L’Algérie plaide pour un partenariat russo-africain fort et mutuellement bénéfique : Faire de l’Afrique un nouveau pôle
L’Afrique devra peser en tant qu’acteur géopolitique et économique à part entière dans ce monde multipolaire qui émerge. Un contexte nouveau doit permettre au continent de bénéficier d’une nouvelle marge de manœuvre afin de faire entendre sa voix, dans le cadre d’une refonte globale du système multilatéral.
C’est dans ce contexte que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a saisi l’occasion du Sommet Russie-Afrique pour mettre en avant les préalables qui doivent permettre à l’Afrique de pleinement peser sur la scène internationale en tant que pôle géopolitique majeur. Des préalables assis sur le renforcement de son rôle au niveau des instances onusiennes et notamment le conseil de sécurité de l’ONU. Il s’agit apporter des solutions réelles aux problématiques qui font obstacle à une véritable inclusive en Afrique, comme les pressions exercées en matière d’accès aux financements et aux marchés de crédits, le surendettement et le déficit en infrastructures. Ainsi, dans un discours lu en son nom par le Premier ministre, Aïmène Benabderrahmane, le Président Abdelmadjid Tebboune a souligné l’importance de la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU pour mettre fin à la « marginalisation de l’Afrique » en matière de prise de décisions internationales, soutenir l’Afrique dans ses démarches pour atténuer l’impact de l’endettement et bénéficier d’un financement équitable et durable pour les programmes de développement. Il faut dire que l’Afrique subit une certaine ségrégation en ce qui concerne l’accès aux financements et aux marchés de crédits en raison de conditions souvent subjectives et imposées par les agences de notation internationale. Dans ce contexte, le président Tebboune a rappelé qu’« il est impératif d’aider l’Afrique, en premier lieu, à surmonter la crise d’endettement et faciliter l’accès aux crédits de financement », au moins avec les mêmes conditions imposées à d’autres pays. Il a appelé, dans ce cadre, à « revoir l’approche suivie actuellement en matière de résolution de la crise d’endettement, de manière à permettre aux pays africains de surmonter ce frein majeur à l’accès aux nouveaux processus de financement », notamment au regard des importants défis auxquels fait face le continent. Le Chef de l’État a ainsi souligné qu’un 1 enfant sur 5 en Afrique souffrait de l’absence de chances de scolarisation, et que plus de 600 millions d’Africains vivaient sans électricité ni accès à l’eau potable, à l’exception de 25% des populations du continent, outre le déficit de près de 100 milliards USD chaque année dans le financement des projets d’infrastructures, exacerbé par un endettement estimé à 1.000 milliards de dollars en 2022.
C’est dans ce cadre que le président de la République a souligné les attentes exprimées dans le cadre du partenariat entre la Russie et l’Afrique. Il a mis en avant le fait que l’Algérie aspirait à un « partenariat afro-russe fort et mutuellement bénéfique, à même de permettre la réalisation des aspirations et attentes de nos peuples à davantage de progrès et de développement, et l’émergence d’un ordre mondial juste, basé sur le respect des principes du Droit international et du multilatéralisme ». Après avoir affirmé que la coopération afro-russue « a franchi de grands pas depuis la solidarité de la Russie par le passé avec les pays africains dans leur lutte contre le colonialisme, jusqu’à la volonté commune, affichée aujourd’hui, en vue d’édifier un partenariat politique et économique fructueux », M. Tebboune a précisé que les Africains attendent de la Russie une contribution aux efforts de développement dans le continent. Pour le Président Tebboune, le développement du partenariat afro-russe doit prendre en considération les ambitions économiques de l’Afrique, l’élargissement de la coopération afro-russe, la concrétisation de manière effective des aspects économiques selon un calendrier bien défini, la garantie d’une participation forte de l’Union africaine (UA) à cette opération, la préservation des règles de base régissent la communauté internationale et la consolidation du multilatéralisme.
L’Algérie, un partenaire solide et une porte vers l’Afrique
Le président de la République a d’ailleurs mis l’accent sur l’approche globale promue par l’Algérie en termes de coopération et de partenariat avec l’Afrique et qui s’appuie sur la réponse aux besoins du Continent. Une approche qui s’appuie aussi sur les actes. Il a ainsi rappelé les efforts algériens qui ont permis d' »effacer les dettes de 14 Etats africains et le travail en faveur du rééchelonnement des dettes d’autres Etats ». Il a également rappelé que l’Algérie a alloué via l’Agence nationale de développement de la coopération internationale pour la solidarité et le développement et estimé à 1 milliard USD, aux projets de développement dans les Etats africains, d’autant qu’il a déjà été procédé à l’entame du financement de projets au Niger et au Mali. L’Algérie œuvre, également, dans la même démarche de développement continental, précise le président de la République dans son allocution, à la concrétisation de projets pour les Etats voisins, à l’instar de la route de l’unité africaine reliant le Mali, le Niger, la Tunisie, le Tchad sur 10.000 km linéaires, ainsi que la route Tindouf (Algérie)-Zouerate (Mauritanie) sur une distance de 800 km.
Le président Tebboune a également souligné la qualité du partenariat liant l’Algérie et la Russie. Un partenariat appelé à se consolider au regard de la dynamique particulière en Algérie, notamment sur le plan économique. Le Président Tebboune a a salué les différents partenariats bilatéraux algéro-russes dans les domaines industriel, agricole, scientifique et technique, en sus de la concertation et des échanges de vues au niveau du Forum des pays exportateurs de gaz et de l’OPEC+ sur les moyens de stabiliser les prix de l’énergie sur les marchés internationaux. Le président Tebboune a ajouté que la visite d’Etat, historique et réussie, qu’il avait effectuée le mois dernier en Russie « est la plus grande preuve de notre volonté commune de hisser ces relations stratégiques aux plus hauts niveaux ».
Il a souligné, par ailleurs, que l’Algérie, après avoir parachevé de grands projets de réforme, œuvre aujourd’hui à construire une économie diversifiée et moderne, apte à survivre à tous les défis, notamment en matière de sécurité énergétique, alimentaire et sanitaire. L’Algérie connait, « grâce au programme présidentiel, un développement global qui a fait d’elle une destination d’investissement prometteuse, à la faveur du bon climat d’affaires, encourageant pour les investissements nationaux et étrangers », ce qui a permis d’augmenter le Produit intérieur brut (PIB) à 225 milliards de dollars et le revenu individuel à plus de 4.800 dollars, a-t-il poursuivi. L’objectif, aujourd’hui, est de dépasser un taux de croissance de 5 % à la fin 2023 avec une absence totale de dette extérieure, a souligné le Président Tebboune.
Une dynamique et des indicateurs positifs qui doivent permettre d’offrir des opportunités pour les investisseurs en Algérie, mais aussi de permettre à l’Algérie de jouer un rôle majeur sur les marchés africains. Dans ce sens, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane a affirmé, vendredi en marge des travaux du forum, que les indicateurs positifs de croissance réalisés par l’Algérie ces dernières années, font d’elle le portail de l’Afrique au titre du partenariat stratégique entre l’Afrique et la Russie. Benabderrahmane a indiqué que
Lyes Saïdi