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Règlement de la crise malienne : Les mouvements du Nord s’en remettent à l’Algérie

Le Cadre stratégique permanent (CSP-PSD), coalition de mouvements politiques et militaires du nord du Mali formée le 6 mai 2021 et qui réunit la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014, a appelé Alger à « consentir ses efforts pour la mobilisation et l’accompagnement de la communauté internationale afin de transcender les difficultés liées à la mise en œuvre de l’accord pour la paix »

Les mouvements politico-militaires du Nord du Mali comptent beaucoup sur l’Algérie pour désamorcer la crise qui couve entre eux et les autorités maliennes de transition. Dans un communiqué rendu public lundi soir, le Cadre stratégique permanent (CSP-PSD), coalition de mouvements politiques et militaires du nord du Mali formée le 6 mai 2021 et qui réunit la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014, a appelé Alger à « consentir ses efforts pour la mobilisation et l’accompagnement de la communauté internationale afin de transcender les difficultés liées à la mise en œuvre de l’accord pour la paix ».La CSP-PSD, rappelle-t-on, se fixe pour objectif de « concrétiser la mise en synergie des efforts en faveur de la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger» et « d’opérationnaliser les mécanismes conjoints de lutte contre l’insécurité sous toutes ses formes afin de garantir la libre circulation des personnes et de leurs biens ». Le rapprochement entre la CMA et la Plate-forme des mouvements du 14 juin 2014 est guidé par un souci commun de faire face à la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel en général et au Mali en particulier, singulièrement dans les régions du Nord du Mali.

Le communiqué signé par son porte-parole, Mohamed Elmaouloud Romadane, revient par ailleurs sur le séjour d’une délégation du CSP-PSD à Alger.  « Sur invitation des Autorités de l’Algérie, Chef de File de la Médiation Internationale, une délégation des mouvements signataires de l’accord pour la paix (CMA- Plateforme-inclusivité) regroupés au sein du CSP-PSD, conduite par son Président Monsieur Alghabass Ag Inatalla, à séjourné à Alger du 20 février au 03 mars 2023 », indique-t-on.  La délégation a été reçue en audience par le président Tebboune. La même source précise que « cette importante rencontre, première du genre avec les responsables des mouvements politico-militaires de l’Azawad, a permis à la délégation du CSP-PSD de lui exposer ses préoccupations par rapport à là situation sécuritaire et l’impasse dans lequel se trouve le processus de paix ».

La délégation, mentionne le communiqué du CSP-PSD, « a obtenu de la part de son excellence monsieur le président, l’assurance d’être entendue et comprise, il a également réitéré l’attachement de l’Algérie à la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger, gage d’une paix durable ». Durant ce séjour à Alger, la délégation du CSP –PSD, ajoute la même source, a tenu avec son le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, « deux réunions fructueuses avec des débats francs et courtois qui ont permis une convergence de points de vue d’une part sur la gravité de la situation actuelle et d’autre part sur la nécessité de la reprise du processus de paix ». Pour ce faire, la CSP-PSD indique avoir soumis aux autorités algériennes un certain nombre de points comme proposition de sortie de crise.

Il est important de le signaler, le communiqué du CSP intervient dans un contexte d’extrême tension entre Bamako et les mouvements politico-militaires de l’Azawad (Nord Mali). Les autorités de transition malienne et les anciens groupes rebelles du nord continuent à s’accuser mutuellement de l’échec de l’application de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger. L’accord signé en 2015 par l’État malien et des groupes loyalistes avec la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a mis fin aux hostilités enclenchées avec l’insurrection de 2012 dans le Nord. Depuis quelques jours, les échanges d’accusations sont même montés en intensité. Le ministre malien de la Réconciliation nationale, le colonel major Ismaël Wagué, a accusé l’un des principaux groupes signataires de violations répétées de l’accord.

De leur côté, les groupes politico-militaires du nord-malien soupçonnent fortement Bamako de vouloir renier ses engagements et de vouloir reconquérir le terrain par la force. Leurs soupçons se fondent sur le fait que les autorités maliennes n’ont pas avancé du tout dans l’application des principales dispositions de l’accord. La situation de blocage a conduit le mouvement à annoncer en décembre suspendre sa participation à sa mise en œuvre. Depuis, une forme de guerre froide s’est instaurée entre les deux anciens belligérants. Les observateurs craignent fortement une aggravation de la crise. D’où l’urgence de sauver l’accord de paix d’Alger.

Khider Larbi

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