Lutte contre le trafic de drogue : Le ministère de la Santé mise sur la sensibilisation
La lutte contre la drogue représente un défi stratégique pour l’Algérie et un véritable enjeu de sécurité nationale. Le fait est que notre pays est mitoyen de l’un des plus producteurs de drogue au monde et qui se mue aujourd’hui en plateforme pour le trafic de cannabis de cocaïne en Afrique du Nord, en Europe et dans le Sahel, et qui tente de noyer l’Algérie de ses poisons dans une guerre qui ne dit pas son nom met en lumière toute l’importance que revêt la lutte contre le fléau du trafic et de la consommation de drogue. Une lutte qui dépasse sur l’aspect sécuritaire, pour se pencher sur l’aspect social et sur la sensibilisation des jeunes particulièrement exposés et ciblés par les réseaux de trafic de drogue, d’autant plus que l’Algérie est passée de pays de transit à pays de consommation de drogue. Une question qui a d’ailleurs été largement abordée hier lors d’une journée d’étude organisée par le ministère de la Santé à l’occasion de la célébration de la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues. Dans ce sens, le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi a mis l’accent sur la nécessité d’impliquer tous les acteurs et d’assurer la coordination entre l’ensemble des secteurs pour faire face au fléau de la drogue, qui cible de plus en plus le milieu scolaire ces dernières années. Saihi a précisé que le trafic de stupéfiants ne cible plus les jeunes uniquement mais touche, également, le milieu scolaire, ce qui nécessite la conjugaison des efforts et la coordination avec tous les acteurs pour y faire face. Le ministre a fait état de tentatives d’introduction d’importantes quantités de drogue qui menacent la santé des jeunes, ce qui requiert, selon lui, l’accompagnement par la société civile et les médias de la stratégie nationale de lutte contre la toxicomanie. Rappelant les efforts et les moyens mobilisés pour lutter contre ce fléau, M. Saihi a estimé qu’au vu de la spécificité de la prise en charge de ce phénomène et des toxicomanes, les centres de thérapie ont encore besoin d’un accompagnement permanent et de ressources humaines qualifiées. Pour leur part, de nombreux intervenants lors de cette journée d’étude ont souligné l’importance de réaliser des études sur le terrain afin de connaitre les chiffres exacts des toxicomanes, car les statistiques actuelles concernent uniquement les victimes prises en charge au niveau des centres de thérapie. Plusieurs experts ont, quant à eux, appelé à changer l’image stéréotypée sur les victimes de la drogue et à uniformiser leur prise en charge à travers tous les centres, en incitant toutes les parties prenantes à contribuer au processus de thérapie et en œuvrant pour la réinsertion socioprofessionnelle des toxicomanes.
Pour rappel, selon les chiffres de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie plus de 58 tonnes de résine de cannabis ont été saisies en Algérie durant l’année 2022, dont près deux tiers ont été effectuées dans les wilayas de l’Ouest du pays. Selon la même source, 33,18% des quantités saisies ont été enregistrées dans le Sud du pays, 4,79% dans l’Est et 3,16% dans le Centre. Le phénomène le plus inquiétant demeure cependant la montée en puissance des réseaux de trafic de psychotropes. Le rapport note également la saisie de plus de 11,3 millions de comprimés de substances psychotropes de différentes marques en 2022, soit une hausse de 115,50% par rapport à l’année 2021. Il faut dire que pour contrer le phénomène l’Algérie a adapté sa législation en renforçant les sanctions mais aussi en prévoyant des dispositions afin de garantir une meilleure prise en charge des toxicomanes. La nouvelle loi relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic de stupéfiants et de substances psychotropes aggrave les sanctions contre toute personne impliquée dans le trafic, que ce soit les producteurs, les trafiquants, les consommateurs ou les agents publics et personnels de santé, avec des peines pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison. Le texte prévoit également des dispositions en ce qui concerne la prévention, la sensibilisation et la prise en charge des toxicomanes et personnes souffrant de dépendance.
Chokri Hafed