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Sécurité alimentaire et autosuffisance en céréales : Un plan stratégique lancé en octobre

Un plan stratégique national à l’horizon 2028 sera lancé dès le mois d’octobre prochain dans l’objectif de développer la production céréalière et assurer l’autosuffisance en matière de céréales.

Le conflit en Ukraine et la crise alimentaire qui s’en est suivie ont mis en lumière toute l’importance l’autosuffisance alimentaire. C’est un fait aujourd’hui, dans un monde secoué par de profonds changements sur le plan géopolitique, la souveraineté d’une nation dépend grandement de sa capacité à produire de quoi nourrir sa population. C’est d’autant plus vrai pour les céréales et particulièrement le blé. C’est dans ce contexte que les pouvoirs publics ont en marche un processus destiné à chercher les moyens de garantir cette autosuffisance et réduire la dépendance de l’Algérie aux importations de des produits alimentaires de base, comme les céréales, le lait, les légumineuses, le sucre et les graines oléagineuses. De ce fait le développement des cultures stratégiques en s’adossant sur les potentialités de l’agriculture saharienne est devenu une priorité. C’est dans ce contexte que s’inscrit justement le Plan stratégique de développement de la production céréalière en Algérie à l’horizon 2028 et qui sera lancé au mois d’octobre prochain. Un plan dont les grandes lignes ont été présentées hier au siège de l’École nationale supérieure des sciences agronomiques et qui a pour objectif de créer toutes les conditions nécessaires pour atteindre l’autosuffisance en céréales. D’ailleurs les experts et responsables de pas moins de six départements ministériels à savoir ceux de l’agriculture, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de l’industrie, de l’énergie, de l’hydraulique et des transports, ont été mobilisés dans le cadre de la préparation de ce plan. Il s’agissait pour eux d’identifier les raisons de l’instabilité de la production céréalière, en particulier du blé tendre, et de proposer des solutions.

Dans ce contexte, le ministre de l’Agriculture et du Développement Rural a souligné que le secteur céréalier est l’une des composantes du secteur agricole en Algérie, qui à son tour est l’un des piliers du développement économique global du pays dans le cadre du Plan National de Développement Agricole à l’horizon 2030. Dans son exposé sur les priorités du secteur, M. Henni a affirmé qu’il s’agit de fournir un climat optimal pour atteindre une agriculture moderne, compétitive et efficace, capable de contribuer à la diversification de l’économie et à renforcer les bases de la sécurité alimentaire durable du pays.

Il a également noté qu’en augmentant la superficie consacrée aux céréales, l’objectif est d’atteindre un million d’hectares de terres irriguées dans le Grand Sud dans le cadre d’investissements par concession d’ici 2025, soulignant que le rythme de distribution des terres s’est accéléré, avec l’attribution d’un portefeuille foncier de 460 000 hectares aux investisseurs. Abordant l’impact de la sécheresse et des changements climatiques que connaît le pays, à l’instar d’autres pays du monde, M. Henni a souligné que ce facteur oblige le secteur à encourager les cultures résistantes à la sécheresse, telles que l’olivier, en particulier dans les wilayas de l’ouest du pays, ainsi que les pistaches et les figues, en utilisant l’eau de manière efficace.

Pour sa part, le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Kamel Baddari a souligné que le plan vise principalement à améliorer la production et le rendement dans le secteur céréalier, ainsi qu’à améliorer la qualité des semences. Il a également expliqué que le document vise à organiser le secteur, à développer les techniques agricoles utilisées dans la production, et à promouvoir la recherche scientifique.

Quant au ministre de l’Industrie et de la Production Pharmaceutique, Ali Aoun, celui-ci a souligné l’importance du secteur industriel dans la contribution à la promotion de l’industrialisation, notant qu’un certain nombre d’établissements publics spécialisés dans l’équipement agricole travaillent à la fabrication de machines agricoles adaptées aux besoins de l’agriculture saharienne.

2,5 millions d’hectares pour les cultures stratégiques

Notons que les grandes de ce plan s’appuient sur l’identification des zones de culture des céréales, ainsi que sur l’amélioration de la qualité des semences et de la production. Ainsi, le directeur de l’École nationale supérieure des sciences agronomiques, le Pr.Tarek Hartani, a indiqué que la stratégie repose sur la nécessité de prendre en compte les résultats des recherches et des études techniques réalisées en Algérie, en particulier celles portant sur les sols et le climat, afin de déterminer les zones optimales pour la culture du blé dur, du blé tendre, de l’orge et de l’avoine, tout en tenant compte de la qualité des semences.

Le Plan stratégique de développement de la production céréalière comprend également l’appel au lancement d’un « projet national visant à convertir les terres non exploitées couvrant environ 2,5 millions d’hectares sur une période de dix ans en des cultures autres que les légumineuses, avec l’affectation de surfaces aux cultures industrielles », selon Tarek Hartani. Il a également recommandé le développement progressif de l’élevage sur les terres dédiées à la culture céréalière dans le nord et le sud du pays, ce qui permettrait d’améliorer la fertilité des sols. Il a également évoqué la proposition de transformer une ferme pilote en un centre de recherche national spécialisé dans l’agriculture pluviale, placé sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, en collaboration avec un pays ayant de l’expérience dans le domaine des céréales. Afin d’améliorer le rendement de la production de blé à l’hectare, le plan appelle également à la « mise en place d’une politique de qualité dans la production de blé à partir de 2024 pour encourager les bonnes pratiques dans le secteur céréalier ».

Notons enfin qu’une commission a été mise en place pour assurer la mise en œuvre et le suivi de ce plan visant à atteindre l’autosuffisance alimentaire, conformément aux directives du président de la République et au programme du gouvernement.

Sabrina Aziouez

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