Annaba : Le casse-tête des forages illicites
S’il y a un fléau qui prend de l’ampleur depuis quelques années, c’est celui du forage de puits sans autorisation dans la plupart des communes de la wilaya d’Annaba.
L’eau est une denrée qui se raréfie de plus en plus. Si les causes climatiques sont à l’origine du stress hydrique auquel fait face le pays, il n’en reste pas moins que le facteur humain est aussi responsable, dans une certaine mesure, du manque d’eau dans les foyers. Personne n’est dans la capacité d’établir un inventaire détaillé sur le nombre de puits réalisés sans autorisation à travers la wilaya. Ces forages illicites sont exploités illégalement pour alimenter des bains maures, des douches publiques, des stations de lavage de véhicules ou encore pour l’irrigation de terres agricoles, particulièrement en zones rurales. Si quelques-uns de ces puits sont forés dans l’enceinte des demeures des particuliers, à l’effet de subvenir aux besoins des ménages, d’autres sont forés à l’intérieur de certaines entreprises économiques. De nombreux citoyens de plusieurs communes s’interrogent sur le rôle de la direction des ressources en eau pour lutter contre ces pratiques et mettre un terme à ce gaspillage. Une responsabilité qui incombe à la police des eaux. Cet organe est institué dans le cadre de la loi n° 05-12 du 4 Août 2005, relative à l’eau, chargée de contrôler le champ de l’utilisation dans tous les domaines et de lutter contre le gaspillage. Dans le cas présent, il s’agit juste de réactiver la police des eaux pour remédier à une situation qui porte préjudice à la wilaya et qui ne saurait durer sous peine d’hypothéquer les ressources hydriques, notamment dans les zones rurales où, le phénomène prend de plus en plus d’ampleur. Rappelons que la wilaya d’Annabatout autant que les autres wilayas du pays a subi et continue de subir l’impact du stress hydrique et le tarissement des sources d’eau, conséquence directe du réchauffement climatique. En raison de la faible pluviométrie, le taux de remplissage des barragesde Chafia et Meksa dans la wilaya de Tarf reste très en deçà de la moyenne habituelle. Ces derniers convient-il de le souligner, sont les principales sources d’approvisionnement en AEP de la population locale. C’est pourquoi, la direction de l’Algérienne des Eaux (ADE) a décidé de prendre les mesures nécessaires pour faire face à ce stress hydrique. Il convient de signaler d’abord qu’Annaba a connu une grande évolution dans le secteur hydraulique, avec la réalisation de plusieurs projets. Un programme d’investissement a été adopté à court terme pour faire face à un éventuel manque d’eau potable, notamment en période des grandes chaleurs. D’ailleurs, la direction de l’ADE à Annaba a adopté un rationnement de la distribution de l’eau. Cette modification du programme de distribution d’eaupotable touche toutesles communes de la wilaya. La décision a été prise suite à la diminution de la production de la station de traitement de Chaiba (Sidi Amar). Avec ce programme, les ménages ont relativement adhéré à la préservation du liquide précieux en évitant toute forme de gaspillage.Reste, les forages illicites qui demeurentl’autre facteur de l’usage non contrôlé de l’eau, dont l’impact est directement subi par la nappe phréatique. Celle-ci, si rien n’est entrepris pour freiner ces agissements frauduleux, risque de connaître un tarissement, nécessitant des dizaines d’années pour se régénérer.
Sofia Chahine