Adhésion de la Suède à l’Otan : Erdogan pose l’UE comme condition
Feu vert pour la Suède dans l’Otan contre une ouverture de l’UE à la Turquie: Ankara a imposé une condition forte hier à la veille d’un sommet crucial de l’Alliance atlantique à Vilnius.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont l’accord est obligatoire pour une entrée de la Suède dans l’Alliance, a mis une forte pression lundi. « Ouvrez d’abord la voie à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne et, ensuite, nous ouvrirons la voie à la Suède tout comme nous avons ouvert la voie à la Finlande », a déclaré M. Erdogan, alors que les négociations entre Ankara et l’UE sont à l’arrêt depuis plusieurs années. Il a également réitéré ses exigences envers la Suède qu’il accuse de mansuétude envers les militants kurdes réfugiés sur son sol, avant sa rencontre avec le Premier ministre suédois Ulf Kristersson et le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg. La Suède et sa voisine la Finlande ont mis fin à des décennies de non-alignement militaire et demandé à rejoindre l’Otan à la suite de du conflit en Ukraine. La Finlande a officiellement rejoint l’Alliance en avril. Il y a un an, lors du précédent sommet de l’Otan à Madrid, il a fallu des heures de négociation pour arracher à M. Erdogan un soutien à l’invitation initiale à Stockholm.
Quant à la question d’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan, l’Alliance a annoncé qu’elle allait lever un obstacle majeur: le MAP (« Membership action plan »), sorte d’antichambre à la candidature à l’Alliance qui fixe un certain nombre d’objectifs de réformes. Toutefois, une adhésion à court terme a été balayée par le président américain Joe Biden, qui mène une visite éclair à Londres auprès du Premier ministre Rishi Sunak et le roi Charles III pour parler aussi armement avant le sommet de deux jours à Vilnius.
Washington et Berlin sont réticents à l’idée d’aller beaucoup plus loin qu’une promesse faite par l’Otan que l’Ukraine adhèrerait un jour, sans précision de calendrier. « Je ne pense pas qu’elle soit prête à faire partie de l’Otan », a-t-il balayé dans une interview à la chaîne américaine CNN à propos de l’Ukraine, soulignant également qu’il n’y avait pas d’unanimité parmi les alliés sur la perspectives de faire entrer Kiev « au beau milieu d’une guerre ». « Nous serions en guerre contre la Russie, si c’était le cas », a-t-il alerté. Une adhésion aurait des « conséquences très négatives » pour la sécurité européenne, a aussi mis en garde le Kremlin lundi, qui la considère comme une « menace » contre la Russie exigeant une « réponse claire et ferme ». Plusieurs poids lourds de l’Otan négocient de possibles engagements de fournitures d’armes sur le long terme à Kiev. En attendant, l’Ukraine a d’ores et déjà obtenu vendredi de Washington la promesse de lui livrer des bombes à sous-munitions, une arme très controversée. Ces armes, interdites dans de nombreux pays, sont vivement critiquées car elles tuent à l’aveugle en dispersant des petites charges explosives avant ou après l’impact et sont accusées de faire de nombreuses victimes civiles collatérales.
R.I. avec agences