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Olivier Le Cour Grandmaison, historien Français : « Un crime d’État contre l’humanité »

Les Algériens s’apprêtent à commémorer les assassinats perpétrés, sous les ordres de Maurice Papon, chef de la police Parisienne  le 17 octobre 1961 contre les Algériens établis à cette période en France et sortis soutenir l’indépendance de leur pays.

S’exprimant à la veille de cette douloureuse commémoration, l’historien et politologue Français, Olivier Le Cour Grandmaison, l’historien Algérien Hassane Ramaoune et l’enseignant universitaire Allal Bitour, ont tenu à rappeler les exactions commises contre les manifestants algériens dont plusieurs ont été jeté à la Seine et disparus à jamais.

Ainsi, le politologue et historien Français, Olivier Le Cour Grandmaison,  qualifiera les massacres du 17 octobre 1961 de « crime d’Etat contre l’humanité », commis en vertu « d’un plan concerté » contre des civils « torturés et sommairement exécutés ».

« Ce qui a été commis est bien un crime d’Etat », a affirmé Olivier Grandmaison dans un entretien qu’il a accordé à l’APS, soulignant que « la question désormais est celle de la reconnaissance des crimes d’Etat commis alors ».Il a tenu à rappeler que des contemporains comme  l’historien Pierre Vidal Naquet et Paul Thibaud, dans le numéro de Vérité-Liberté  de novembre 1961, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir ainsi que de la revue Les temps modernes, avaient déjà une connaissance précise de ce qui s’était passé le 17 octobre de la même année.L’historien  et politologue Français a également évoqué l’avocate des militants du FLN, Nicole Dreyfus qui a estimé que conformément à l’article 212-1 du code pénal, qu’il s’agissait  d’un crime contre l’humanité exécuté en vertu d’un plan concerté à l’encontre des civils qui furent torturés, exécutés sommairement, noyés et parfois soumis à la disparition forcée.

S’exprimant sur les raisons qui empêchent la réconciliation des Mémoires entre l’Algérie et la France, il a estimé que « l’un des obstacles majeurs est le refus des chefs d’Etat français, qu’ils soient de droite ou de gauche, de reconnaître les crimes commis au cours de la colonisation de l’Algérie à partir du moment où les colonnes infernales du général Bugeaud se sont abattues sur cette colonie ».Il évoquera également les prochaines élections présidentielles françaises de 2022, soulignant ainsi la radicalisation des discours de la droite française qui « cèdent aux violents discours racistes, xénophobes, islamophobes » citant l’exemple d’Eric Zemmour et la Rassemblement nationale de Marine Le Pen. C’est dans ce sens, qu’il estimera que même les propos tenusrécemment par Emmanuel Macron contre la Nation algérienne et qui est  également en campagne pour briguer un deuxième mandat, s’inscrivent dans cette optique. 

Déni mémoriel

De son côtéle chercheur en histoire Hassane Remaoune qualifie de « répression la plus sanglante depuis la Commune de Paris en 1871 », l’intervention de la police Française contre les civils algériens en octobre 1961 et déplore « le déni mémoriel » pratiqué par la France à l’égard des ces événements.« La violence de la répression déclenchée le 17 octobre 1961 va occasionner ce qui semble être le plus sanglant des massacres commis à Paris depuis l’épisode de la Commune de Paris en 1871 », a-t-il souligné dans une contribution.

Tout en insistant sur le caractère « pacifique » de la manifestation initiée par la Fédération de France du Front de Libération nationale (FLN ), le chercheur au Centre de Recherche en Anthropologie sociale et cultuelle (CRASC) précise que les quelques 30.000 à 40.000 travailleurs algériens étaient « accompagnés de femmes et d’enfants ». Ce qui n’empêcha pas qu’elle soit « réprimée de manière particulièrement violente par les milliers de policiers mobilisés », a-t-il déploré.Et de faire observer « la possibilité qu’il y ait eu plus de 200 victimes, en incluant les assassinats des jours et ceux qui précédèrent l’évènement », avant de souligner que « comme c’est le cas dans de pareilles situations, même des étrangers non originaires d’Algérie ont été arrêtés et brutalisés durant cette nuit, à cause de leur faciès, le cas le plus connu étant celui du Colombien, futur prix Nobel de littérature, Gabriel Garcia-Marquez ».Quant à l’enseignant universitaire Allal Bitour la commémoration des massacres du 17 octobre 1961, sont un rappel « d’un visage infâme de la colonisation souvent occultée par les diplomaties pour des intérêts fallacieux ».« Ces douloureux événements ne doivent pas nous faire oublier la véritable image de la France et le visage infâme de la colonisation », tenait à rappeler cet enseignant en histoire à l’université d’Alger.

Boubekeur Amrani

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