Stabilisation du marché de la viande : La cadence s’accélère
Pour parer à un déficit de 10 millions de têtes de bétail, l’Algérie a eu recours à l’importation de viande fraîche et de 10.000 têtes de veau pour stabiliser le marché. L’opération de vente de la viande importée à travers le réseau de l’opérateur public Alviar a été lancée hier, pour infléchir les prix sur le marché, tandis qu’un second lot 2500 têtes bovines pour abattage a été réceptionné.
En effet, ministère de l’Agriculture et du Développement rural a annoncé hier dans un communiqué d’un deuxième lot de 2500 têtes bovines pour abattage en provenance du Brésil est arrivé, dimanche et dont la viande sera commercialisée au prix de 1200 DA/kg.
« Dans le cadre de l’approvisionnement du marché de viandes rouges et sous la supervision du ministère de l’Agriculture et du Développement rural de l’opération d’importation de veaux à travers l’Algérienne des viandes rouges (ALVIAR), un deuxième bateau chargé de 2500 têtes bovines pour abattage en provenance de l’Amérique latine (Brésil) est arrivé dimanche 2 avril 2023 en vue de commercialiser la viande au prix de 1200 DA/kg et permettre ainsi aux consommateurs de l’acheter à des prix raisonnables », précise la même source.
Un troisième bateau chargé de plus de 3000 têtes bovines pour abattage arrivera en provenance du même pays, a fait savoir le ministère qui a indiqué que « les viandes rouges fraiches et importées de la République démocratique du Soudan seront commercialisés dans les grandes surfaces et les points de vente relevant de l’ALVIAR à partir de dimanche 2 avril 2023, en attendant la réception régulière d’autres cargaisons ».
Dans ce contexte le Président directeur général d’Alviar Lamine Derradji a indiqué hier sur les ondes de la Radio algérienne que les quantités importées sont essentiellement des viandes bovines. Il a expliqué que cette opération intervient dans le cadre du programme d’importation de viande et de cheptel destiné à l’abattage pour répondre à la demande du marché local et préserver le cheptel national en déclin.
Supprimer les intermédiaires
Le groupe public a déjà procédé à l’importation de viandes fraiches et de veaux destinés à l’abattage de plusieurs pays dont le Brésil et l’Argentine avec pour objectif d’alimenter le marché locale et faire baisser les prix de la viande qui dépassent les 2.600 DA le kilogramme. Dans ce cadre, il a rappelé qu’Alviar avait signé des conventions avec 12 opérateurs pour la distribution des viandes rouges durant le mois de Ramadhan à un prix 1.200 DA le kilos. « Ce réseau de distribution couvre actuellement 50 wilayas avec 560 points de ventes dont 80 points de vente au niveau de la capitale », a-t-il fait savoir. Le PDG d’Alviar a affirmé que les opérations d’importations des viandes rouges qui devraient se poursuivre même après la période du ramadan, ont été décidées après le dernier recensement du cheptel national qui a révélé un déficit en production animale. « En effet, les dernières statistiques de 2022 ont révélé que le cheptel ovin ne dépassait pas 18 millions de têtes alors que les vielles statistiques de 2001 parlaient de 30 millions de têtes », a-t-il argué, estimant que les Algériens consomment 55.000 tonnes de viande/an. L’équivalent d’une facture de 400 milliards de dinars dont une partie est absorbée par le circuit informel. Un prochain recensement sur l’activité agricole global, annonce Lamine Daradji, va renseigner sur les réels potentiels de l’Algérie permettant de situer et « éliminer les intermédiaires » par la création des coopératives à partir desquelles on peut projeter une réelle production animale qui ne dépasse, présentement, le cap de 10.000 tonnes au nord en plus des 4.000 tonnes de la viande du sud, importée par troc des pays voisins. Il a souligné que cette réalité a poussé les pouvoir publics à adopter une nouvelle stratégie pour relancer le développement de la filière viande rouge et préserver les races propres à l’Algérie telles la race El-Hamra et Ouled Djellal. « Plusieurs réunions ont été organisées avec les professionnels de la filière pour relancer ce patrimoine et reconstituer le cheptel national », a-t-il fait savoir, affirmant que la relance de la filière implique le développement des zones de pâturage, ainsi que la production de l’aliment de bétail. Par ailleurs, il a mis en avant le rôle des fermes pilotes d’élevages dans le développement de la filière. « Nous avons fait des expériences dans la wilaya de Tiaret pour la production de 5.000 brebis et nous souhaiterions répercuter cette expérience au niveau des autres wilayas », a-t-il souligné.
Chokri Hafed