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Un négociateur de la paix en 1998 appelle à l’entente : L’Irlande du Nord à nouveau face à ses vieux démons

Le sénateur américain qui a négocié la paix en Irlande du Nord en 1998 a appelé hier les dirigeants politiques de cette province britannique, dont le gouvernement local est bloqué par les divisions, à trouver un nouveau compromis qui servira d’exemple au monde. George Mitchell, lors d’une conférence pour le 25e anniversaire de l’accord du Vendredi Saint à la Queen’s University de Belfast, a raconté l’ambiance dans la salle de négociations, y compris les insultes, en ce mois d’avril 1998. «Quand vous avez approuvé l’accord, vous parliez aussi aux Israéliens et aux Palestiniens, aux Colombiens, aux Africains, aux Asiatiques, aux Américains », a rapporté l’ancien émissaire du président américain Bill Clinton (1993-2001). « Vous parliez en réalité au monde. C’est un accord pour la paix et le futur, pas seulement ici, mais partout. (…) Nous vivons dans une époque de fracture. Nous avons besoin de vous », a déclaré George Mitchell, âgé de 89 ans. « Nous avons besoin de gens qui croient, qui pensent que l’impossible est possible. Ne laissez pas cela s’échapper ». George Mitchell a appelé les actuels et futurs leaders d’Irlande du Nord à agir « avec courage » afin de trouver « des réponses pratiques aux problèmes d’aujourd’hui, pour préserver la paix ». Négocié avec une active participation américaine, l’accord de paix signé le 10 avril 1998 a mis fin à trois décennies d’affrontements meurtriers entre unionistes, surtout protestants, et républicains en majorité catholiques, avec l’implication de l’armée britannique (3.500 morts). Mais les institutions autonomes et partagées, l’un des grands acquis de cet accord, sont bloquées depuis plus d’un an. Le DUP, le principal parti unioniste, refuse d’y participer en raison du statut particulier hérité du Brexit. L’actuel président américain Joe Biden, qui était mercredi dernier à Belfast pour l’anniversaire des accords de paix, a lui aussi appelé les forces politiques locales à surmonter leurs divisions pour mettre fin à la paralysie des institutions. Mais les unionistes lui ont opposé une fin de non-recevoir, l’accusant de partialité. L’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton était également présente à la conférence. « Vous êtes un exemple pour le monde entier de la façon dont même les adversaires les plus acharnés peuvent surmonter leurs différences pour travailler ensemble pour le bien commun », a-t-elle déclaré. « J’encourage tout le monde à aller de l’avant avec la même détermination (…) que celle qui a permis d’instaurer la paix il y a 25 ans ».

R.I.

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