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Des migrants visés par des tirs de soldats marocains

Les autorités espagnoles ont ouvert une enquête suite à des informations faisant état de victimes parmi un groupe de migrants subsahariens, visés par des tirs de soldats marocains alors qu’ils tentaient d’atteindre les îles Canaries depuis l’Afrique. « Nous enquêtons », a déclaré une source policière espagnole, citée par Reuters, après des informations faisant état de morts et de blessés. Selon le récit d’un groupe de migrants, les forces marocaines auraient ouvert le feu sur plus de 40 d’entre eux alors qu’ils cherchaient à partir sur un canot tôt mardi matin. Le groupe a réussi à partir et a finalement été récupéré à 21 km au sud de la Grande Canarie, à 21 heures jeudi soir lors d’un sauvetage impliquant des hélicoptères et des patrouilleurs espagnols, ont déclaré des responsables des îles Canaries. Les migrants ont déclaré aux sauveteurs qu’ils étaient partis de la ville de Boujdour, au Sahara occidental occupé, à 200 milles marins au sud des îles Canaries, selon des responsables.

Parmi les migrants arrivants (32 hommes, neuf femmes et une fille), trois d’entre eux avaient besoin de soins médicaux, dont une femme enceinte, un autre « malade » et une troisième personne avec un « traumatisme à la jambe ». Une source policière espagnole a indiqué plus tard que l’un des trois migrants soignés dans les îles Canaries avait des blessures par balle. La responsable de l’association caritative Walking Borders, qui recense les migrants disparus en mer, Helena Maleno, a déclaré que les survivants restés au Maroc lui avaient dit par téléphone que des soldats d’une patrouille anti-migration avaient tiré jusqu’à quatre coups de feu sur le bateau alors qu’ils embarquaient, touchant un jeune homme malien au cou. Une conseillère en matière de migration auprès du gouvernement des îles Canaries, Txema Santana, a confié à Reuters que les migrants avaient déclaré aux sauveteurs que deux personnes avaient été tuées par des coups de feu tirés par un « poste de contrôle anti-migration » avant de quitter le Maroc. « Les migrants nous ont dit qu’il y avait deux personnes qui étaient mortes sur la traversée et que leurs corps avaient été jetés par-dessus bord », a ajouté Jose Antonio Rodriguez Verona, chef de l’équipe d’urgence de la Croix-Rouge aux îles Canaries, à Reuters. Des groupes de défense des droits de l’Homme marocains, dont le Conseil national des droits de l’Homme, ont mis en garde contre le recours croissant à la force par les autorités marocaines dans le contrôle des migrants d’Afrique vers l’Europe. Cet incident vient s’ajouter à celui de septembre dernier, lorsqu’une femme subsaharienne qui s’apprêtait à prendre la mer avec un groupe de migrants pour rejoindre l’archipel espagnol des Canaries, a été tuée après avoir été touchée par un tir de la police marocaine, dans le sud du Maroc, entre les villes d’Akhfennir et de Tarfaya. Plusieurs personnes avaient également été blessées, dont le fils du maire d’Akhfennir alors qu’il essayait de s’enfuir. « C’est intolérable de tirer sur des gens par derrière », s’était alors révoltée Helena Maleno. Et en juin dernier, près de 2.000 migrants subsahariens qui tentaient de franchir la frontière entre Nador (Maroc) et Melilla (Espagne) ont été brutalisés par les policiers marocains. Au moins 37 d’entre eux ont été tués dans ces violences, selon des organisations des droits de l’Homme marocaines.

APS

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