Sahara occidental, gestion des conflits et développement en Afrique : L’imposant plaidoyer de l’Algérie
L’Algérie a appelé l’Afrique à ne pas oublier la dernière colonie sur le continent, le Sahara occidental, illégalement occupé par un autre État africain, le Maroc.
L’Afrique a célébré sa journée jeudi dans un contexte marqué par de nombreux défis, dont celui de parachever le processus de décolonisation du continent. Une question qui a été soulignée hier par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf. Dans une allocution prononcée l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de l’Afrique, le chef de la diplomatie algérienne a rappelé aux États africains leurs responsabilités et à ne pas oublier le Sahara occidental, dernière colonie en Afrique. Il a dans ce sens souligné que l’Afrique ne pourra tourner la dernière page de l’histoire du colonialisme qu’en permettant au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination. « Alors que nous célébrons, aujourd’hui, nos réalisations communes dans les domaines de la préservation de la paix et de la sécurité et de la promotion de l’intégration économique dans le sillage de l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine, qui constitue le thème de l’année de l’Union africaine, nous nous devons de ne pas oublier que nos sœurs et nos frères dans la dernière colonie d’Afrique, au Sahara occidental précisément, attendent notre soutien pour pouvoir exercer leur droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination », a a indiqué Ahmed Attaf. Et d’ajouter que c’est à cette condition que l’Afrique « pourra une fois pour toutes, tourner la dernière page de l’histoire du colonialisme odieux, de l’occupation honteuse et du pillage honteux de ses richesses ». Le chef de la diplomatie algérienne a dans ce sens rappelé que « le peuple sahraoui, aspirant à la libération et à l’émancipation, comme tous les autres peuples africains qui l’ont précédé dans l’accession à la liberté et à l’indépendance, nous appelle à l’aide, et nous n’avons pas le droit d’ignorer cet appel ». « C’est un peuple qui réclame de l’aide pour mettre fin à l’injustice, à l’oppression et à la domination dont il est victime, et nous n’avons pas le droit de ne pas lui prêter la main forte qu’il attend de nous », a-t-il insisté.
Le ministre des Affaires étrangères a également mis en avant les nombreux défis et enjeux auxquels doit faire face le continent qui qui continue à être secoué régulièrement par les conflits. Il a ainsi évoqué la situation au Soudan, appelant à « ne pas négliger la souffrance des Soudanais à la suite de la crise qui frappe ce pays frère, depuis plus d’un mois, une crise qui a coûté la vie à des centaines d’innocents et déplacé des centaines de milliers de civils sans défense, en plus des signes d’une catastrophe humanitaire imminente et du danger qui se profile à l’horizon sombre d’une autre division du Soudan ». Face à cette situation, le ministre a indiqué que l’Algérie « appelle à redoubler d’efforts et à coordonner les initiatives de tous les acteurs internationaux et régionaux afin d’aider à faire sortir le Soudan de la spirale de la violence, de la division et des combats qui l’affligent ». Le MAE a aussi évoqué la crise au Mali et a affirmé que « l’orientation de l’Algérie en faveur du renforcement de ses contributions dans le domaine du développement économique en vue de parvenir à une prospérité partagée, est complémentaire aux efforts qu’elle consent de longue date pour mettre fin aux conflits armés et préserver la sécurité et la stabilité dans son voisinage immédiat, ainsi que sur l’ensemble du continent africain ». « Dans cette optique, et alors qu’elle poursuit ses efforts à la tête de la Médiation internationale pour le suivi du processus de paix et de réconciliation dans la République sœur du Mali, l’Algérie salue l’attachement des parties maliennes à l’Accord d’Alger et leur engagement sincère dans les efforts que l’Algérie a récemment initiés en vue de surmonter les difficultés actuelles et assurer une reprise rapide de la mise en œuvre de l’Accord (…) », a signalé le ministre. M. Attaf a, en outre, rappelé l’initiative prise par l’Algérie en vue de réactiver et redynamiser le rôle du Comité d’état-major opérationnel conjoint dans la lutte contre les phénomènes du terrorisme et de la criminalité transnationale.
