Liquidation de l’usine algéro-turque de fer (ATF) : Les travailleurs demandent une commission d’enquête
Les travailleurs la société algéro-turque de fer (ATF) d’Annaba reviennent à la charge pour réclamer leurs dus non perçus depuis deux ans, apprend-on auprès de certains d’entre-deux. Ils étaient des dizaines de travailleurs à s’être rassemblés mardi, devant le siège de la wilaya, demandant l’intervention d’Abdelkader Djellaoui, wali d’Annaba , avons-nous constaté sur place. Les contestataires ont interpellé le chef de l’exécutif local quant à l’envoi d’une commission d’enquête, afin d’examiner leur situation en suspens, depuis 2009 après la liquidation et la vente de l’usine ATF, ont fait savoir certains parmi nos interlocuteurs. Les protestataires ont exprimé l’ampleur de la souffrance et de la crise étouffante qu’ils traversent en raison de la non perception de leurs indemnisations et leurs dus financiers qu’ils attendent depuis des années et ce malgré les pies exécutives confirmant leur droit à une indemnisation, étant donné que leur dossier a été tranché judiciairement au cours de l’année 2010 à l’issue d’un jugement rendu par le tribunal d’El Hadjar, ont expliqué les travailleurs. Un document obligeant la direction de l’ATF à verser aux travailleurs une indemnisation financière en plus de leurs salaires non payés. Une situation qui a contraint, nous dit-on, quelque 365 travailleurs, notamment en cette période de hausse des prix des différents produits de consommation et de la détérioration du pouvoir d’achat. D’autant plus que la majorité des protestataires sont des chefs de famille qui ont du mal à subvenir aux besoins élémentaires de leurs familles. Nos interlocuteurs ont brandi les correspondances soumises moult fois aux autorités concernées ainsi qu’au élus au Parlement afin de prendre en charge ce dossier qui n’a que trop duré. Il est utile de rappeler que l’ATF l’usine Algéro-Turque de fer implantée dans la zone industrielle pont Bouchet lot 56 commune d’El Hadjar a été fermée en 2009 suite à la fuite à l’étranger de son propriétaire. Rappelons que la fermeture de cette usine avait été qualifiée d’encombrante pour les autorités de l’époque. Les travailleurs avaient pourtant lancé un appel de détresse qui n’a reçu comme réponse que de vagues promesses pour la prise en charge de leur problème par la wilaya, rappelle-on encore. Depuis rien n’a été entrepris pour régler ce problème devenu récurrent. Le propriétaire de l’unisie avait en 2003 monté une unité de production de rond à béton et de cornières à partir de métaux ferreux et non ferreux de récupération. Les problèmes avec l’administration, avaient commencé pour cet investisseur étranger en 2006, alors qu’il venait d’achever la construction de la chaine de lumination et de mettre en service un premier haut fourneau. Du coup, l’investisseur décida d’abandonner le projet et rentrer dans son pays d’origine la France. On rappelle que le premier litige opposant l’entreprise à la direction régionale des impôts, se rapportait à une facture d’importation de matières premières présumées fictives, ainsi que l’existence à son nom d’une unité spécialisée dans la récupération et la vente de la ferraille. Situation qui avait prévalu à l’investisseur, un premier redressement fiscal de 25.000.000 DA puis d’un second d’un montant de 60.000.000 DA. Les ennuis de l’opérateur ne s’étaient pas limités à ce stade. Ce projet pourtant prometteur du point de vue de création de richesse et de postes d’emplois, dans une zone industrielle où, les unités de production feramient les unes après les autres. Ce qui a suscité la curiosité des services de sécurité de l’époque. Une enquête avait été, dès lors, ouverte sur l’origine des fonds capitaux conséquents que possédaient l’investisseur qui avait été mis en examen pour évasion fiscale et pour blanchiment d’argent. L’enquête s’était conclue par une mise sous mandat de dépôt. Comparissant, 6 mois après, devant le tribunal d’El Hadjar, l’opérateur a été acquitté. Mais durant la période de la détention, les 365 travailleurs ont été mis au chômage. Sans même parvenir à amorcer la reprise de l’usine que l’investisseur est une nouvelle fois harcelé par les services du fisc qui lui ont réclamé 150 milliards de centimes au titre d’un redressement fiscal. L’investisseur a jeté l’éponge et est rentré en France, abandonnant et laissant derrière lui des centaines de salariés désemparés. Ces derniers qui au bout d’une bataille juridique ont eu gain de cause seulement sur ‘’papier’’. Puisque l’usine ATF a été liquidée puis vendue mais les travailleurs n’ont pu bénéficier d’une quelconque indemnisation ou droit financier, à ce jour.
Sofia Chahine