2024, année du déploiement du rail
La réalisation de plus de 5.600 km de lignes de chemins de fer est en cours d’étude au niveau de l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (ANESRIF), alors qu’une quinzaine de lignes est en cours de réalisation. L’objectif est de réaliser un maillage du territoire national, raccorder les pôles industriels, ports et villes du pays, afin d’assurer les conditions d’un développement économique équilibré du Nord au Sud et d’Est en Ouest.
L’année 2024 sera celle du déploiement du rail. D’importantes enveloppes budgétaires ont été mobilisées pour la réalisation de nouvelles lignes de chemin de fer afin de désenclaver certaines régions du pays, notamment dans le Sud et aux frontières, et réaliser une infrastructure sur laquelle s’appuiera le développement économique de l’ensemble des wilayas. Dans ce contexte, que directeur général de l’Agence nationale
d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (ANESRIF), Azzedine Fridi a mis en avant hier lors d’une audition devant la Commission des transports et des télécommunications de l’Assemblée populaire nationale un vaste programme de développement du rail qui permettra de porter l’étendue du réseau ferroviaire nationale de 4737 km actuellement exploités à plus de 15.000 km à la fin du programme.
Dans l’exposé à travers lequel, il a abordé « la stratégie de développement du réseau ferroviaire au niveau national », Azzedine Fridi a évoqué le raccordement de différentes zones industrielles, des ports, des zones d’activités et des villes nouvelles, en sus de l’intensification du réseau ferroviaire, en vue de permettre le développement régional équilibré dans les régions de l’intérieur du pays (Nord, Hauts-Plateaux, Sud et Grand Sud) au plan socio-économique. Le même responsable a indiqué que « la longueur des voies ferrées exploitées, s’élève actuellement à 4.734 km, et il est attendu d’atteindre à court et moyen terme les 6.500 km, pour parvenir à la fin des programmes à 15.000 km », selon un communiqué de l’APN. L’année en cours risque d’être une année charnière pour le développement du rail, dans la mesure où il a évoqué pas mois de 15 lignes de chemin de fer en cours de réalisation sur un linéaire total de 2773 km, dont 727 km relatifs au dédoublement des lignes actuelles. Relevant les deux lignes minières en cours de réalisation dans la partie est du pays, à savoir Annaba- Bled El Hadba (422 km) sur un parcours dédoublé, M. Fridi a estimé que cette ligne sera capable de transporter toute la demande estimée à environ 23 millions de tonnes annuellement en phosphate intégré et en fer brut, depuis les mines de Bled El Hadba, de Djbel el Onk, de Boukhadra et d’Ouenza ». Il a indiqué que la ligne Béchar-Tindouf-Gara Djebilet, du côté ouest du pays, d’une longueur de 950 km « est en mesure de transporter toutes les demandes de minerai de fer, soit 50 millions de tonnes/an en provenance des mines de Gara Djebilet et 25 millions de tonnes/an de produits semi-finis des usines de transformation ». Le même responsable a également indiqué que la réalisation de pas moins de 5650 km de lignes de chemins de fer sont actuellement en cours d’étude pour désenclaver différentes villes et localités sur l’ensemble du territoire nationale. Le même responsable a en outre abordé la stratégie sur la scène internationale, dont la réalisation de passages internationaux pour le transport ferroviaire. Il est utile de rappeler que d’importants moyens financiers ont été mobilisés par les pouvoirs publics dans le cadre du programme de développement du rail. Le ministère des Travaux publics et des infrastructures de base a bénéficié d’une rallonge budgétaire, au titre de l’exercice 2023 pour mener ce programme. Un décret présidentiel daté du 26 décembre 2023 et publié dans le Journal officiel du 10 janvier acte le transfert d’un crédit de plus de 481 milliards de dinars -l’équivalent de plus de 3,5 milliards de dollars- du chapitre « Dépenses imprévues » au titre de la Loi de finances complémentaire 2023 vers le département de Lakhdar Rakhroukh. Cette enveloppe est destinée aux programmes de Développement des infrastructures routières, maritimes et ferroviaires. Cependant, c’est le rail qui se taille la part du lion dans ce programme exceptionnelle. Selon l’annexe du décret, plus de 432 milliards de dinars, soit l’équivalent de plus de 3,2 milliards de dollars au taux de change actuel, sont mobilisés en faveur du programme de développement des infrastructures ferroviaires.
Samir Benisid