Ghaza : Accélérer la procédure à la CPI
Le collectif d’avocats qui a saisi la Cour pénale internationale sur les crimes de l’occupation sioniste à Ghaza fait tout pour entamer la procédure en toute urgence. Dans ce contexte l’initiateur de l’action, Me Gilles Devers, avocat au barreau de Lyon (France), enseignant chercheur et maître de conférences français, mais aussi avocat du Front Polisario au Sahara occidental, a indiqué dans une déclaration à la Radio algérienne qu’après le dépôt de la plainte, « la deuxième étape se déroulera le mois prochain, avec l’organisation d’une réunion avec les victimes ». « Ce que nous avons pu faire pour soutenir le peuple palestinien victime, c’est la plainte déposée au niveau de la CPI contre l’entité sioniste. Nous appelons tous les pays du monde à adhérer à cette initiative. Nous continuerons notre combat », affirme encore Me Devers. Selon l’avocat, ce qui préoccupe le plus dans cette affaire, ce sont les multiples bombardements incessants sionistes contre les hôpitaux, notamment l’hôpital El Chifaa en ce moment même. « De nombreux blessés et patients ont péri. C’est quelque chose que nous n’avons jamais vu dans notre histoire. Il n’est même plus possible de faire des funérailles pour les victimes, puisque la situation sécuritaire est véritablement impactée », regrette-t-il.
Pour rappel, un collectif d’avocats, d’organisations et de représentants de la Société civile à travers le monde a déposé, jeudi 9 novembre courant, au niveau de la Cour pénale internationale (CPI), une plainte contre l’entité sioniste pour génocide et crimes de guerre commis contre le peuple palestinien. Une action lancée à l’initiative de Le collectif qui s’est constitué autour de Me Devers comprend quelque 300 avocats de diverses nationalités dont des Algériens et une centaine d’associations et d’ONG (organisations non gouvernementales). Le noyau dit rester ouvert et lance un appel à tous les défenseurs des droits humains et des causes justes de par le monde à le rejoindre.
En attendant, l’occupant multiplie les bombardements et s’évertue à cibler les hôpitaux, les ambulances et les personnels de santé. Des bombardements dont le bilan est très lourd.
Le ministère palestinien de la Santé a annoncé hier que 11.360 Palestiniens sont tombés en martyrs et plus de 30.000 autres ont été blessés au 38e jour de l’agression sioniste sur Ghaza. Le ministère a indiqué que le nombre des martyrs dans la bande de Ghaza s’est élevé à 11.180, dont 4.609 enfants, 3.100 femmes et 678 personnes âgées, et le nombre des blessés a grimpé à 28.200. En Cisjordanie occupée, le nombre de martyrs s’est élevé à 180 martyrs et à 2 700 blessés. Le ministère a souligné dans son rapport quotidien, qui couvre la période du 7 octobre jusqu’au dimanche soir, que 3.250 citoyens sont toujours portés disparus ou sous les décombres, dont 1 700 enfants. Il a déclaré que 6 bébés prématurés et 9 patients de l’hôpital Al-Shifa sont tombés martyrs, en raison de manque de carburant et d’une panne de courant. Le ministère a enregistré 202 martyrs parmi le personnel de la santé et 36 membres de la Défense civile, et plus de 130 blessés, tandis que 60 ambulances ont été endommagées, dont 53 complètement hors service.
L’Agence de presse palestinienne WAFA a rapporté que les avions de guerre de l’occupant ont bombardé, hier les quartiers de l’ouest de la ville de Ghaza, faisant des dizaines de martyrs et de blessés, sans que les ambulances puissent les atteindre, en raison des chars de l’armée sioniste qui assiègent les quartiers et zones. Pris au piège des attaques, les hôpitaux de Ghaza sont submergés et désormais « hors service », selon les autorités locales. Le porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza, Ashraf Al-Qidra, qui se trouvait à l’hôpital Al-Chifa, a déclaré que 32 patients étaient décédés au cours des trois derniers jours, dont trois nouveau-nés, à cause du siège de l’hôpital et du manque d’électricité.
L’organisation non gouvernementale Médecins sans frontières (MSF) a déclaré, lundi, qu’une ambulance transportant des patients a été la cible d’une frappe israélienne, près de l’hôpital Al-Chifa à Gaza. « Quand nous avons envoyé l’ambulance pour secourir les blessés, l’armée israélienne a lancé son attaque à quelques mètres de l’ambulance. Il y a des blessés autour de l’hôpital qui attendent d’être soignés. Nous ne pouvons pas les faire entrer », a déclaré l’organisation humanitaire basée en France, sur la plateforme X, citant l’un de ses chirurgiens à l’hôpital. « Il y a aussi un tireur d’élite qui a pris pour cible des patients. Ils ont été blessés par balles et nous avons réussi à opérer trois d’entre eux », a indiqué MSF. L’organisation a également noté que le personnel a refusé de quitter les lieux si les patients ne sont pas évacués au préalable, précisant que parmi les 600 patients hospitalisés figurent 37 bébés et un patient nécessitant des soins intensifs.
Le sous-secrétaire du ministère palestinien de la Santé dans la Bande de Gaza, Youssef Abu Al-Rish, a déclaré pour sa part, que des centaines de corps de morts sont entassés dans la cour de l’hôpital médical al-Shifa, assiégé par les forces israéliennes, ce qui laisse présager »une épidémie et un véritable désastre ». S’exprimant à l’agence de presse turque Anadolu, Abu al-Rish a affirmé que »les forces d’occupation ciblent les cours de l’hôpital al-Shifa, où sont entassés les corps de centaines de morts », alertant contre »l’apparition d’une épidémie et d’un véritable désastre ». Dans ce contexte, Abu al-Rish a noté que »le ministère de la Santé n’est plus en mesure de compter le nombre de morts et de blessés, en raison des attaques israéliennes incessantes ». Par ailleurs, plusieurs Palestiniens sont tombés en martyrs et d’autres ont été blessés suite à un bombardement de l’armée d’occupation sioniste qui a visé un immeuble résidentiel dans le quartier d’Al-Khoulafa, au centre du camp de réfugiés de Jabalia, dans la région nord de la bande de Ghaza. Le territoire palestinien, où environ 1,6 des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre selon l’ONU, est soumis à un siège total imposé par l’occupation depuis le 9 octobre, privant la population d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments. Les agences de l’ONU ont observé lundi une minute de silence pour les 101 membres du personnel tués jusqu’à présent à Ghaza, soit le plus grand nombre de victimes humanitaires depuis la création de l’organisation. Les drapeaux ont aussi été mis en berne lundi sur les bâtiments de l’Organisation des Nations unies (ONU) partout dans le monde. Alors que l’agression entre dans sa sixième semaine, le patron de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) à Ghaza a prévenu lundi que les « opérations humanitaires cesseront sous 48 heures, aucun carburant n’étant autorisé à entrer à Ghaza ». En cinq semaines de frappes sionistes sur Ghaza, l’UNRWA dit avoir recensé « plus de 60 cas de dégâts collatéraux ou de frappes directes infligés à ses infrastructures, majoritairement des écoles accueillant des milliers de civils ». L’agence, qui accueille quelque 780.000 déplacés dans ses abris, affirme qu' »au moins 66 déplacés ont été tués et des centaines blessés » dans ces bombardements. Dans 70% des cas,insiste l’UNRWA, ces infrastructures se trouvaient dans le sud de la bande de Ghaza, où pourtant l’entité sioniste avait appelé les Palestiniens à se rendre pour « se mettre à l’abri » et éviter ses frappes dans le nord de l’enclave.
Samir Benisid