Cinq cadres en détentions, 17 autres sous contrôle judicaire : Le complexe El-Hadjar au cœur du scandale
Un nouveau scandale secoue le secteur de l’industrie sidérurgique. A l’issue d’un audit qui a touché la gestion du groupe publique Imetal et de ses filiales, notamment Sider El Hadjar et l’Entreprise nationale de récupération, une enquête a été ouverte laquelle a abouti à la mise en détention de 5 cadres, notamment le P-DG d’Imetal et le P-DG de Sider, tandis que 17 autres cadres ont été mise sous contrôle judiciaire.
En effet, le juge d’instruction près le pôle pénal économique et financier de la Cour d’Alger a ordonné le placement en détention provisoire du PDG du Groupe Imetal, répondant aux initiales de « B. T. », du PDG du Groupe Sider, répondant aux initiales de « A. L. » et de trois autres mis en cause, en plus du placement sous contrôle judiciaire d’autres accusés, dans le cadre d’une enquête sur des faits liés à la corruption, a indiqué hier un communiqué du Procureur de la République près ce pôle. « En application des dispositions de l’article 11 du Code de procédure pénale, le parquet de la République près le Pôle pénal économique et financier informe l’opinion publique qu’une enquête préliminaire sur des faits de corruption a été ouverte, suite à un rapport qui lui est parvenu concernant des dépassements dans la gestion du Groupe public des industries métallurgiques et sidérurgiques (Imetal), complicité pour détournement de fonds publics, passation de marchés et de contrats en violation des lois et réglementations au niveau des deux principales filiales du Groupe à savoir le Complexe sidérurgique d’El Hadjar (Sider El Hadjar) et l’Entreprise nationale de récupération (ENR), en vue d’octroyer des indus-avantages à autrui, ce qui a causé la réduction de la capacité de production du Complexe dont les infrastructures sensibles ont été affectées, ainsi que les arrêts fréquents de la chaîne de production et des dégâts financiers tant pour le groupe que pour le Trésor public », lit-on dans le communiqué. « Après finalisation de l’enquête par la Brigade centrale de lutte contre les crimes économiques et financiers au Service central de lutte contre le crime organisé de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), il a été procédé en date du 12/03/2023 à la présentation des parties concernées devant le parquet qui a ordonné l’ouverture d’une instruction judiciaire contre 22 mis en cause et toute personne dont l’implication sera établie par les résultats de l’enquête, et ce pour les chefs d’inculpation de détournement de fonds publics, abus de fonctions, passation de marchés et de contrats en violation des lois et réglementations en vue d’octroyer des indus avantages à autrui, blanchiment d’argent et enrichissement illicite », ajoute la même source. « Après audition des accusés, Monsieur le juge d’instruction près le Pôle pénal économique et financier a ordonné le placement en détention provisoire de 5 mis en cause répondant aux initales de « B.T. », PDG du groupe Imetal, « A.L. », PDG du groupe Sider, « F. K. », Secrétaire de wilaya du syndicat (UGTA, NDLR) de Annaba, « A. M. Ch. », ancien Directeur des ressources humaines à Sider El Hadjar, actuellement Directeur-adjoint chargé de l’Adminisrration, « K. F. », Directeur de l’unité de Annaba relevant de l’ENR, et le placement sous contrôle judiciaire des autres accusés », conclut la même source.
Comme nous l’annoncions dans notre édition de jeudi, cette instruction fait suite à une enquête qui a abouti à une série d’interpellations et perquisitions opérées dans les bureaux et domiciles des prévenus. Par ailleurs, on apprend qu’à l’issue de cette même enquête, il a été procédé, jeudi dernier au gel des comptes bancaires domiciliés la Banque extérieur d’Algérie (BEA) du Groupe Imetal, du Groupe Sider, du Complexe sidérurgique Sider El Hadjar ainsi que des comptes du comité de participation(CP). Une mesure décidée sur la base des investigations déclenchées par le service central contre le crime organisé de S’Haoula à Alger. Selon certains observateurs, cette affaire n’est que l’arbre qui cache la forêt. L’enquête, nous explique-t-on, a été motivée par les résultats médiocres obtenus après les processus de réhabilitation du complexe, malgré les multiples plans d’investissement mis en place par l’État.
Des arrêts répétitifs du Haut fourneau
Selon ces observateurs, tous ce que le complexe de Sider El Hadjar à subi et continu de subir est l’œuvre orchestrée par la mafia financière et industrielle à l’intérieur et à l’extérieur du complexe. On nous explique de source interne que les opérations de déstabilisation, les vols et actes de sabotage ainsi que le maintien de turbulences et tension permanente au sein du complexe était un moyen de se frayer une brèche pour permettre une gestion des fonds que l’État ne cesse d’injecter dans le complexe, aujourd’hui mise en doute. Des fonds pour la plupart dépensées entre autres, à l’achat du combustible pour le fonctionnement du HFn°2, le plus souvent à l’arrêt ou mis en veille. Des situations occasionnant d’importants préjudices financiers en raison de l’arrêt de la production. À cela s’ajoutent-les vols à répétitions dans les unités de productions. Tantôt ce sont des disjoncteurs qui disparaissent des magasins de l’usine, tantôt se sont des milliers de km de câbles d’alimentations électriques qui sont volés par des inconnus ! Au final c’est la production du complexe qui est à chaque fois compromise, au sein d’une tension permanente parmi les travailleurs qui brandissaient à chaque fois la menace de grève. Autre dossier qui suscite les interrogations celui de la gestion des déchets ferreux abandonnés dans les parcs du complexe. Des déchets pouvant alimenter le complexe en minerai de fer plusieurs mois… Des faits sur lesquels l’audit dépêché sur instruction de la présidence de la République s’est penché au cours des dernières semaines.
Sofia Chahine