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Un narco-État qui menace la région

Un nouveau scandale vient d’éclabousser le régime marocain. Le journal ibérique « El Español » vient de publier une enquête dans laquelle il met en lumière l’implication de la marine royale marocaine dans les réseaux de trafic de drogue et sa complicité active dans l’introduction dans de stupéfiants en Espagne.

Principal producteur et exportateur de cannabis et plaque tournante du trafic de drogue produite par les cartels latino-américains vers l’Europe et l’Afrique, le Maroc est un narco État dans tous les sens du terme. Les formes de criminalité liées au trafic de drogue, le blanchiment d’argent, la prédation et la corruption font partie intégrante de l’ADN du régime marocain pourri. Une réalité qui vient une nouvelle fois d’être confirmé par un énième scandale lié à l’implication de composante du régime makhzénien dans les réseaux de trafic de drogue. Ainsi, quelques semaines après le séisme provoqué par l’affaire de « Escobar du désert » qui mis en lumière les accointances entre les réseaux de trafic de drogue et les hautes sphères politiques au Maroc, voilà qu’une nouvelle affaire démontre la complicité, les forces armées et plus particulièrement de la marine royale marocaine, dans l’acheminement de drogue vers l’Espagne. Le journal ibérique « El Español » vient de publier une enquête dans laquelle il met en lumière l’implication de la marine royale marocaine dans les réseaux de trafic de drogue et sa complicité active dans l’introduction dans de stupéfiants en Espagne. Selon le quotidien espagnol, des photographies récupérées du téléphone d’un des trafiquants ayant pris part à une opération de trafic de drogue montrent un patrouilleur de la marine royale marocaine participer au transport de la drogue et au guidage des bateaux, exploités par les narcotrafiquants pour l’introduction de la drogue en Espagne. Le journal affirme, à ce titre, que ces images montrant un patrouilleur marocain, chargé de balles de haschisch, assurer le rôle de « navire-mère » pour les bateaux de drogue qui ne sont que « la face cachée de l’iceberg ». D’alleurs, un membre de la garde civile espagnole a indiqué au média que « ce n’est pas la première fois qu’une affaire de patrouilleurs transportant du haschich est révélée par nos services ». Et d’ajouter qu’ « il a été possible, à certaines occasions, de prouver une collusion entre des trafiquants de drogue et des membres corrompus de la police ou de l’armée marocaine ». Un commandant qui a passé des décennies à lutter contre le trafic de drogue affirme pour sa part que  « lorsque le Maroc a procédé à un nettoyage et a arrêté 30 policiers corrompus à Nador, les bateaux ont reçu l’ordre de changer de lieu de collecte de la drogue, et ils allaient charger les ballots ailleurs ». Cela confirme, a-t-il poursuivi, « la capacité du trafic de drogue à pénétrer sur tout le territoire marocain et à infiltrer les institutions ». Mettant en doute la volonté des autorités du Maroc de mettre un terme à ce trafic, le journal souligne les complicités existantes entre les trafiquants et les membres des services de sécurité de ce pays, censés, pourtant, leur mener la guerre. En effet, selon l’enquête publié, la garde civile espagnole dénonce le refus de coopération des services de sécurité marocains et les faux-semblants de la répression, annoncés à grands coups de publicité. « La collaboration d’agents marocains avec des trafiquants de haschisch dans le détroit est un secret de polichinelle », écrit le journal qui affirme que la corruption au sein de la marine royale et de la gendarmerie marocaine est « systémique ». « Avec les bas salaires de l’armée au Maroc, tout le monde tombe dans les réseaux de la drogue », soutient le journal, citant des spécialistes de la police nationale et de la garde civile. Rappelant que le Maroc est le premier producteur mondial de haschich, le journal soutient que « cela n’aurait pas pu se faire sans la collaboration ou l’inaction des agents et des forces de sécurité marocains ».

