Risques climatiques et sécurité alimentaire : L’enjeu du développement des assurances agricoles
Les changements climatiques induisent une multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes à l’image des inondations, de la montée des eaux et des sécheresses ainsi les incendies qu’elles induisent. Une aggravation des risques qui induit des coûts économiques importants pour de nombreux secteurs et notamment le secteur de l’agriculture. D’où l’importance que revêtent les assurances agricoles, notamment en Afrique. Et bien que la question de la sécurité alimentaire soit centrale pour le continent qui est de plus en plus exposé aux risques climatiques, le taux de couverture des assurances agricoles reste très faible voire marginale. Une question qui sera au cœur de la 49e Conférence et Assemblée
générale de l’Organisation des assurances africaines (OAA), qui s’ouvrira aujourd’hui à Alger. Environ 1.800 experts de 70 pays sont attendus et devront se pencher les enjeux d u développement du secteur des assurances agricoles et sa contribution à la sécurité alimentaire en Afrique. Dans ce contexte, le Directeur général de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), et vice-président de l’OAA, Cherif Benhabilès, a souligné le faible taux de pénétration des assurances agricoles sur le continent, disposant ainsi d’une importante marge de progression. Dans une déclaration à la Radio algérienne à la veille de l’ouverture de la conférence, Benhabilès a rappelé que les assurances agricoles génèrent entre 60 et 62 milliards de dollars en Afrique, ce qui représente une très faible contribution au pays du continent. Il ajoute dans ce contexte que le secteur prenne toute sa dimension et dispose d’une importante marge de progression, pour peu que le développement du secteur soit réellement pris en charge. Pour sa part, le président de l’Union des sociétés d’assurance et de réassurance (UAR), Youcef Benmicia a indiqué hier lors d’une conférence de
presse, qu’en dépit des grandes potentialités que recèle l’Afrique, son secteur des assurances contribue avec seulement 1% du chiffre d’affaires global du secteur à l’échelle mondiale, ajoutant que l’assurance agricole ne représentait que 4% du marché africain.
Selon les experts, cette situation, poursuit M. Benmicia, est du fait du manque de la culture des assurances pour des raisons économiques et culturelles propres au continent, outre les faibles revenus, affirmant que le secteur prévoyait des solutions pour faire face à cette situation via les produits des micro-assurances, en plus d’une proposition portant création de systèmes d’assurance entre les secteurs public et privé qui permet à l’Etat d’appuyer et d’encourager les citoyens et les opérations à souscrire des contrats d’assurance. Le chiffre d’affaires du secteur des assurances et de réassurance en Afrique a enregistré l’année dernière environ 70 milliards de dollars, un faible montant par rapport aux potentiels du continent, a-t-il ajouté. En ce qui concerne les travaux de la conférence de l’OAA, le président de l’UAR a indiqué que le rendez-vous d’Alger placée cette année sous le thème « Contribution de l’assurance aux défis de la sécurité alimentaire en Afrique », permettra d’examiner durant les quatre jours que dureront les travaux, les perspectives de l’industrie de l’assurance et de la réassurance en Afrique à la lumière des défis et des mutations économiques et géopolitiques qui se profilent, notamment la récession économique, l’accélération de l’inflation et les changements climatiques, tout en proposant des solutions d’assurance appropriés. M. Benmicia a affirmé, par la même, que « le secteur des assurances offre des mécanismes et des solutions pour les risques émergents », faisant part d’une volonté avérée, à travers cette Conférence, de « développer des partenariats avec les pays africains ou à travers l’AG de l’OAA, dont les pays membres comptent 371 compagnies d’assurance et de réassurance ».
Sur un autre registre, M Benmicia a indiqué que cette encontre devrait qui connaître une participation de quelque 1.780 représentants de différentes branches de l’industrie de l’assurance et de la réassurance, dont 1.100 participants issus de 70 pays, s’inscrit dans le cadre du plan de l’UAR afin de renforcer l a présence de l’Algérie dans le continent et sa participation aux diverses manifestations économiques à dimension internationale. L’Union cherche, à travers cet événement, à « promouvoir la place du marché algérien des assurances au niveau international, à la faveur de la présence de professionnels, d’assureurs et de réassureurs qui viendront partager leurs expériences, actualiser leurs connaissances et interagir avec leurs homologues algériens », a expliqué M. Benmicia.
Selon le même intervenant, les participants évoqueront également le développement de l’assurance contre les effets des catastrophes naturelles (Cat-Nat), soulignant que le système d’assurance algérien relatif à cette filière, activé en 2003, doit être revu car « n’ayant pas donné les résultats escomptés » et que les pouvoirs publics avaient programmé une modification à cet effet.
Selon M. Benmicia, le secteur des assurances en Algérie a enregistré en 2022 un chiffre d’affaires avoisinant les 155 milliards de DA, soit un taux d’augmentation estimé à 6% par rapport à l’année 2021, un taux « non négligeable qui pourrait être revu à la hausse avec la relance économique enregistrée ». Il a, aussi, souligné qu’en contrepartie, les compagnies algériennes d’assurance devraient se préparer pour accéder aux marchés étrangers à l’avenir, notamment les marchés africains en vue d’accompagner les investisseurs et exportateurs nationaux.
Hocine Fadheli