Pétrole : Vers une demande record en 2023
La sortie de la politique zéro-covid de la Chine et un retour à la croissance chez ce plus gros importateur de pétrole devrait alimenter la demande mondiale de brut. Si l’Opep s’attend à un retour de la demande aux niveaux prépandémique, l’AIE annonce, elle, une consommation record cette année. En effet, l’Agence internationale de l’énergie qui défend les intérêts des pays consommateurs a estimé hier, dans son rapport mensuel, que la demande de pétrole dans le monde devrait augmenter en 2023 à un niveau record à la faveur du rebond de la Chine déconfinée et des appétits de kérosène avec la reprise du trafic aérien. La demande totale atteindra un niveau « record » de 101,9 millions de barils par jour (mb/j), soit une hausse de 2 millions prévue en 2023 par rapport à 2022, et de 1,4 million par rapport à 2019 avant la pandémie de Covid-19, selon l’AIE qui relève légèrement ses prévisions par rapport à son rapport du mois dernier (101,7 mb/j).La croissance prévue en 2023 est essentiellement dominée par la région Asie-Pacifique (+ 1,6 million de baril de pétrole), et quasiment pour moitié par la Chine (+ 900.000). Le pays qui a abandonné en décembre sa politique zéro Covid jouera ainsi un rôle moteur dans cette croissance avec la réouverture des frontières propice à doper le trafic aérien. L’AIE prévoit que la demande mondiale de kérosène atteindra 7,2 millions de barils par jour (+1,1 million), soit près de 90% des niveaux de 2019.
Loin derrière, la demande en pétrole de la zone OCDE devrait augmenter de 390.000 barils par jour, ce qui est bien en-deçà de la croissance annuelle de 2022 (+ 1,2 million).Du côté de l’offre, les approvisionnements mondiaux sont restés stables en janvier, à environ 100,8 mb/j, selon l’AIE.L’agence s’attend à ce que la production mondiale augmente de 1,2 mb/j en 2023, tirée par les Etats-Unis, le Brésil, la Norvège, le Canada et la Guyane, une croissance toutefois bien inférieure à celle de 2022 (+4,7 millions).
La veille, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a relevé sa prévision de croissance de la demande mondiale de brut pour cette annéeen raison notamment de l’assouplissement par la Chine des mesures liées à la pandémie de COVID-19 et des perspectives légèrement plus optimistes pour l’économie mondiale.La demande mondiale de pétrole augmentera cette année de 2,32 millions de barils par jour (bpj), soit une hausse de 2,3% sur un an, a indiqué mardi l’OPEP dans un rapport mensuel.Cette prévision est supérieure de 100.000 bpj à celle de janvier. »La clé de la croissance de la demande de pétrole en 2023 sera le revirement de la Chine sur ses restrictions de mobilité et l’effet que cela aura sur le pays, la région et le monde », a déclaré l’OPEP dans le rapport.L’OPEP s’attend à ce que la demande chinoise, freinée en 2022 par les restrictions liées au COVID-19, augmente de 590.000 bpj en 2023, contre 510.000 bpj estimé en janvier.L’OPEP est également optimiste sur les perspectives économiques, et a augmenté sa prévision de croissance économique mondiale pour 2023 à 2,6% contre 2,5% le mois dernier.Le groupe table toujours néanmoins sur un ralentissement lié à une inflation élevée et aux nouvelles augmentations des taux d’intérêt.Le rapport indique que la production de pétrole brut de l’OPEP en janvier a diminué de 49.000 bpj pour atteindre 28,88 millions de bpj.
Sur les marchés, les échanges étaient encore soumis à la pression des réserves stratégiques mise sur le marché par les Etats-Unis. Les prix du pétrole déclinaient encore après la décision surprise du gouvernement américain de libérer des millions de barils supplémentaires de sa réserve stratégique et vu une possible accumulation des stocks de brut aux Etats-Unis.Vers 10H10 GMT, le baril de Brentde la mer du Nord pour livraison en avril perdait 1,18% à 84,57 dollars.Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars, reculait de 1,39% à 77,96 dollars.
Chokri Hafed