Exploitation de la mine de Tala Hamza : Le Gouvernement ouvre le débat
Le projet d’exploitation de la mine de zinc et de plomb de Tala Hamza dans la wilaya de Béjaïa est en phase de lancement. Dans ce contexte, une opération de communication et d’explication a été lancée en direction de la population locale afin de la sensibiliser aux enjeux économiques de la mine, et les assurer de la prise en compte des enjeux environnementaux liés à l’exploitation de la mine en toute transparence.
C’est dans ce contexte que l’université Abderrahmane-Mira de Béjaia a organisé hier une conférence nationale sous le thème « Raréfaction des ressources minières et positionnement de l’Algérie : rôle du gisement de zinc-plomb de Tala Hamza-Oued Amizour », en présence de plusieurs ministres et experts, notamment les ministres de l’Énergie et Mines, de l’Environnement et enfin de l’Industrie, mais aussi d’élus et de représentants de la société civile. Il est vrai que l’exploitation de la mine implique des enjeux économiques mais aussi environnementaux, notamment en ce qui concerne l’impact sur les ressources hydriques de la région et l’exploitation des terre agricoles. Des préoccupations d’ailleurs soulevées par la population. C’est dans ce contexte que cette rencontre a permis d’ouvrir le débat et au Gouvernement de donner des assurances.
C’est dans ce sens que le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a souligné que que le gisement de zinc-plomb de Tala Hamza-Oued Amizour, lequel s’étend sur une superficie de 23,4 hectares et jouit d’une réserve exploitable de 34 millions de tonnes de minerais, représentait l’une des plus grandes réserves mondiales de ces métaux stratégiques dont l’exploitation boostera la croissance économique. Il a d’ailleurs souligné toute l’importance que l’État accorde à l’exploitation de ce gisement laquelle entre dans le cadre du plan de développement minier lequel revêt une importance stratégique. Il met en avant, dans ce contexte, toute l’importance que les ressources minières revêtent aujourd’hui. Le ministre a rappelé que la demande mondiale accrue sur les métaux et les produits associés dans de nombreux secteurs industriels avait entraîné leur amenuisement, voire la raréfaction de certains d’entre eux, faisant de l’accès à ces métaux « un enjeu direct sur les marchés internationaux », d’où la nécessité, a-t-il dit, de « mettre en place des solutions proactives dans le domaine de la recherche, de la prospection et de l’exploitation pour assurer leur disponibilité et répondre à la demande locale tout en renforçant leurs parts sur les marchés mondiaux ». Dans cette perspective, M. Arkab a fait observer que « si l’Algérie dispose d’une grande abondance de ressources minérales, tous types confondus, l’activité minière ne représente qu’une part infime du PIB par rapport à d’autres pays », d’où la nécessité de développer l’activité minière. Il a ainsi mis en avant les réformes et les mécanismes mis en place pour encourager la recherche, la prospection, l’exploitation et la promotion des entreprises versées dans l’industrie minière et développer le secteur des industries extractives. Concernant le cas particulier de la mine de Tala Hamza, le ministre a souligné que ce projet permettra de « booster la croissance économique et l’activité d’investissement, contribuant ainsi à l’augmentation des recettes ». Concernant l’organisation de la conférence, M. Arkab a fait savoir que cette rencontre permettra d’aborder tous les aspects économiques, techniques et environnementaux liés au gisement de zinc-plomb de Tala Hamza-Oued Amizour et d’évoquer ses répercussions économiques et sociales positives sur la région et contribuera à répondre à toutes les interrogations et préoccupations légitimes de la population de la région. Il est utile de noter que selon la fiche technique du projet, la capacité de production attendue de la mine est de 200.000 tonnes/an dont 170.000 tonnes/ans de zinc et 30.000 tonnes/an de plomb. Ce projet permettra la création de 786 emplois directs et de plus de 4.000 autres indirects, d’après le ministère qui prévoit la réalisation d’un chiffre d’affaires de 215 millions usd et d’un résultat net de 60 millions usd. De son côté, la ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables, Fazia Dahleb, a affirmé que « toutes les mesures ont été prises pour protéger l’environnement des éventuels impacts du projets », rassurant les habitants. Selon la ministre, « l’étude du dossier de ce projet a fait l’objet d’un suivi permanent par les hautes autorités du pays, à travers des rapports hebdomadaires détaillés envoyés aux services du Premier ministre, pour le tenir informé de l’état d’avancement de l’étude du dossier par le ministère de l’Environnement ». La ministre a fait état de l’élaboration d’un plan de suivi et de gestion de l’aspect environnemental du projet, contenant toutes les mesures à même de réduire l’éventuel impact de l’exploitation de ce gisement, grâce à l’utilisation de technologies de pointe permettant de réduire les émanations polluantes. Mme Dahleb a également souligné que « des mesures ont été prises pour suivre le dossier de gestion de l’eau dans cette région », à travers la mise en place un système de drainage et de collecte des eaux pour en réutiliser 50% dans le système de production industriel du gisement, la protection de la biodiversité et le développement d’un programme de surveillance environnementale pour permettre « une évaluation continue » de l’impact environnemental du projet.
Pour rappel, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, avait ordonné en mai dernier, lors d’une réunion du Conseil des ministres, d’accélérer la cadence de la réalisation du projet d’exploitation du gisement de zinc-plomb de Oued Amizour, soulignant l’importance économique « majeure » du projet. Le Président Tebboune avait ordonné, à cette occasion, de réduire tous les délais liés aux chantiers techniques secondaires pour accélérer l’entrée en exploitation de ce projet, d’autant que l’étape des régularisations administratives est dépassée. Des insructions qui ont permis d’accélérer le lancement du projet. Les études menées en septembre 2022 et janvier 2023 ont été finalisées, la méthode d’exploitation la plus en accord avec les préoccupations environnementales a été choisie et le potentiel de la mine identifié, de même que les procédures administratives ont été finalisées pour permettre le lancement des travaux. Terramin qui exploite cette mine en partenariat avec le groupe public Manadjim Al Djazair (Manal) a annoncé au mois de mai dernier avoir obtenu le permis après de l’Agence nationale des activités minières. A noter que la réalisation de ce projet dont le coût est estimé de 471 millions usd, passera par trois étapes principales. La 1ère étape concernera la construction de la mine et de l’usine en 2 à 3 ans tandis que la deuxième sera consacrée à la mise en exploitation de la mine pour 19 ans. Lors de la 3ème phase il sera procédé à la fermeture et à la réhabilitation du site exploitée pour 5 ans.
Sabrina Aziouez