Il a touché 11 portefeuilles ministériels : Les enjeux d’un remaniement
Le président de la République a opéré jeudi un vaste remaniement dans son Exécutif. Pas moins de 11 portefeuilles ministériels ont été concernés, dont deux de souveraineté. Un remaniement qui engendre un Exécutif résolument plus technocratique, qui trouve sa justification dans l’éviction de certains ministres dont l’action laisse franchement à désirer. Un changement qui peut aussi cacher des enjeux politiques, car marqué par l’éviction de l’ensemble des ministres issus du FLN, et de la quasi-totalité des ministres d’El-Moustakbal.
Le remaniement gouvernemental était dans l’air depuis quelques jours et le départ de certains ministres était d’ailleurs prévisible au regard de leur bilan et des dernières déclarations du président de la République qui a affiché son mécontentement quant à la gestion de certains secteurs et de l’interprétation « erronée » de certaines de ses orientations, d’autres étaient moins attendues. En ce qui concerne les ministères de souveraineté, c’est le départ de Ramtane Lamamra qui a le plus marqué les esprits. Il est vrai que l’action de ce diplomate chevronné à la tête du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger depuis sa nomination en 2021 a permis de remettre de l’ordre dans la diplomatie et la politique étrangère algériennes. Cependant, son absence depuis quelques jours, laissait prévoir un départ, même si les raisons n’en pas été dévoilées. En tout état de fait, Lamamra est remplacé par un autre diplomate chevronné, Ahmed Attaf qui a eu au diriger le MAE sous la présidence de Liamine Zeroual. Au sein du second ministère de souveraineté concerné, à savoir celui des Finances, Djamel Kassali cède la place à Laaziz Fayed, qui occupait jusque-là le poste de directeur général du budget au niveau de ce département ministériel.
Au registre des départs attendus, ce changement a été grandement marqué par le départ Kamel Rezig qui quitte le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations. Un départ qui fait date d’autant plus que Rezig avait su jusque-là résister aux critiques quant au dysfonctionnement flagrant du marché qu’il n’arrivait à contenir et aux polémiques entretenues par ses déclarations tonitruantes au point de faire figure de ministre inamovible. Il est remplacé par Tayeb Zitouni, secrétaire général du Rassemblement national démocratique et accessoirement DG de la Société algérienne des foires et expositions. Le nouveau premier responsable du secteur du Commerce aura à gérer certaines urgences, notamment en ce qui la déstructuration du marché national et qui alimente des problèmes d’approvisionnement et de régulation des prix. Celui-ci semble s’inscrire dans la même ligne que son prédécesseur. Hier, après sa prise de fonction, le nouveau ministre a « averti tous ceux qui tentent de mettre en péril les vivres des Algériens et de déstabiliser le pays », affirmant que « c’est là une ligne rouge à ne pas franchir, et que l’Etat sévira contre les auteurs de tels agissements ». L’autre ministre dont le départ n’étonne guère est celui de la Numérisation et des Statistiques, Hocine Cherhabil. Le mécontentement affiché par le Chef de l’État en ce qui concerne le rythme du processus de numérisation motive largement ce changement. Il est remplacé par Meriem Benmiloud, une technocrate qui occupé plusieurs postes liés aux systèmes d’information au sein du ministère des Finances. Autre départ qui marque les esprits, celui de Kamel Beldjoud. Longtemps ministre de l’Intérieur, avant d’être nommé à la tête du département des Transports lors du remaniement du mois de septembre dernier, il ne survivra pas à ce nouveau changement et est remplacé par Youcef Cherfa qui était jusque-là aux commandes du département du Travail. Un ministère confié à son tour à Fayçal Bentaleb, nommé depuis juin 2022 directeur général de la Caisse nationale des assurances (CNAS).
Un Exécutif sans ministres FLN !
Mais le fait à retenir est l’éviction de l’ensemble des ministres FLN de l’Exécutif. Des ministres qui ont d’ailleurs été remplacé par des technocrates. C’est le cas du ministre de l’Industrie Ahmed Zeghdar dont le département a été fusionné avec celui des productions pharmaceutiques est confié à Ali Aoun. Samia Moualfi a été remplacé par Fazia Dahleb, en tant que ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables alors qu’Ahmed Bidani, a été nommé ministre de la Pêche et des Productions halieutiques à la place de Hichem Sofiane Salaouatchi. Des changements qui alimentent des interrogations sur la situation du FLN sur la scène politique, lequel peine déjà à organiser son congrès. Idem pour le parti d’Abdelaziz Belaid qui ne concerne qu’un seul portefeuille au sein de l’Exécutif, celui des relations avec le Parlement que conserve Basma Azouar, tandis qu’il perd celui de la transition énergétique, département fusionné avec celui de l’environnement et celui du Tourisme avec le départ de Benziane Attou et de Yacine Hamadi. Notons enfin que que le Président de la République a, en outre, nommé M. Abdelaziz Khellaf, ministre d’Etat, Conseiller auprès du Président de la République et M. Mohamed Nadir Larbaoui, directeur de Cabinet à la Présidence de la République.
Chokri Hafed