L’Algérie fixe ses objectifs de transition énergétique : Le pari de l’hydrogène vert
L’Algérie fait le pari de la transition énergétique et de l’hydrogène vert. Le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a déclaré, hier, l’Algérie veut devenir un acteur régional majeur de l’hydrogène vert et en faire facteur stratégique de transition. Il a également annoncé que Sonelgaz œuvre à la réalisation de programmes liés à l’énergie solaire, d’une puissance globale de 15 000 Mégawatts, avant la fin de la décennie en cours. Il a fait état du lancement, à titre expérimental, pour une durée de huit mois, d’une opération de stockage de l’énergie solaire, dans deux stations, à Djanet, pour alimenter la zone en électricité.
Le cap est mis sur les énergies renouvelables. En plus des engagements internationaux en matière de protection de l’environnement et du climat, il est question de la préservation des ressources naturelles pour les générations futures. C’est dans ce sens que le pays mise sur un mix énergétique qui puisse contribuer à relever ces défis. « La politique énergétique de l’Algérie visait à avancer résolument vers la réalisation d’une transition énergétique progressive et responsable », a déclaré, à cet effet, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, à l’ouverture de la 27eJournée de l’énergie, organisée par l’Ecole nationale polytechnique d’Alger, sous le thème : « Changement climatique, sobriété et hydrogène vert ». Une transition énergétique qui passe par « l’adoption d’un mix énergétique diversifié prenant en considération toutes les énergies disponibles, les moins coûteuses et les plus propres tout en bénéficiant des acquis de l’amélioration de la capacité énergétique et en œuvrant à la maîtrise de la consommation de l’énergie pour préserver les ressources naturelles aux générations futures ». Un objectif ambitieux mais réalisable au vu des atouts dont dispose l’Algérie, potentiel mis en avant d’ailleurs même par des partenaires étrangers qui ont exprimé le vœu d’investir dans ce domaine. Le ministre a d’ailleurs rappelé le lancement des premières centrales photovoltaïques, en 2021 et 2022. Le reste des centrales, a-t-il ajouté, « sera mis en service au cours de l’année 2023 pour atteindre une puissance de 505 mégawatts ». « La société Sonelgaz œuvre à la réalisation de tous les programmes, d’une puissance globale estimée à 15.000 Mégawatts, avec un rythme accéléré, à travers plus de 40 wilayas du territoire national, avant la fin de la décennie actuelle », a affirmé Mohamed Arkab. Le ministre a d’ailleurs révélé, en marge de ces journées, le lancement, à titre expérimental, a-t-il précisé, pour une durée de huit mois, « du stockage de l’énergie solaire dans deux nouvelles centrales d’une capacité respective de 3 et 4 mégawatts, exploitées par Sonelgaz au niveau de la wilaya de Djanet, afin d’alimenter ces zones en énergie électrique ». Deux autres localités, Tinzaouatine et In Guezzam, a-t-il cité, vont bénéficier des mêmes installations dans un proche avenir. Il est sans rappeler que Sonelgaz a dévoilé ces derniers jours, le lancement d’un appel d’offres pour la réalisation de 15 centrales solaires photovoltaïques, « d’une puissance unitaire variant entre 80 et 220 MWc pour une puissance totale de 2000 MWc », et ce, pour onze wilayas, des hauts-plateaux et du Sud. L’objectif étant de réduire la production de l’électricité à partir du gaz et du Diesel. C’est dans le même objectif de réduire la consommation des énergies fossiles que l’exécutif encourage l’utilisation des véhicules électriques par exemple. A cet effet, a indiqué Arkab, à titre expérimental aussi, « 1000 bornes de rechargement électriques des véhicules » vont être réalisées prochainement. D’autres mesures ont également été prises, en coordination avec d’autres secteurs, comme celui de l’Industrie, afin d’atteindre l’efficacité énergétique, comme l’encouragement de projets de fabrication de chauffe-bains solaires, lampe LED ou d’isolants thermiques.
Par rapport à un autre segment, le ministre de l’Energie a tenu à rappeler que, à ce titre, « le développement de l’hydrogène vert fait partie des priorités du gouvernement ». « A la fin de l’année passée, une feuille de route a été adoptée, pour développer cette filière, selon les capacités et moyens du pays, pour permettre à l’Algérie d’être un acteur régional principal dans ce secteuret d’ériger l’hydrogène en un facteur stratégique de transition », permettant ainsi au pays de « respecter ses engagements en faveur du climat et son programme de transition énergétique », a-t-il déclaré. La question a dépassé apparemment le stade de la réflexion puisque, selon Abdelhamid Miraoui, responsable de la division hydrogène vert au sein du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), le projet a été « examiné », de même que pour ce qui est de sa « réalisation ». Celui-ci a, par ailleurs, misé sur l’année 2030 pour ce qui est du début de l’utilisation « de manière progressive » de cette énergie en Algérie.
Au-delà du fait que l’hydrogène vert est un moyen pour réussir la transition énergétique, il permettra à l’Algérie de « respecter ses engagements climatiques ». Intervenant durant le même événement, la ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables, Samia Moualfi, a exprimé son souhait que la réalisation de projets, allant dans ce sens, « s’accélère ». Elle a, de son côté, affirmé qu’il est primordial de passer du modèle énergétique actuel vers un autre basé sur le mix énergétique, avec des énergies vertes. Il est question de « garantir, par la transition énergétique, les besoins actuels, sans altérer ceux des générations futures ». Samia Moualfi a indiqué que l’objectif est d’atteindre « un taux de 30% d’énergies renouvelables d’ici 2035 ». « L’objectif ultime étant de garantir un environnement sain, dénué de carbone, en tenant compte de nos engagements internationaux pour ce qui est des changements climatiques », a-t-elle déclaré, avant de rappeler que l’Algérie s’est fixé comme objectif de réduire l’émission des gaz à effet de serre de 7% à l’horizon 2030, dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat (2015). Un taux qui peut être porté à 22%, a-t-elle ajouté, si l’Algérie « obtient un soutien financier international ». Ainsi, d’après elle, en plus du développement des énergies renouvelables, notamment l’hydrogène vert, il faudrait encourager « les investissements dans le tri et la transformation des déchets ». En somme, au-delà des enjeux liés au marché de l’énergie et à la préservation des ressources naturelles pour les générations futures, il est question de contribuer à la limitation des émissions de gaz à effet de serre. Il faut noter, en dernier lieu, que plusieurs thématiques ont été abordées durant cette 27e journée de l’énergie. Il était question du » développement de l’hydrogène vert », de « l’efficacité énergétique » et du « changement climatique ».
Elyas Nour