45.000 hectares de tournesol à planter dans le Sud cette année : La filière oléagineuse relancée
Un programme de développement de la culture de tournesol est lancé en ce mois de mars. L’objectif est de planter 45.000 hectares de champs de tournesol dans le Sud cette année, avant de porter cette surface à 150.000 hectares d’ici à deux ans. A terme, il s’agit de produire 300.000 tonnes de graines de tournesol à l’horizon 2026, et réduire de manière significative la facture à l’importation.
Le conflit en Ukraine a mis à nu la vulnérabilité de nombreux pays, notamment en Afrique, aux fluctuations du marché des produits alimentaires de base. Au-delà de la hausse immédiate des prix qui a suivi le début de l’opération russe en Ukraine, ce sont les problématiques d’approvisionnement en céréales, mais aussi en graines oléagineuses -l’Ukraine et la Russie étant de gros producteurs d’aliments de base- dans un contexte de concurrence accrue pour l’accès aux matières premières alimentaires qui ont souligné la menace que fait peser la dépendance aux marchés internationaux sur la sécurité alimentaire des pays. Une réalité à laquelle l’Algérie n’échappe pas et qui impose depuis une nouvelle politique nationale de développement des cultures stratégiques, notamment dans le cadre de l’agriculture saharienne. Ainsi, et au-delà du programme initié pour développer la céréaliculture, avec pour objectif de porter la production de blé à 9 millions de tonnes d’ici à 2025, le programme de développement des cultures stratégiques mise sur la production d’oléagineux, et particulièrement du tournesol, une aubaine pour les céréaliculteurs d’autant plus qu’il permet de fertiliser les sols dans un contexte de rotation des cultures. Après les opérations pilotes menées dans plusieurs wilayas afin de promouvoir la culture de Colza ces deux dernières années, les pouvoirs publics comptent relancer la filière à travers un programme de développement de la culture de tournesol dans le Sud du pays, lancé en ce mois de mars. Dans ce contexte, Mohamed El-Hadi Sakhri, directeur de la production et de la régulation des filières végétales au ministère de l’Agriculture et du Développement rural, a annoncé hier lors d’une rencontre sur le programme du développement des cultures oléagineuses, tenue à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), que cette campagne a pour objectif la plantation des 45 000 hectare de tournesol cette année. « La première phase de ce programme, lancée récemment, porte sur une plantation de 10.000 hectares entre mars et juin dans les wilaya du sud alors que les 35.000 hectares restants seront plantés au niveau des wilayas du sud entre juin et juillet », a expliqué le même responsable. Celui-ci a d’ailleurs souligné que les objectifs à terme pour la filière sont ambitieux. Il explique ainsi que « les superficies des oléagineuses devraient augmenter progressivement pour atteindre 80.000 hectares en 2025 puis 150.000 à l’horizon 2026, avec une production prévisionnelle de 300.000 tonnes de graines de tournesol et 135 millions de litres d’huile par an ». « Ces quantités escomptées permettraient à l’Algérie de réduire ses importations d’huiles brutes et de tourteaux utilisés dans l’alimentation du bétail « , a-t-il assuré, en rappelant la facture colossale » de ces deux produits estimée à presque 1,2 milliards de dollars par an. Mohamed El-Hadi Sakhri a d’ailleurs appelé les agriculteurs et les chambres d’agriculture au niveau local à adhérer et soutenir le nouveau programme d’autant plus que l’État a mis en place des incitations pour le développement de cette filière. Parmi ces principales mesures de motivation, il a cité la prime à la production fixée à 3000 DA par quintal accordée aux agriculteurs individuels, aux fermes pilotes et aux entreprises économiques et qui augmente à 3500 dinars pour les agriculteurs structurés en coopératives agricoles. Par ailleurs, une prime de 500 dinars par quintal sera accordée aux unités de transformation disposant d’un contrat avec les producteurs afin de les inciter à introduire les graines oléagineuses produite localement pour la production d’huile végétale. Le dispositif prévoit également une prime de 900 DA par quintal aux CCLS (Coopératives des céréales et des légumes secs) ainsi qu’aux opérateurs privés chargés de stoker les graines livrées par les producteurs. Pour sa part, le secrétaire général du ministère, Hamid Bensaad, qui a également pris part à cette rencontre, a insisté sur le rôle primordial des chambres d’agriculture et les instituts agronomiques dans la réussite de cette campagne notamment à travers leur présence sur le terrain pour accompagner les agriculteurs et les sensibiliser sur l’intérêt du respect de l’itinéraire technique afin de rentabiliser leur rendement et améliorer leur revenu.
Enfin, le secrétaire général du Conseil national interprofessionnel de la filière des céréales, Abdelghani Benali, a salué la relance de cettela filière, qui au-delà de de son intérêt économique, permet d’améliorer le rendement de la céréaliculture à travers le système de rotation, dans la mesure où la culture d’oléagineux est une alternative à la jachère. Il a estimé que cette filiale constituait une aubaine pour les céréalicultures qui auront l’occasion de cultiver les oléagineux sur les surfaces dédiés à la culture des céréales juste après la campagne moisson battage.Outre la diversification de la production agricole, ce système de rotation contribue grandement à la fertilisation des sols, a-t-il soutenu.
Sabrina Aziouez