L’urgenced’une planification stratégique par lamaîtrise del’information
Par Abderrahmane Mebtoul
Le président de la publique est en colère titre l’organe officiel, APS, dénonçantl’hydre bureaucratique qui touche certains ministères, wilayas et institutions de l’Etat avecbeaucoup d’activisme et de promesses de responsables,en contradiction avec la réalité duterrain,bloquant ainsi le processus de développement.
Voyez le secteurle commerce. Selon lerapport 2021/2022 du cabinet internationalBloom Consulting, spécialisé en Nation Branding,l’Algérie occupe la 17e place en Afrique et la 109 place mondiale des pays les plus attractifs pour le commerce,ayantperdu 7 places par rapport au précédent classement. La régulation est confondue avec le monopole néfaste selon le Président Tebboune. Il est nécessaire de faire le constat sur le terrain. Avec despénuries régulières, comment se targuer d’avoir une balance commerciale excédentaireen étouffant les entreprises pour leur fonctionnementet le citoyenconfronté à des pénuries interminables avec des hausses de prixde 100 à 200% pour les produitsnon subventionnés comme lespièces détachées. Cette situation est comparable à celle d’un ménagequi réduit sa consommation mais, connaît de nombreuses maladies. Allons voirle système financier dans son ensemble ( banques, douanes, domaine ,fiscalité), et demander la délivrance d’un livret foncier et c’est le calvaire pour le citoyen ; aller faire un projetet c’est les interminables négociations pour obtenir le terrainviabiliséet le financement. Certains responsables oublientleurs déclarations passées. Ils oublient aussi que la population se souvient,elle, de tout. Laconséquence est l’accélération de la rupture Etat/citoyens accentué par l’effritement du système de la communication. Alors qu’avec Internet le monde est devenu une maison de verre,nous assistons à des déclarations contradictoiresdes mêmes responsables à intervalles réguliers.
Plusieurs conseils deministres avec des directives précisesont été consacrés à une meilleure maîtrisedes dépenses et de suivi des projets . Et ceafin d’éviter, selon les données du Premier ministère reprises par l’APS fin 2021,tous cesassainissement répétésdes entreprises publiques (250 milliards de dollars durant les trente dernières années)et les différentes réévaluations ( entre 60/70 milliards de dollars durant les 10 dernières années) qui constituent un gouffre financier.Qu’en est-ilde l’application de ces directives du Président sur le terrain ? Certains ont affirmé en 2022que l’exploitation du fer de Ghar Djebileta commencé alors que les mêmes responsables annoncenten février 2023, que les infrastructuresvont seulement être lancées en 2022/2023etcomme rappelé par uncommuniqué de l’APS, le fer de Ghar Djebilet nécessite de réduire pour sa commercialisation la haute teneur en phosphore.Autre communiqué officiel en 2022 ,le tronçon du gazoducNigeriaEurope Algérie est en voie de réalisation et brusquementon nous annonce en ce mois de février 2023, qu’il esttoujours à l’étude(source APS) et que pour le projet de zinc/plomb,il ne sera pas opérationnel avant 2026.. Où en sontles grands projets structurants qui devaient voir le jour en 2022, du port de Cherchell, de l’exploitation du phosphate de Tebessa :a-t-on signé des contrats fermes avec des partenaires étrangers, une lettre d’intention n’engageant nullement l’investisseur, ou ces projets sont-ils toujours à l’étude?
Pris dans l’euphorie et épaulés parcertains soi-disant experts organiques pour reprendre la formule du philosophe italien Gramsci, des responsables ont avancé10 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures fin 2023, sans ventiler la structureen valeur et en volume par produits de ces exportations et sans dresser la balance devises en devant soustraire le montant des subventionset des matières premières importées en devises. Or,en2022,selon les statistiques officielles de la douane 60 à 70% de ces exportations proviennent des dérivées d’hydrocarbures qui ont connu une flambée de prix au niveau international, représentant en additionnant leshydrocarbures brutes, semi brut et les dérivées98% des entrées en devises du pays.Certains ayant déformé les propos du président de la République qui s’en est tenu à des orientations, ont avancé le doublementdes exportations de gaz (100 milliards de mètres cubes gazeux) oubliantqu’en2022, la consommation intérieure approche les exportations actuelles, vers l’Europe pour 2023, alors que sous réserves de certaines conditions réalisablescela pourrait être entre 2025/2027. Face auprocessus inflationniste non maîtrisé, ce qui a poussé le président de la République à réagir fermement au dernier conseil des ministres, et avecles mêmes pratiques du passé,comment aussi ne pasde rappelerde la période qui a marqué la fin des années 1980 et après la grande pénurie que connaissait le pays après la crise de 1986. Comment ne pas penser à la fois où un Ministre algérien avançait avec assurance, sur la Télévision nationale, que le marché était saturé selon les données en sa possession, la présentatrice lui rétorquant s’il a fait un jour le marché et que la population algérienne ne mangeait pas les chiffres. Comment ne pas se rappeler également qu’un Ministre vers les années 2002,a déclaré officiellementqu’enAlgérie, il n’y a pas de pauvres mais des nécessiteuxet cetteimage de la télévision algérienne en 2015 où, à une question sur le taux de chômage, un Ministre affirmera que les enquêtes donnent moins de 5% de chômage affirmant que l’Algérie est au même niveau des pays développéset qu’un journaliste lui répliqua : êtes-vous sûr de vos données ? Oui, répond le Ministre. Ce à quoi le journaliste répliqua sous l’œil amusé de la présentatrice, non convaincue d’ailleurs, qu’il irait faire un tour dans les quartiers Algérie et qu’il dirait aux chômeurs que dorénavant leur appellation n’est plus chômeur mais travailleur.
En conclusion, le manque de planificationstratégique, fonction d’unsystème d’information fiable en temps réel,peut occasionner à l’Etatdes pertes qui peuvent se chiffrer en dizaines de milliards de dollars, tout en favorisant la mauvaise gestion et la corruption .Il s’agit de ne pas confondre le tout Etat(solution de facilité des bureaucrates en panne d’imagination) avec l’importance de l’Etat régulateur stratégique en économie de marché, mais qui suppose un degré de compétences élevés pour réguler, en ce monde en perpétuel mouvement et dont les effets des tensions géostratégiques actuelles augurent de profonds bouleversements entre 2023 et 2030.
A.M.