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Ouverture du Sommet africain sur le climat à Naïrobi : Mettre l’Afrique au cœur de la problématique climatique

 Le premier Sommet africain du climat s’est ouvert hier lundi à Nairobi, au Kenya, en présence d’au moins vingt chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi que secrétaire général de l’ONU.

 L’événement est une occasion pour les pays africains d’aborder les problèmes critiques du changement climatique, tracer une voie commune vers la durabilité environnementale et lancer des appels au financement pour ce continent de plus en plus vulnérable aux graves conséquences du réchauffement. Il s’agit de mettre en avant les préoccupations du continent et replacer l’Afrique au centre de la problématique climatique. D’ailleurs lors de la réunion préparatoire de ce sommet, tenue en juillet dernier, la ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables, Fazia Dahlab, a insisté sur « l’importance de placer le continent africain au cœur de la problématique du financement climatique, l’Afrique étant la plus affectée par les effets négatifs du changement climatique ».  La ministre avait appelé, en outre, à « l’adoption d’une approche inclusive pour réaliser la stratégie africaine pour le financement climatique », soulignant l’importance de « prendre en ligne de compte les préoccupations des Etats africains et les différentes initiatives continentales ». Elle a cité, dans ce cadre, l’initiative du président de la République concernant la création d’un mécanisme africain de réponse aux catastrophes naturelles, qui se veut, a-t-elle estimé, « le meilleur moyen pour protéger notre continent ».

Hier dans son discours d’ouverture du sommet, , le président kényan, William Samoei Ruto, président du Comité des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) sur les changements climatiques (CAHOSCC), a appelé à faire de l’Afrique -un continent qui ne représente que 4% des émissions mondiales- « une puissance émergente en matière de croissance verte ».   Il a en outre dit souhaiter que cette rencontre parvienne à une voix commune sur le développement et le climat afin de « proposer des solutions africaines » à la prochaine Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP28) qui se tiendra à Dubaï, aux Emirats arabes unis, du 30 novembre au 12 décembre prochains. « Le sujet majeur (..) est l’opportunité sans équivalent que l’action climatique représente pour l’Afrique », a-t-il ajouté, rappelant le potentiel de l’Afrique pour être entièrement auto-suffisante en énergie grâce aux ressources renouvelables. M. Ruto a précédemment déclaré que « l’action climatique n’est pas un problème du Nord ni un problème du Sud. C’est notre défi collectif, et il nous concerne tous », appelant à « nous rassembler pour trouver des solutions communes et mondiales ». Pour le secrétaire du Cabinet des Affaires étrangères et de la diaspora du Kenya, Alfred Mutua, cité par KNA, le sommet « est une excellente occasion pour le continent africain de s’unir sur toutes les questions liées au changement climatique ». L’Afrique, a-t-il ajouté, « parlera pour la première fois d’une seule voix sur les questions liées au changement climatique et au financement de programmes visant à en atténuer les effets », soulignant que le Kenya « est un leader dans l’adoption d’une énergie plus propre et plus verte, avec près de 95 % de nos besoins en électricité provenant de sources vertes ».   Organisé parallèlement à la Semaine africaine du climat, du 4 au 8 septembre, sous la houlette du gouvernement kényan et de l’UA, ce sommet de trois jours vise à répondre à l’exposition croissante au changement climatique et à ses coûts associés, tant à l’échelle mondiale qu’en Afrique où vivent 1,2 milliard d’habitants avec plus de 60% des meilleurs potentiels mondiaux en énergie solaire.   Le sommet servira de plate-forme pour informer, encadrer et influencer les engagements, les promesses et les résultats, conduisant finalement à l’élaboration de la Déclaration de Nairobi. Il portera sur la fourniture de solutions innovantes en matière de croissance verte et de financement du climat pour l’Afrique et le monde.  Selon le site officiel de l’UA, le sommet « offre l’occasion d’une Déclaration de Nairobi des dirigeants africains sur la croissance verte et les solutions de financement climatique, ainsi que d’un appel à l’action lancé aux Etats membres de l’Union africaine et aux partenaires de soutien pour qu’ils défendent sa mise en œuvre. Il cherche à lancer une nouvelle ambition pour l’Afrique et à inviter à des partenariats avec le reste du monde ». En outre, le sommet fournira une plate-forme pour aborder l’intersection du changement climatique, du développement de l’Afrique et de la nécessité d’un investissement mondial accru dans l’action climatique, en particulier en Afrique.

L’Afrique, où vit 1,2 milliard d’habitants dans 54 pays, est politiquement et économiquement diverse et abrite des populations parmi les plus vulnérables au changement climatique. Un succès à Nairobi donnerait un élan à plusieurs réunions internationales clés avant la COP28, en premier lieu en septembre le sommet du G20 en Inde et l’Assemblée générale des Nations unies, puis en octobre la réunion annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Pour limiter le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle prévu par l’accord de Paris, l’investissement doit atteindre 2.000 milliards de dollars par an dans ces pays en l’espace d’une décennie, a calculé le FMI.

Un projet de « Déclaration de Nairobi » encore en négociation, souligne le « potentiel unique de l’Afrique pour être une partie essentielle de la solution ». Le document cite le vaste potentiel de la région en énergies renouvelables, sa main-d’œuvre jeune et ses atouts naturels, notamment 40% des réserves mondiales de cobalt, de manganèse et de platine, essentiels pour les batteries et l’hydrogène. Mais les défis sont écrasants pour un continent où quelque 500 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité. L’Afrique, qui abrite 60% des meilleurs potentiels mondiaux en énergie solaire, n’a toutefois qu’une capacité installée similaire à la Belgique, ont souligné récemment le président kényan et le patron de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En cause, notamment: seuls 3% des investissements mondiaux de la transition énergétique arrivent en Afrique, ont-ils déclaré.

R.N.

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