Le régime marocain refuse l’aide proposée par l’Algérie
La situation qui prévaut au Maroc quatre jours après le séisme qui a touché la ville touristique de Marrakech et sa région vendredi soir reste difficile. Les secours peinent à parvenir à certaines régions, où les populations ont besoin plus que jamais d’abris, d’eau et de nourriture. Une situation qui n’a pourtant pas empêché le gouvernement marocain de refuser l’aide et l’intervention des secours proposés par plusieurs pays. C’est le cas de l’aide proposée par l’Algérie pourtant voisine du Maroc. En effet, alors que l’Algérie avait mobilisé plus de 80 secouristes qui était prêt à contribuer aux opérations de sauvetage des personnes bloquées sous les décombres, notamment après que le ministère marocain de la Justice ait déclaré la prédisposition de son pays à accepter l’aide proposée, le ministère marocain des Affaires a finalement signifié qu’il n’avait pas besoin de l’aide proposé. Un refus dont l’Algérie a pris acte.
Ainsi, un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a rappelé que « dans une déclaration à la presse hier lundi, le ministre marocain de la Justice avait annoncé que le Royaume marocain a accepté les aides humanitaires proposées par l’Algérie, qui seront acheminées en coordination avec le ministère marocain des Affaires étrangères ». Et d’ajouter que « sur la base de cette déclaration, le ministère algérien des Affaires étrangères a informé son homologue marocain, par le biais du Consulat général de l’Algérie à Casablanca et le Consulat général du Maroc à Alger, des mesures prises par le Gouvernement algérien pour la mobilisation de trois avions de grande capacité pour le transport des aides humanitaires au Maroc selon les besoins nécessaires en cas de catastrophes naturelles. Le Consul général d’Algérie à Casablanca était en contact avec la cellule de crise créée au niveau du ministère marocain des Affaires étrangères afin d’officialiser la proposition d’aide présentée par l’Algérie ». Cependant et « alors que l’opération a été parachevée et après insistance des autorités algériennes compétentes durant l’après-midi et la soirée de la journée d’hier, le ministère marocain des Affaires étrangères a pris contact, avant minuit, avec le Consul général algérien à Casablanca.
Le Directeur général du ministère marocain des Affaires étrangères a informé le Consul algérien qu’après évaluation, le Royaume du Maroc n’avait pas besoin des aides humanitaires proposées par l’Algérie ».
« Le Gouvernement algérien prend acte de la réponse officielle du Maroc dont on tire les conséquences évidentes », selon la même source. Une décision qui est incompréhensible au regard de la situation qui prévaut dans les zones sinistrées au Maroc, et qui reflète d’ailleurs le degré d’hostilité que le régime marocain envers l’Algérie au point de refuser une aide et une main tendue, dans un cadre humanitaire, et qui transcende les différents politiques.
Elle reflète surtout le peu de considération que le régime marocain accorde au devenir des populations notamment dans les zones montagneuses. Les images publiées sur les réseaux sociaux démontrent d’ailleurs l’immense détresse que vivent ces Marocains oubliés. Beaucoup dénoncent le refus des autorités de leur permettre d’enterrer leurs morts. D’autres dénoncent l’absence des autorités, l’absence d’eau, de nourriture, d’éclairer et d’abris. Des images montrent de quelle manière certaines familles doivent passer la nuit à la belle étoile, et s’aménager des couches de fortune en plein dans la place touristique de Djamaa El-Fna à Marakech. « L’Etat n’est pas venu, nous n’avons vu personne. Après le séisme, ils sont venus pour compter le nombre de victimes. Depuis, il ne reste plus un seul d’entre eux. Pas de protection civile, pas de force d’assistance. Personne n’est là avec nous », s’insurge Mohamed Aitlkyd, un habitant de Missirat, face à un journaliste de l’AFP. « Nous nous sentons délaissés ici (…) Nos maisons se sont effondrées, et nous n’avons plus de refuge. Où vont habiter toutes ces personnes? », abonde l’une de ses voisines, Khadija Aitlkyd.
Notons que la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFCR) a lancé un appel aux dons de 105 millions d’euros pour aider les victimes du séisme qui a frappé le Maroc.
Hocine Fadheli