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Annaba : Menace sur la plus grande zone humide salée d’Algérie

 Bien qu’inscrit sur la liste Ramsar depuis 2002, le lac Fetzara est aujourd’hui menacé par le béton, en raison de l’extension urbaine, notamment du nouveau pôle urbain d’El Kalitoussa dans la daïra de Berrahal.

 Cette poussée effrénée du béton menace non seulement la plus grande zone humide d’Algérie et d’Afrique du nord mais, aussi, tout un écosystème. En effet, l’avancée du béton n’a pas été sans conséquences sur l’hydro- système local, qui comprend la zone humide et le lac Fetzara, dont leur dégradation de l’éco-système se poursuit, en l’absence de mesures de conservation urgentes dans le cadre d’une stratégie de développement durable de ce territoire. D’une superficie de plus de 5.500 hectares, la plus grande zone humide salée d’Afrique du Nord, le lac Fetzara, située à environ 20 km du chef-lieu de la wilaya d’Annaba, est de plus en plus menacée par le béton. Un constat désolant relevé par l’Association nationale de la protection de l’environnement et de la lutte contre la pollution (ANPEP), entre autres. Celle-ci qui sonne le tocsin et interpelle le ministère de l’Environnement à prendre les mesures nécessaires pour sauver ce qui peut l’être dans cette zone hautement stratégique et surtout vulnérable. L’un des plus importants espaces migratoires et d’hibernation est livré à l’agression quotidienne de l’Homme, devant la passivité et l’indifférence des autorités locales. Cette zone humide se caractérise par une très importante fréquentation d’oiseaux migratoires. Chaque hiver plus de 30.000 espèces d’oiseaux migrateurs viennent pour y nidifier et se reproduire tout autant que de nombreuses autres espèces animales aquatiques et subaquatiques. Les membres de l’association luttent pour l’application des dispositions de différentes conventions ratifiées par l’Algérie, dont Ramsar, dont le non-respect représente une menace sérieuse à la faune et la flore des zones humides. Il faut rappeler que la convention Ramsar représente le cadre de l’action nationale et de la coopération internationale pour la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources. Négocié tout au long des années 1960 par des pays et des organisations non-gouvernementales préoccupés par la perte et la dégradation croissantes des zones humides qui servaient d’habitats aux oiseaux d’eau migrateurs, le traité a été adopté en 1971 et est entré en vigueur en 1975. Les inquiétudes de la société civile concernent en premier lieu l’extension des zones urbaines aux dépens des zones naturelles. À relever que les eaux du lac Fetzara dérivent des oueds El Hout, El Mellah, Zied et El Aneb, ainsi que celles qui se déversent le long des pentes périphériques. Durant la saison pluvieuse, l’eau remonte jusqu’à la côte de douze mètres du niveau du centre du lac. La superficie submergée en hiver est de l’ordre de 5.800 hectares, ce qui peut atteindre le site d’implantation du projet de Draâ Errich, entre autres. Les autorités compétentes devraient s’atteler à trouver des solutions afin de protéger ce patrimoine naturel. Surtout si l’on tient compte des informations recueillies auprès des professionnels de l’urbanisme. Des informations qui font croire à une « catastrophe urbanistique annoncée », en raison du choix du site d’implantation de la nouvelle ville de Draa Errich et d’El Kalitoussa, qui nous dit-on, n’a pas fait l’objet d’une vision stratégique mais aurait été dicté par la disponibilité foncière à accueillir un programme de cette envergure. Situation qui, nous –t-on précisé a contribué à la fragilisation et la vulnérabilité de cette zone humide qu’est le lac Fetzara.

Sofia Chahine

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