Dans ce contexte le ministre des Affaires étrangères a souligné le rôle actif de l’Algérie demeurera un acteur actif de l’effort africain de développement économique à travers une approche basée sur la prospérité partagée, mais aussi l’aspiration de notre pays à porter la voix de l’Afrique au sein des organisations internationales et régionales. Ainsi, et concernant
la candidature de l’Algérie au poste de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2024-2025, lors des élections qui se tiendront le 6 juin, M. Attaf a fait savoir qu’elle s’inscrit « dans le cadre de son engagement à contribuer, en tant qu’acteur influent, à la prise en charge des défis internationaux ». Un engagement qu’elle compte réaliser « en mettant en avant des idées et initiatives de nature à renforcer l’action multilatérale dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, ainsi que pour relancer la coopération internationale et la doter des moyens nécessaires pour répondre aux besoins et aspirations de l’humanité toute entière ». En évoquant le Conseil de sécurité, M. Attaf a rappelé « l’injustice historique subie par notre continent, qui demeure, à ce jour, le seul à ne pas être représenté dans la catégorie des membres permanents, et celui qui est le moins représenté dans celle des membres non permanents ». Afin d’y remédier, le ministre a indiqué que « l’Algérie s’engage à poursuivre sa contribution pour resserrer les rangs africains au sein de cette instance et assurer une défense plus efficace des aspirations légitimes » du continent. Tout en renouvelant la « profonde gratitude » de l’Algérie à l’UA, à la Ligue arabe et à l’Organisation de la coopération islamique pour leurs soutien et endossement de cette candidature, le ministre a affirmé que « l’Algérie compte sur l’appui de tous les pays frères et amis pour qu’elle puisse s’acquitter de ce mandat continental », dont le slogan est « Ensemble pour défendre les principes et objectifs de la Charte des Nations unies pour un avenir meilleur pour tous ». M. Attaf a également évoqué la situation « exceptionnelle » dans laquelle se trouve le monde et qui « nous offre une occasion précieuse de contribuer à corriger les faiblesses structurelles du système international, en focalisant nos efforts sur la nécessité de remédier à la marginalisation injuste dont notre continent est victime depuis près de huit décennies », appelant à resserrer les rangs et parler d’une seule voix pour « peser de tout notre poids dans les différentes enceintes internationales ».
« L’Algérie, fière de son appartenance africaine enracinée et fermement attachée au projet de l’unité continentale, joint aujourd’hui sa voix à celles de ses frères africains, pour renouveler son engagement et son adhésion aux principes et objectifs de l’UA, face aux défis multidimensionnels qui continuent de menacer la sécurité et la stabilité de nos pays et peuples et sapent nos efforts destinés à atteindre un développement durable et la prospérité légitime », a souligné M. Attaf e. De la même manière qu’elle a contribué hier à la décolonisation de notre continent, poursuit le ministre, « l’Algérie affirme aujourd’hui, sous la direction avisée du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qu’elle demeurera un acteur actif et une partie intégrante de l’effort collectif africain visant à relever les défis du développement économique et à concrétiser la vision ambitieuse que nous avons élaborée ensemble dans le cadre de l’Agenda de l’UA, connu sous le nom de Agenda 2063 ». « Cette vision, que l’Algérie a pleinement fait sienne, a été placée au cœur de la nouvelle orientation que le président de la République a conféré à la dimension africaine de la politique étrangère de l’Algérie », a-t-il ajouté. « C’est cette approche que mon pays s’efforce actuellement de concrétiser à travers l’exécution de projets de développement au profit de plusieurs pays africains frères, dont la mise en œuvre est supervisée par l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement, qui a été renforcée, sur décision du président de la République, par une enveloppe financière d’un milliard de dollars américains », a-t-il fait savoir. A cet égard, il a fait remarquer que l’Algérie « s’emploie également à concrétiser cette approche en mobilisant les ressources et les énergies pour parachever la réalisation de projets structurants intégrateurs à caractère régional et continental, tels que le projet de la Route transsaharienne, le Gazoduc Lagos-Alger, le projet de la Dorsale transsaharienne à fibre optique, ainsi que le projet routier reliant Tindouf et la ville mauritanienne de Zouerate ».
Lyes Saidi