Paris assouplit l’accès aux archives de la Guerre d’indépendance d’Algérie : Un petit pas, mais…
Un arrêté daté du 25 aout 2023 et publié sur le journal officiel français autorise désormais l’accès aux archives relatives à la guerre d’indépendance de l’Algérie notamment les dossiers impliquant des mineurs de moins de 21 ans frappés jusque-là d’exclusion. Cependant et en dépit de ce geste « d’assouplissement » visant quelque peu à réchauffer les relations bilatérales entre l’Algérie et la France éprouvées par des interférences, la gestion des archives de la guerre d’indépendance de l’Algérie détenues par la France et leur ouverture semble toujours faire face à une réticence. Si l’on compte les quelques signes de « bonne foi » délivrés par l’Etat français à l’Algérie, il est loin de la coupe aux lèvres tant ces signes sont loin de refléter les engagements pris par le président français Emmanuel Macron lors de sa visite à Alger en août 2022 concernant la question mémorielle.
A ce jour, de nombreux dossiers restent encore classifiés et le seul fait tangible enregistré de cet engagement demeure la restitution, le 3 juillet 2020, de vingt quatre crânes des symboles de la résistance à l’occupation française et leur rapatriement en Algérie. Un geste qui n’a pas été suivi par d’autres actes de « repentance » en dépit de l’installation à la suite de la Déclaration d’Alger d’une commission mixte algéro-française composée d’historiens algériens et français chargée de travailler sur l’ensemble de leurs archives de la période coloniale et de la guerre d’indépendance. Et bien que la France qui vient de publier ce 27 août sur son JO un arrêté daté du 25 août 2023 autorisant l’accès aux archives notamment les dossiers impliquant des mineurs de moins de 21 ans, l’ouverture des archives reste encore sélective et ne dénote d’aucune volonté d’apurer la question. En décembre 2021, la France avait ouvert ses archives judiciaires liées à la guerre d’Indépendance de l’Algérie et portant sur la période s’étalant entre le 1er novembre 1954 et le 31 décembre 1966. Ces documents et selon l’AFP, étaient difficilement accessibles pour les familles et les chercheurs et constituaient l’un des principaux obstacles eu égard à l’exclusion des dossiers impliquant des mineurs – les moins de 21 ans, selon la législation en vigueur à l’époque. Cette « exclusion » avait d’ailleurs suscité le courroux de l’historien Marc André qui s’indignait en 2022 contre « cette gestion bureaucratique » et lui fera dire que cela « conduit à ignorer la réalité d’une guerre menée par des jeunes » et « la méconnaissance historique redouble symboliquement la violence contre un “mineur” (…) qui n’a pas été jugé par un tribunal pour enfants mais a comparu devant un tribunal militaire : suffisamment majeur à l’époque pour avoir la tête tranchée, il est aujourd’hui suffisamment mineur pour voir son dossier soustrait de la dérogation générale ».
Du chemin reste encore à faire par cette commission dont le rôle principal était « de travailler sur l’ensemble de leurs archives de la période coloniale et de la guerre d’indépendance», précisant que «ce travail scientifique a vocation d’aborder toutes les questions, y compris celles concernant l’ouverture et la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants algériens, ainsi que celles des essais nucléaires et des disparus, dans le respect de toutes les mémoires (…) ». Il est aussi question, comme convenu par la Déclaration d’Alger « (…) d’assurer une prise en charge intelligente et courageuse des problématiques liées à la mémoire dans l’objectif d’appréhender l’avenir commun avec sérénité et de répondre aux aspirations légitimes des jeunesses des deux pays».
Azzedine Belferag