Une guerre « d’extermination planifiée » contre le peuple algérien désarmé
Les massacres du 8 mai 1945 constituaient une guerre d' »extermination planifiée » contre un peuple désarmé et une « étape charnière » dans l’histoire du mouvement national ayant marqué le passage de l’action politique à la lutte armée, ont affirmé plusieurs historiens et chercheurs en histoire. A ce propos, l’enseignant chercheur, Amer Rekhila a estimé qu’en raison de « la grande conscience politico-sociale ayant prévalu au sein de la société algérienne dans les années 40 », le peuple algérien a été « victime de la barbarie de l’occupant français qui a commis l’un des massacres les plus abjects contre l’humanité, le 8 mai 1945 ». « Ces massacres n’étaient qu’une guerre pour éliminer le plus grand nombre d’Algériens », a-t-il indiqué, ajoutant qu’il s’agissait d’un « tournant décisif dans le processus du mouvement national », ayant renforcé la conviction des Algériens quant au passage impératif à l' »action directe ». Le même enseignant a rappelé « la banalisation par l’occupant français de ces massacres », en minimisant le nombre de victimes (ne dépassant pas les 1.200 victimes selon les estimations françaises), alors que les rapports algériens font état de plus de 45.000 martyrs, et en limitant la zone géographique de ces massacres à 3 villes (Sétif, Guelma et Kharrata), tandis qu’ils ont touché « l’Est algérien, s’étendant jusqu’en Kabylie, à l’Ouest et aux portes du Sahara ». De son côté, le chercheur et Moudjahid, Aissa Gassimi, a mis en avant l’importance de cette étape charnière dans l’histoire du mouvement national, en tant que « tournant décisif », à travers le passage de la lutte politique à « la maturation de l’idée de la lutte armée », en vue de faire face à l’occupant, en recourant aux mêmes méthodes, à savoir « les armes et l’action sur le terrain ». « La France coloniale avait, à travers les massacres perpétrés à l’encontre du peuple algérien sans défense, pour objectifs le remplacement de la population autochtone par des colons européens », a-t-il fait savoir, ajoutant que le colonisateur n’a pas réussi à mettre en œuvre son plan diabolique, dévoilant ainsi son visage hideux au grand jour ainsi que « ses pratiques viles et sournoises ». L’enseignant universitaire (Université de Tipaza), Dahmane Touati a estimé, quant à lui, que l’atrocité des massacres commis par le colonisateur français constituaient « un crime odieux contre l’humanité », notamment en raison de l’utilisation d’avions et de navires de guerre pour détruire des villages et des maisons en terre. « Les grands changements induits par la seconde Guerre mondiale et leur impact sur la conscience politique en Algérie étaient à l’origine du recours par le colonisateur français aux massacres », a-t-il soutenu. Il a cité à cet effet la capitulation de l’armée française après l’arrivée des forces allemandes à Paris, qui avait relevé « le niveau de conscience de l’élite politique et du peuple algériens », attisant ainsi la rébellion contre la France coloniale, anéantie à la fin de la seconde Guerre mondiale ». M. Touati a souligné que le colonisateur effrayé par cette prise de conscience avait opté pour les méthodes les plus barbares de répression contre le peuple algérien et avait commis des crimes et des massacres odieux ayant accéléré le passage de l’action politique à la lutte armée.
APS