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L’Algérie ambitionne de jouer un rôle économique central : Un pivot de l’intégration africaine

L’Algérie est résolument tournée vers sa profondeur africaine. Au-delà de son redéploiement politique et diplomatique sur le continent, l’Algérie ambitionne de jouer un rôle actif sur le plan économique et commerciale et pousser vers une plus grande intégration africaine et plus d’investissements structurants sur le continent noir.

C’est dans ce contexte que s’inscrit la 9e édition du Forum africain sur l’investissement et le commerce qui devrait s’ouvrir aujourd’hui à Alger. Une rencontre qui verra la participation de 650 opérateurs économiques de différentes nationalités et devrait se pencher deux jours durant sur les opportunités d’investissement et de commerce en Afrique. Une rencontre qui devrait aussi être marquée par la participation d’experts de plusieurs organisations et centres régionaux et internationaux, ainsi que de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), à laquelle l’Algérie a adhéré en tant que pays membre en juillet 2022. Une banque qui « jouera un rôle de premier plan en matière de promotion des exportations entre les pays africains et d’octroi de garanties aux exportateurs pour le transfert de devises », a dans ce sens expliqué le P-DG du Centre arabo-africain d’investissement et de développement (CAAID), Amine Boutalbi. La rencontre qui se tiendra sous le thème  « La porte africaine de l’Industrie, de l’Agriculture et du Commerce »  verra la signature de 30 accords et l’organisation de plus de 400 rencontres bilatérales (B to B) entre des entreprises algériennes et étrangères dans le but de conclure des partenariats dans divers domaines et d’attirer les investissements étrangers en Algérie, « notamment dans le cadre des facilités accordées par le nouveau code de l’investissement », explique encore l’organisateur.

Elle devrait surtout se pencher sur les opportunités offertes par la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) dans la promotion des investissements et du commerce intra-africain. Une Zone qui permettrait de concrétiser l’intégration économique africaine et de mettre à profit les synergies existants entre les pays de continent, non seulement pour permettre une hausse sensible du PIB de l’Afrique qui s’impose aujourd’hui comme principal relais de croissance, mais aussi d’en faire une véritable puissance économique.

Imposer l’Afrique en tant que puissance économique

Il est utile de rappeler dans ce contexte que le FMI a estimé dans un récent rapport que la mise en œuvre de la Zlecaf pourrait permettre une hausse de plus de 50% des échanges commerciaux entre les pays du continent. Selon le FMI, la Zlecaf permettrait à l’Afrique de s’imposer sur les échanges avec le reste du monde avec une hausse des exportations de 29% et des importations de 7%. La conséquence serait une hausse « de plus de 10% » du PIB réel médian par habitant. Elle permettrait ainsi à l’Afrique reprendre la main sur les ressorts de son économie et de son commerce et de s’imposer en véritable puissance économique.

Et l’Algérie entend jouer un rôle actif dans l’intégration économique africaine, en offrant des rapport plus équilibrés et assis sur une approche gagnant-gagnant. Au-delà de la multiplication des accords de coopérations pour promouvoir les échanges en matière d’investissement et de commerce, l’Algérie a entrepris une démarche pour l’ouverture de plusieurs corridors pour irriguer l’économie du continent et relier le bassin méditerranéen à l’Afrique subsaharienne et l’Afrique de l’Ouest. C’est justement de ce contexte que de nouvelles lignes maritimes ont été ouvertes en direction de la Mauritanie et du Sénégal, en sus du projet de réalisation d’une nouvelle route terrestre reliant Tindouf à Zouerate en Mauritanie pour stimuler les échanges. Des projets ont également été engagés pour connecter l’Afrique subsaharienne à la Méditerranée à travers le Sahel, afin de désenclaver ces régions, et stimuler la croissance économique susceptible et lutter contre la pauvreté dans ces régions. C’est dans ce contexte que s’inscrit le Gzoduc transsaharien qui doit permettre de faire parvenir le gaz nigérian vers l’Europe, et permettre un accès à l’énergie dans plusieurs pays de la région sahélienne. D’ailleurs, au cours de l’année 2022, le ministre de l’Energie et des mines, Mohamed Arkab et le ministre d’Etat nigérian des Ressources pétrolières, Timipre Sylva, ont tenu plusieurs réunions dans le cadre du projet du gazoduc Algérie-Niger-Nigeria (Trans-Saharan Gas-Pipeline, TSGP), en plus d’une concertation permanente dans le cadre de l’alliance Opep+ et l’Organisation des producteurs africains de pétrole (APPO). Et afin de sceller l’accord pour la réalisation de ce méga projet, un mémorandum d’entente a été signé en juillet dernier à Alger à l’issue de la 3e réunion ministérielle tripartite Algérie-Niger-Nigeria. Les études de réalisation de ce gazoduc sont à un « stade très avancé », il ne reste que 1.800 sur 4.000 km à réaliser de cette structure. Par ailleurs, l’Algérie et le Nigeria se sont engagés à réaliser d’autres projets importants, dont la route transsaharienne et la dorsale transsaharienne à fibre optique. S’agissant du projet de la route transsaharienne, elle est entrée dans sa « dernière phase » de réalisation, a précisé la Banque africaine de développement (BAD), dans un récent rapport, qualifiant cette route « d’essentielle à l’avènement de la ZLECAF ». D’une langueur de près de 10.000 kilomètres, dont plus de 8.000 km sont actuellement bitumés et livrés, la route transsaharienne traversera 6 pays, à savoir l’Algérie, la Tunisie, le Niger, le Mali, le Tchad et le Nigéria. Quant au projet de la dorsale transsaharienne à fibre optique, il s’agit d’une ligne réalisée en parallèle avec la route transsaharienne, d’une longueur de 4.500 kilomètres. L’Algérie et le Nigéria se sont engagés d’apporter tout leur soutien à la réalisation de cette dorsale, lors de la dernière session du Comité chargé de la réalisation de cette liaison, tenue en juillet dernier.

Hocine Fadheli

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