre dernier à Ghardaia, notre interlocuteur raconte que « 26 invités étrangers, agences de voyages et presse, sont entrés par l’aéroport, après les formalités de la PAF. Arrivés à l’aéroport de Ghardaia, des agents les attendaient pour leur demander leur passeports pour établir des photocopies avant de les leur restituer. Une demie heure de palabres ! Ce sont des comportements anti-tourisme, d’autant plus que ce groupe était encadré par un cadre du ministère du Tourisme et un guide. Alors qu’il suffisait de leur demander discrètement la liste nominative des invités étrangers ». Cette timide reprise est également due aux problèmes liés à la délivrance des visas, à l’absence de promotion constitutionnelle à l’étranger, faute de budget adéquat, explique encore M. Boukhelifa qui déploré que « le budget de certains pays, comme la Tanzanie et l’Éthiopie sont cinq fois supérieurs ! ». Pourtant, développe notre interlocuteur, les atouts touristiques de notre grand Sahara continuent d’impressionner les visiteurs de par le monde entier. « On ne cessera de le dire et de le répéter, que notre Sahara est le plus grand désert au monde, le plus riche et le plus diversifié, sur le plan gisements touristiques. La superficie de l’Ahaggar est égale de celle de la France. Le Tassili N’Ajjer, le Hoggar, les Oasis de l’Erg oriental (El Oued, Touggourt, Ouargla), la Saoura de l’Erg occidental (El Ménéa, Timimoune, Adrar, Erg Echech, Beni Abbes, Kerzaz, Taghit et beaucoup d’autres régions fascinantes mais qui restent encore méconnues », regrette notre interlocuteur qui plaide à beaucoup plus d’ouverture et à déployer le Schéma directeur d’aménagement touristique, horizons 2030, décliné en 2008 lors des Assises nationales et internationales du tourisme algérien qui, selon lui, « demeure une boussole, régions par régions, territoires par territoires, une vision du tourisme moderne et clairvoyante ».
Riad Lamara