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Maroc : Une violence croissante contre de larges franges du peuple

La secrétaire générale du Parti socialiste unifié, Nabila Mounib, a fait état de violence croissante contre de larges franges du peuple marocain , soulignant que le Maroc, depuis l’indépendance, a fait des choix antidémocratiques qui ont provoqué des différences sociales et l’élargissement du cercle de la pauvreté, du chômage et de la vulnérabilité.

Dans le podcast hebdomadaire qu’elle a diffusé sur sa page Facebook, Mme Mounib a souligné qu’il existe « une violence pratiquée sur de larges franges du peuple marocain en raison de l’absence de démocratie, de justice sociale et de droits ». La députée a évoqué la hausse des prix des produits de consommation et du carburant et la sécheresse qui constituent des facteurs ayant compliqué la situation, dénonçant le fait qu' »au moins quatre familles ont le monopole du secteur des hydrocarbures et leurs bénéfices s’élevaient en 2021 à près de 40 milliards de dirhams ». Nabila Mounib a critiqué le fait que le gouvernement n’ait pas pour l’instant plafonné les prix des matières premières, soulignant que « les mesures récentes qui ont été prises sont insuffisantes et que ce dont le Maroc a besoin, c’est d’une vraie réforme fiscale, de vraies réformes qui établissent un Maroc dans lequel tous les Marocains vivent dans la dignité, loin de la hausse de la violence ». La responsable avait auparavant alerté à plusieurs reprises sur l’expansion alarmante des cercles de pauvreté et de marginalisation au Maroc, qui menace d’exploser. Dans le rapport annuel à l’occasion de la huitième session du Conseil national du parti, samedi dernier, Nabila Mounib a déclaré que l’observateur de la situation au Maroc « n’a pas besoin de grands efforts pour lui faire comprendre que le pays vit depuis des années au rythme de crises, révélées par de nombreux rapports nationaux et internationaux. »

De son côté, le Comité France de soutien aux prisonniers politiques et d’opinion marocains a appelé le gouvernement français à sortir de son « silence complice » face aux violations des droits de l’Homme commises par le régime du Makhzen au Maroc, notamment le non-respect du droit de jouir d’un procès équitable. Dans un communiqué diffusé hier le comité appelle le gouvernement français à « sortir du silence complice qu’il observe chaque fois que son allié marocain est pris en défaut de non-respect des droits humains, et en l’occurrence, de non-respect du droit d’un prévenu de jouir d’un procès équitable ». La source rappelle que le 23 février dernier, la Cour d’appel de Casablanca a confirmé le verdict prononcé en première instance, de 5 ans de prison ferme, à l’encontre du journaliste et éditorialiste d’Akhbar el Youm, Souleiman Raissouni. Ce dernier est accusé d' »agression sexuelle », suite à un post sur Facebook qui n’indiquait même pas le responsable de tels agissements, selon le comité, ajoutant que « tout porte à croire que le pouvoir marocain a récupéré cette histoire ancienne de 2 ans pour faire taire la voix de ce journaliste critique et pousser la victime de l’agression décrite dans le post, à déposer une dénonciation, qui n’est intervenue qu’après l’arrestation du journaliste ». Il est indiqué dans le même communiqué que le procès en première instance avait été entaché de nombreuses « incohérences et contradictions » de la part du plaignant et s’était déroulé alors que l’accusé menait une grève de la faim et avait été absent de la plupart des audiences. Des violations dénoncées par RSF, Amnesty International et plusieurs autres ONG. « Le procès en appel n’a pas respecté les conditions d’un procès équitable comme l’on pouvait l’espérer ». En effet, d’après le communiqué, le tribunal a continué à refuser de convoquer les témoins à décharge. La juridiction n’a pas non plus tenu compte des réponses précises que l’accusé et sa défense ont apportées, mettant en lumière de façon convaincante les « incohérences » de l’accusation. L’on citera à titre d’exemple, le fait que la victime se plaint d’avoir été enfermé dans la cuisine de Raissouni, or l’appartement de ce dernier a une cuisine ouverte sur le salon et ne dispose d’aucune porte. C’est ainsi que « les personnes qui ont suivi les différentes audiences de ce procès ont eu le sentiment d’assister à une farce grotesque et grimaçante qui se termine par un jugement lourd, inique et scandaleux », fustige le Comité France de soutien aux prisonniers politiques et d’opinion marocains, affirmant sa « totale solidarité » avec Souleiman Raissouni et dénonçant cette « parodie de justice et ce verdict injustifié ». En outre, il exprime sa « profonde inquiétude » alors que le procès d’Omar Radi, autre journaliste poursuivi pour « atteinte à la sûreté de l’Etat, espionnage, attentat à la pudeur et viol », se poursuit « dans les mêmes conditions » que celles du procès de son collègue Raissouni ( non convocation des témoins, non prise en compte de documents versés par la défense à son dossier, rejet de toutes les demandes de la défense). « Nous ne pouvons accepter que des journalistes libres et indépendants soient condamnés pour des accusations de toute évidence fantaisistes et fallacieuses, à l’issue de procès non équitables. Nous resterons mobilisés jusqu’à ce que ces journalistes, ainsi que l’ensemble des prisonniers politiques et d’opinion qui croupissent dans les prisons marocaines, recouvrent une liberté qui n’aurait jamais dû leur être enlevée », conclut le comité.

Pour rappel, le procès en appel des journalistes marocains Omar Radi et Imad Stitou, dont les audiences se sont poursuivies mardi à la Cour de Casablanca, reprendra jeudi. Le procès des deux journalistes marocains a été reporté au jeudi 3 mars à 15 heures, pour la suite des plaidoiries de la défense, peut-on lire sur la page Facebook « Free Omar Radi ». Lors de l’audience de mardi, le ministère public a requis la peine maximale de dix ans de prison contre le journaliste et défenseur des droits humains Omar Radi, poursuivi pour « espionnage » et « viol », et dix ans de prison contre Imad Stitou, pour « complicité dans l’affaire de viol », précise la même source. Radi, journaliste d’investigation et militant des droits humains, a publié des articles sur l’accaparement de terres publiques par des spéculateurs. Il est également à l’origine de l’éclatement du scandale de corruption dit des « serviteurs de l’Etat » qui a éclaboussé une centaine de personnes, notamment des officiels de haut rang. La détention d’Omar Radi est « injuste » et « contraire à la loi en vigueur », assure la défense. Le 25 novembre dernier, l’organisation Human Rights Watch (HRW) a dénoncé les conditions dans lesquelles il a été condamné par le Tribunal de première instance de Casablanca. »Son procès a été entaché de nombreuses irrégularités. Le tribunal a refusé sans motif valable d’entendre les témoins à décharge de Radi, ainsi que d’autoriser ses avocats à interroger un témoin à charge cité par le ministère public », avait déploré l’organisation.

R.I. avec APS

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