Ukraine : Le groupe Wagner écarte sa menace de quitter Bakhmout
Le chef du groupe paramilitaire Wagner a affirmé dimanche avoir eu « la promesse » de Moscou de recevoir plus de munitions et d’armements pour continuer à combattre dans la ville ukrainienne de Bakhmout, après avoir menacé de s’en retirer. Vendredi, Evguéni Prigojine, dans une vidéo où il apparaissait furieux contre la direction de l’armée russe, avait juré que ses troupes partiraient de Bakhmout, épicentre des combats en Ukraine, si elles ne recevaient pas plus de soutien. « Cette nuit, nous avons reçu un ordre de combat (…). On promet de nous donner toutes les munitions et les armements dont on a besoin pour poursuivre les opérations », a indiqué M. Prigojine dans un message audio publié dimanche par son service de presse. « On nous jure que tout le nécessaire sera fourni à nos flancs (autour de Bakhmout, NDLR) pour que l’ennemi ne les perce pas et on nous dit qu’on peut agir à Artiomovsk (nom soviétique de Bakhmout) comme on l’estime nécessaire », a-t-il ajouté. Le patron de Wagner accuse depuis des mois l’état-major russe de ne pas fournir suffisamment de munitions à ses hommes, pour les priver d’une victoire à Bakhmout, qui ferait de l’ombre à l’armée régulière.
Dimanche, Evguéni Prigojine a aussi affirmé que le général Sergueï Sourovikine prendrait désormais « toutes les décisions concernant les opérations militaires de Wagner en coopération avec le ministère russe de la Défense ». Le général Sourovikine avait été nommé en octobre commandant des forces russes en Ukraine, à la grande satisfaction d’Evguéni Prigojine, et avait coordonné le retrait de l’armée russe de la ville de Kherson. Mais il a été remplacé en janvier à ce poste par le général Valéri Guerassimov, le chef d’état-major des armées, très régulièrement critiqué par le patron de Wagner.
Les autorités russes ont annoncé vendredi des évacuations partielles dans 18 localités occupées de la région ukrainienne de Zaporijjia (sud), notamment dans la ville d’Energodar, où vivent la plupart des employés de la plus grande centrale nucléaire d’Europe. « La situation dans la zone proche de la centrale nucléaire de Zaporijjia devient de plus en plus imprévisible et potentiellement dangereuse », s’est alarmé samedi le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi. A l’arrière du front, la Russie est frappée ces derniers jours par une vague d’attaques imputées par Moscou à l’Ukraine, qui dément ou ne commente pas.
Une attaque de drones présumée a frappé mercredi un bâtiment du Kremlin à Moscou, le coeur du pouvoir russe. Samedi, un célèbre écrivain russe nationaliste soutenant l’attaque en Ukraine, Zakhar Prilépine, a été blessé dans l’explosion de sa voiture dans la région de Nijni Novgorod, qui a tué son chauffeur. Après avoir été opéré, l’écrivain se trouvait dans un état est « stable » et son humeur était « vigoureuse », a indiqué dimanche le gouverneur régional. Parallèlement, la Russie a affirmé dimanche avoir repoussé une attaque nocturne d’une dizaine de drones contre Sébastopol, le port d’attache de la flotte en russe en mer Noire. Les services de sécurité (FSB, héritiers du KGB) ont, eux, affirmé dans la journée avoir fait échouer un « sabotage terroriste » avec des drones, fomenté par Kiev, contre une base aérienne de la région d’Ivanovo.
« Dans la nuit, la défense antiaérienne et les systèmes de combat radioélectronique ont repoussé une nouvelle attaque contre Sébastopol », a indiqué Mikhaïl Razvojaïev.
Depuis juillet dernier, Kiev essaie régulièrement d’attaquer avec des drones Sébastopol, la base principale de la Flotte de la mer Noire, ainsi que d’autres sites en Crimée.
La dernière attaque en date a eu lieu le 6 mai, quand au moins deux missiles balistiques Hrim-2 ont été interceptés par la défense antiaérienne russe au-dessus de la Crimée, selon les autorités de la région. Aucun blessé ni dégât n’a été rapporté. Le 29 avril, une attaque de drone a provoqué un incendie dans un dépôt de pétrole à Sébastopol.
R.I.