Les Grecs aux urnes dimanche : Vers un Parlement fragmenté
Aucun parti ne semble en mesure d’obtenir la majorité absolue lors des élections législatives de dimanche en Grèce, ce qui devrait ouvrir la voie à des tractations difficiles en vue de former une coalition, voire à un second scrutin, probablement début juillet. Le parti conservateur au pouvoir, Nouvelle démocratie, dirigé par le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, est crédité par les sondages de 32 à 37% des voix devant le parti de gauche Syriza de l’ancien chef du gouvernement Alexis Tsipras, au pouvoir de 2015 à 2019, qui recueillerait entre 27% et 31%. Le Pasok, le parti socialiste, se classe troisième avec 8 à 11% des intentions de vote. En vertu du mode de scrutin proportionnel, on estime à 46% environ le seuil nécessaire pour obtenir la majorité absolue au Parlement monocaméral de 300 sièges. A l’issue des élections, si les sondages se confirment, chacun des trois principaux partis se verra confier à tour de rôle un mandat de trois jours pour tenter de former un gouvernement. En théorie, Nouvelle Démocratie et le Pasok, qui ont déjà mis de côté leur animosité historique pour gouverner la Grèce durant la crise de la dette au début des années 2010, pourraient s’allier mais Kyriakos Mitsotakis a semblé écarter cette hypothèse, déclarant cette semaine dans une interview à Reuters qu’il privilégiait « un gouvernement fort d’un seul parti ». « L’expérience nous a appris en Grèce que les gouvernements à parti unique sont beaucoup plus stables que les gouvernements de coalition », a constaté le Premier ministre sortant, âgé de 55 ans. Le Pasok, autrefois tout-puissant, a vu son soutien s’effondrer après avoir signé le premier plan de sauvetage international de la Grèce en 2010. Depuis 2021, il tente un retour sous la houlette d’un nouveau dirigeant, Nikos Androulakis, âgé de 44 ans. La formation sociale-démocrate a envoyé des signaux contradictoires quant à sa participation à un gouvernement de coalition. « Si Mitsotakis ou Tsipras pensent que le Pasok sera leur béquille pour le pouvoir, ils devraient regarder ailleurs », a déclaré Nikos Androulakis à des partisans le 17 mai. Le Pasok accuse notamment Syriza de faire des promesses intenables. Syriza, qui a introduit le système de vote proportionnel lorsqu’il était au pouvoir, affirme quant à lui vouloir essayer de former une large coalition gouvernementale. Les sondages suggèrent que Syriza devrait s’allier à plus de deux partis, dont le Pasok, pour obtenir une majorité. Un autre partenaire possible serait le petit parti de l’ancien ministre des Finances d’Alexis Tsipras, Yanis Varoufakis, Mera25, mais les deux hommes sont en froid depuis la démission de Varoufakis en 2015, concédée par Tsipras pour décrocher un troisième plan de renflouement avec les bailleurs internationaux. Le Parti communiste, crédité de 5-6% des voix, a exclu de participer à une coalition ou de soutenir un gouvernement minoritaire au Parlement. Le parti d’extrême droite Solution grecque dirigé par l’animateur de télévision Kyriakos Velopoulos a rejeté toute alliance avec Nouvelle Démocratie ou Syriza.
Agences