ANADE : 60% de micro-entreprises fictives !
L’Agence nationale d’appui et de développement de l’entreprenariat a annoncé des mesures pour contrer les tentatives de détournement des aides publiques destinées aux PME via les entreprises fictives.
C’est un chiffre qui donne froid dans le dos. L’Agence nationale d’appui et de développement de l’entreprenariat (Anade) a comptabilisé pas moins de 60% de micro-entreprises fictives ayant souscrit au dispositif d’aide à la création d’entreprises, à l’issue des visites de terrains destinées à vérifier l’efficience de ce dernier. En effet, dans un communiqué répercuté hier soir par la Télévision nationale, l’héritière de la défunte Ansej a annoncé une batterie de mesures pour contrer le phénomène. Des mesures qui ciblent notamment les fournisseurs corrompus qui favorisent la propagation du phénomène.
L’Anadeindique ainsi qu’après avoir le fait le constat que 60% des micro-entreprises qu’elle a comptabilisées sont des entreprises fictives un train de mesures concernant les fournisseurs a été adopté. L’Agence annonce ainsi des poursuites judiciaires à l’encontre de tous les fournisseurs impliqués dans la création de fausses micro-entreprises. Celle-ci précise d’ailleurs que 342 poursuites judiciaires ont été engagées depuis le début du processus d’assainissement du dispositif Anade, et plus de 6 700 mises en demeure été notifiées avant d’engager des poursuites judiciaires.Elle annonce également une actualisation de la liste noire des fournisseurs en y ajoutant tous les fournisseurs dont il a été prouvé qu’ils étaient impliqués dans des pratiques frauduleuses, en leur interdisantdéfinitivement de traiter avec l’Anade. Celle-ci prévoit également de black-lister tous les fournisseurs qui fournissent des équipements non conformes aux spécifications techniques convenues, ainsi que les fournisseurs aux activités multiples. Aussi et afin d’éviter que ce genre de dérives ne se reproduise à l’avenir, l’Anade annonce qu’elle n’acceptera à l’avenir dans les dossiers soumis que les factures de fournisseurs producteurs d’équipements, les distributeurs officiels des entreprises productrices ou les importateurs directs d’équipements.
Il est utile de rappeler qu’au début du mois en cours, l’agence avait annoncé dans un communiqué avoir entamé des visites de terrains pour vérifier et contrôler l’efficacité du dispositif d’aide à la création d’entreprises et d’aide aux jeunes porteurs de projets. Ainsi , sur 22.687 micro-entreprises qui ont bénéficié de l’aide de du dispositif public de soutien aux entrepreneurs, et qui ont fait l’objet de visites, entre le mois de septembre dernier et le 1er février, le nombre de sociétés actives était de 8464. « En revanche, 12.528 PME n’ont aucune existence sur le terrain, alors que 1.448 ont acheté les équipements nécessaires, mais elles ne sont pas en activité », souligne l’ANADE. Selon l’Agence, « l’analyse de ces statistiques vise à assurer une transparence totale de ces financements et garantir un environnement plus propice aux petites entreprises loin des transactions suspectes telles que la surfacturation et le détournement de fonds publics ».
Notons que ces visites font suite à la décision au début de mois de janvier dernier, du ministère de l’Économie de la connaissance, des Startup et des Micro-entreprises d’engager un examen approfondi de la situation de l’Anadeaprès avoir relevé la nécessité de procéder à des changements structurels dans les dispositifs de soutien aux porteurs de projets.Une commission ministérielle présidée par le ministre en chargé du secteur a aussi a conclu à la nécessité d’introduire des « changements structurels au sein de cette agence », en vue d’assurer son passage d’une approche sociale à une approche économique.
Ces réformes interviennent, selon le même ministère, « suite aux nombreux dépassements que l’ANADE a relevé depuis sa création, notamment la propagation du phénomène des projets fictifs et des prestataires corrompus impliqués dans la dilapidation de l’argent public » .
Chokri Hafed