Le FMI table sur un rebond de la croissance en Algérie
Le Fonds monétaire international a révisé à la hausse ses prévisions de croissance économique en Algérie. Dans sa dernière mise à jour des perspectives économiques régionales pour la zone Afrique, l’institution de Bretton Woods table sur un taux de croissance de 3,8% en Algérie en 2023 contre une prévision de 2,5 % dans son rapport publié en avril dernier.
La croissance économique devrait connaître un rebond cette année en Algérie. Dans son rapport spécial sur l’Afrique, le Fonds monétaire international table sur une hausse de la croissance cette année. Celle-ci devrait atteindre un taux de 3,8% cette année contre 3,2% en 2022. Selon le FMI, la croissance devrait reculer à 3,1% en 2024. L’institution de Bretton Woods souligne aussi que les indicateurs extérieurs devraient demeuraient solides avec des soldes extérieurs positifs en 2023 et 2024, malgré leur recul. Un recul soulignons-le dû notamment à la baisse des cours des hydrocarbures sur les marchés internationaux et la hausse des importations. L’excédent du compte courant devrait ainsi passer de 9,8% du PIB en 2022 à 2,9% du PIB cette année, puis à 1% du PIB en 2024.
Les données du FMI démontrent cependant que l’économie algérienne devra faire face à certains défis, notamment la maîtrise de l’inflation. Les tableaux publiés en annexe du rapport démontrent ainsi que l’inflation devrait demeurer élevée cette année à 9% avant de tomber à 6,8 % en 2024. Il s’agit aussi des indicateurs internes, notamment la gestion du déficit budgétaire, induit par la hausse des dépenses publiques et la dette publique globale, dont le niveau reste stable toutefois. Le FMI table ainsi sur une hausse du déficit budgétaire à 8,6% du PIB en 2023 puis à 12 du PIB l’année prochaine. Concernant la dette publique globale alimentée notamment par la dette interne, celle-ci devrait s’établir à 55,1% du PIB cette année et 58,8 % du PIB en 2024. Enfin selon les chiffres publiés, le niveau des réserves de change devrait permettre de couvrir un peu plus de 16 mois d’importations cette année et l’année prochaine.
Globalement et en ce qui concerne les prévisions continentales, le Fonds fait part de signes d’une reprise progressive de l’activité économique. « Dans un petit nombre de grands pays africains, l’activité a été plus solide que prévu au premier semestre de l’année, grâce à une reprise continue dans le secteur des services, au regain du tourisme, à une augmentation plus forte qu’anticipé des envois de fonds des travailleurs migrants, à l’augmentation de la production agricole et à l’extraction des ressources », souligne le rapport. En conséquence, la croissance sur le continent africain devrait se renforcer pour atteindre 3,8 % en 2024. « Contrairement à 2023, la croissance devrait décoller en 2024 sous l’effet de la hausse de la consommation et de l’investissement privés dans trois quarts des pays de la région environ », précise-t-on. Malgré ces indicateurs positifs, le FMI souligne que l’Afrique reste confrontée « à une série de défis redoutables pour sa stabilité économique à court terme, et sa résilience future ainsi que sa prospérité à long terme dépendent fondamentalement de réformes structurelles souvent difficiles ». Il souligne ainsi certains facteurs de risque, à l’image de l’instabilité politique dans certains pays du continent, une possible volatilité accrue des cours des produits de base ou un ralentissement de l’économie chinoise réduirait la demande mondiale, avec des conséquences néfastes pour le continent. Le FMI souligne la nécessité pour les pays du continent de se pencher sur la maîtrise des prix des denrées alimentaires dans la mesure où « dans l’immédiat, l’inflation reste trop élevée et sujette à risque. Bien que les taux aient tendance à baisser dans presque deux tiers des pays africains, l’inflation demeure supérieure aux niveaux prépandémiques dans la plupart des cas, aggravant le problème du coût de la vie auquel sont confrontées les populations les plus vulnérables du continent ». Le FMI recommande aussi de prendre des mesures de politique monétaire fermement axées sur la stabilité des prix. « C’est là une priorité pour remédier à la crise du coût de la vie sur le continent, qui permettrait en outre de renforcer la crédibilité des banques centrales et la résilience macroéconomique dans son ensemble », souligne le rapport et d’ajouter que la politique budgétaire doit continuer de rééquilibrer les finances publiques tout en apportant une aide sociale ciblée aux populations les plus vulnérables.
Il recommande aussi de procéder à des réformes structurelles de grande ampleur, en particulier dans les pays tributaires des ressources naturelles où la diversification de l’économie devra être accélérée . « Il conviendra aussi de réorienter la croissance pour qu’elle ne soit plus stimulée par l’État, mais par l’innovation du secteur privé », précise-t-on. Le FMI évoque enfin la mise en oeuvre des engagements pris dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Le fonds rappelle dans ce cadre que selon ses estimations, « en éliminant les barrières commerciales comme l’envisage la ZLECAf et en améliorant l’environnement commercial au sens large, le commerce médian de marchandises entre les pays d’Afrique pourrait augmenter de 53 %, et le commerce avec le reste du monde, de 15 %. Le PIB réel par habitant du pays africain médian augmenterait ainsi de plus de 10 % ».
Samira Ghrib