Économie

Transition énergétique : Nouvelle passe d’armes entre l’Opep et l’AIE

Le Secrétaire général de l’Opep, Haïtham Al Ghais, a une fois de plus dénoncé l’attitude de l’AIE, laquelle cherche, souligne-t-il, à diaboliser l’industrie pétrolière et gazière.

La COP 28 doit s’ouvrir jeudi aux Émirats arabes unis. Et à quelques jours de ce rendez-vous, on assiste à une nouvelle passe d’armes entre l’AIE et l’Opep concernant l’avenir énergétique de la planète.  L’Agence internationale de l’Énergie, organisme qui défend les intérêts du G7, s’est lancé dans campagne destinée à clouer l’industrie pétrolière et gazière au pilori et lier l’atteinte des objectifs climatiques avec la fin de l’industrie pétrolière et gazière et appelle à la fin des investissements dans ce secteur. Une attitude dénoncée vertement par l’Opep qui pointe une démarche irresponsable, qui ne s’appuie aucunement sur les données du terrain, mais se complait dans une approche purement idéologique qui risque de compromettre l’avenir énergétique de la planète. Un avenir qui ne peut être garanti que par une transition énergétique réaliste et progressive assise sur un mix énergétique qui pourra permettre d’allier les objectifs climatiques avec la transition et la couverture des besoins énergétiques réels qui augmenteront de manière exponentielle au cours des prochaines années. C’est donc un à nouvel épisode de cette confrontation que l’on assite à la ville de l’ouverture de la COP28. L’AIE a d’ailleurs saisi l’occasion de l’événement de l’année consacré au climat pour publier un nouveau rapport qui estime que l’industrie des énergies fossiles était confrontée à un « moment de vérité » où les producteurs devaient choisir entre aggraver la crise climatique ou passer aux énergies propres.

Une sortie, une fois de plus dénoncée par l’Opep. Ainsi le SG de l’Organisation qui compte les principaux producteurs de pétrole au monde, Haitham Al Ghais, a dénoncé les propos de l’AIE, soulignant que celle-ci veut diaboliser l’industrie pétrolière et gazière. « Cela présente une vision extrêmement étroite des défis qui nous attendent et minimise peut-être de manière opportune des questions telles que la sécurité énergétique, l’accès à l’énergie et l’abordabilité de l’énergie », a déclaré Al Ghais dans un communiqué. « Cela diabolise également injustement l’industrie en la présentant comme responsable de la crise climatique. » Al Ghais a accusé l’AIE de chercher à restreindre les « actions souveraines » des nations en développement en mettant la pression sur leurs compagnies pétrolières nationales.

Il est utile de rappeler dans ce contexte que l’AIE a appelé à la fin des investissements dans le secteur pétrolier et gazier. Elle a également publié des prévisions selon lesquels la demande mondiale d’énergies fossiles atteindra son pic d’ici 2030 avec la multiplication des voitures électriques sur les routes et la croissance plus lente de l’économie chinoise tout en se tournant vers des énergies plus propres. Des prévisions qui ont été contredite non seulement par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole qui estime que la demande de pétrole augmentera de 16,5% en 2045 et le Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) lequel a mis en garde contre les appels au désinvestissement dans le secteur, mais aussi par les opérateurs du secteurs actifs sur le terrain, y compris ceux qui se sont engagés dans une démarche de transition énergétique. C’est le cas de Patrick Pouyanné P-DG de TotalÉnergies qui a récemment et clairement remis en cause le réalisme de l’AIE. Il a indiqué que le gaz restera une énergie indispensable jusqu’à au moins 2050. Selon TotalÉnergies, la part du gaz naturel dans la demande mondiale d’énergie va se maintenir autour de 22% à 24% d’ici à 2050, quel que soit le scénario et l’effort mondial pour enrayer le réchauffement climatique. De son côté, le GECF estime que la consommation de gaz naturel augmentera de 36% et la contribution de cette ressource au mix énergétique mondial passera de 23% actuellement à 26% d’ici 2050.

Samira Ghrib

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