Pétrochimie : porter les exportations à 5 milliards de dollars
Un nouveau grand complexe sera réalisé à Arzew
Le groupe pétro-gazier national a lancé un programme de développement de la pétrochimie. Un plan de développement qui prévoit la réalisation d’un nouveau grand complexe pétrochimique à Arzew, près d’un demi-siècle après la réalisation du pôle pétrochimique de Skikda à la fin des années 1970, dans le cadre du plan ValHyd. L’objectif aujourd’hui est d’augmenter la part des hydrocarbures primaires transformés et porter la valeur des exportations de produits pétrochimiques à 5 milliards de dollars.
Le contrat de réalisation d’un grand complexe pétrochimique entre la Sonatrach et Petrofac-HQC a été signé hier à Alger. Selon un communiqué du groupe Sonatrach le contrat de réalisation ainsi qu’une convention de financement du projet ont été signés entre la STEP Polymers Spa -filiale à 100% de Sonatrach, après le retrait du groupe français Total Energies- et la Joint-venture Petrofac-HQC. Il est utile de rappeler dans ce contexte que le projet a été attribué à cette joint-venture à la mi-mai à l’issue d’un processus de sélection, lancé en avril 2021, à travers une consultation restreinte, vers des leaders mondiaux dans le domaine de la construction des complexes pétrochimiques. La Sonatrach précise que le contrat EPC (Engineering, Procurement & Construction) porte sur la réalisation, au niveau de la zone industrielle d’Arzew, d’un complexe pétrochimique s’étalant sur 88 hectares destiné à la production de 550.000 tonnes/an de polypropylène, pour une durée de réalisation de 42 mois « La production de polypropylène attendue de ce futur complexe sera destinée à couvrir les besoins du marché national et à exporter le surplus de la production sur les marchés européen, asiatique et africain », ajoute le communiqué. Le projet sera réalisé, selon les termes de la convention de financement, entre la STEP Polymers Spa et la banque Nationale d’Algérie (BNA) comme chef de fil, grâce à un apport bancaire qui couvre 70% de l’investissement, tandis que les 30% restants seront financés en fonds propres. L’importance du projet qui permettra la création de près de 6 000 postes d’emploi directs pendant la phase construction, 450 emplois pendant la phase exploitation et 2 000 postes d’emploi indirects, a été souligné par le premier responsable du secteur, Mohamed Arkab.
Dans une allocution prononcée pour l’occasion, le ministre de l’Énergie et des Mines a indiqué que la réalisation de ce complexe dans le cadre de la politique générale adoptée par les autorités supérieures du pays, « visant à valoriser les ressources naturelles dont regorge le pays, notamment les hydrocarbures et les mines, afin de construire un tissu industriel intégré qui nous permette de créer des emplois, de réduire la facture d’importation et d’acquérir la technologie ». Arkab a d’ailleurs souligné que ce complexe est l’un des projets inscrits dans le cadre du plan de développement de la pétrochimie porté par la Sonatrach. Il évoque ainsi le projet d’unité de conversion du propane en polypropylène, du kérosène en alkylbenzène linéaire (LAB) et du méthanol en MTBE.
Total s’est retiré pour des raisons financières
Il explique ainsi que « l’objectif du plan dedéveloppement de la pétrochimie est de valoriser et transformer plus de 50 % de la production primaire, contre 32 % actuellement, et de créer environ 10 000 emplois directs ». Il s’agit aussi de porter la valeur des exportations en produits pétrochimiques à e 5 milliards de dollars contre 3 milliards actuellement, ainsi que de multiplier par cinq la valeur ajoutée actuelle dans les opérations de transformation et de production. Le ministre a assuré que Sonatrach vise, grâce à la réalisation de ce complexe, qui « repose sur des technologies avancées utilisées par les principales entreprises mondiales dans la production de propylène et de polypropylène », à respecter les normes internationales et à appliquer les mesures requises conformément à la législation algérienne pour garantir la protection de l’environnement.
Pour son côté, le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar a affirmé que le montant du marché fixé à 1,5 milliards de dollars « est non révisable », en ce sens qu’il a été tenu compte de la situation des marchés post-covid-19, d’où l’exclusion d’une éventuelle augmentation ultérieure. Au sujet du partenariat avec « Total Energies » pour la réalisation du projet, M. Hakkar a rappelé la signature en 2016 d’un accord-cadre avec cette société en vertu duquel a été créée une joint-venture en 2018. « Nous avons travaillé ensemble afin de peaufiner le projet, par les études de marché et les études de faisabilité, ainsi que les premières études d’engineering. Au terme des études et après l’annonce de l’offre financière fixée à 1,5 milliard de dollars, les parties prenantes se sont réunies pour prendre la décision finale d’investissement, vu que chaque société a ses propres plans et sa propre stratégie », a précisé le ministre. « Total Energies » a estimé que le projet « ne correspondait pas à ses aspirations financières, et elle s’est retirée, de ce fait, en toute indépendance, tandis que SONATRACH a décidé de poursuivre le projet en toute indépendance également », a ajouté le ministre.
Il est utile de rappeler que la Sonatrach a prévu, dans le cadre de son plan de développement à moyen terme, d’importants investissements dans l’amont pétrolier et gazier, et notamment dans la pétrochimie. Toufik Hakkar, a indiqué il y’a quelques mois que le groupe prévoit d’investir 7 milliards de dollars à l’horizon 2027 dans des projets de raffinage, de pétrochimie et de liquéfaction du gaz.
Samira Ghrib