Cannabis et drogues dures

En plus du manque d’engagement des autorités marocaines à lutter contre le trafic de drogue, le journal espagnol relève le refus de coopération des services de sécurité marocains avec leurs homologues espagnols lorsque ces derniers sollicitent leur collaboration. « Bien qu’il ait reçu des millions de dollars de fonds européens pour lutter contre le trafic de drogue, le Maroc a ignoré, ces dernières années, les demandes persistantes d’extrader vers l’Espagne le plus grand baron du haschich du pays », affirme le journal. Selon ce média, l’un des exemples les plus édifiants de ce manque de collaboration est le cas « El Messi del Hashi ». Des policiers interrogés par le journal ont affirmé avoir réussi à localiser l’endroit exact où se cachait ce baron de la drogue, mais en dépit des informations fournies par l’Espagne, le Maroc a ignoré à maintes reprises les demandes formelles d’extradition. « Nous avons voyagé là-bas, nous nous sommes rencontrés, nous leur avons transmis toutes les informations dont nous disposions. Même des photographies de ce à quoi ressemble la maison. Mais au final, le Maroc, c’est le Maroc », regrettent les sources, citées par ce journal.

Le Maroc est une menace pour les pays du voisinage à plus d’un titre. En Algérie, les services de sécurité saisissent chaque semaine d’importantes quantités de cannabis en provenance du Maroc que les narco-trafiquants tentent d’introduire avec la complicité des forces armées royales marocaines. Les neutralisations de réseaux de narcotrafic dirigés depuis le Maroc se sont multipliées au cours des derniers mois. En Europe, les chiffres de l’Office des Nations unies de lutte contre la drogue et la criminalité démontre que 90% du cannabis consommé en Espagne et en France proviennent du Maroc. Pour sa part, l’Agence européenne pour la gestion de frontières extérieures « Frontex » a désigné le Maroc comme un des principaux pays pourvoyeurs de la migration irrégulière, de trafiquants de migrants, mais surtout comme pays d’origine et d’envoi de la résine de Cannabis saisie en Europe. Selon Frontex, le Maroc occupe également la première place au classement des dix principaux pays de nationalité des trafiquants de migrants. En juin 2021, le Parlement européen a adopté à une large majorité une résolution dénonçant les pressions exercées sur l’Espagne par le Maroc qui utilise la carte migratoire et le trafic de drogue pour contraindre les responsables espagnols à s’aligner sur ses positions, notamment sur la question du Sahara occidental. Pour l’Europe, le Maroc et son trafic de drogue représente une menace encore plus sérieuse. L’ancien officier de l’armée marocaine, Mustapha Adib, a affirmé il y a quelques mois qu’au-delà de la collusion entre le régime marocain et les réseaux de trafic de drogue, l’argent provenant de ce trafic sert à financer les réseaux de la corruption des eurodéputés dévoilés par le scandale MarocGate. Il avait aussi indiqué que les généraux de l’armée marocaine, Hosni bin Slimane et Haramou, ainsi que d’autres barons de la drogue disposaient de beaucoup d’informations sur les opérations illégales menées par le Maroc, évoquant le dépôt de « l’argent destiné aux opérations mafieuses et criminelles menées à l’étranger dans des boîtes noires « .

Il faut dire que l’implication du régime marocain dans le narcotrafic et la corruption politique que celui-ci engendre n’est pas nouvelle, même si les récents éléments révélés à ce propos confirment une complicité au plus haut niveau. Le scandale nommé « le Pablo escobar du Désert » et qui a fait tomber des têtes à l’image du président du Widad de Casablanca, bras droit du patron de la Fédération marocaine de football Fawz Lekjaa, ainsi que des députés et figures de proue du parti du chef du Gouvernement marocain Aziz Akhanouche, confirme que le narcotrafic et la corruption sont dans l’ADN du régime marocain qui a d’ailleurs légalisé la culture de cannabis sous le couvert thérapeutique. Mais il est reconnu que la production et le trafic de cannabis est au Maroc un secteur « économique » majeur qui engendre des revenus pour la corruptions et qui est utilisé pour réduire au silence les revendications sociales, notamment dans le nord rifain.

Avec ses centaines de milliers d’hectares de culture de cannabis produisant chaque année plus de 3 000 tonnes de haschisch, le Maroc est de très loin le premier producteur/exportateur mondial de cette substanceLes trafiquants utilisent désormais leurs réseaux pour acheminer en Europe des drogues dures comme la cocaïne et y blanchir leurs profits. Ces derniers représentent la plus importante source de devises dans l’économie marocaine et sont à l’origine de réseaux de corruption et de clientélisme qui remontent jusqu’aux plus hauts niveaux des autorités de l’État. Pis encore, les autorités marocaines sont impliquées elles-mêmes dans la culture de Cannabis.

Le phénomène a pris une telle ampleur que l’ONDH, ONG marocaine pour la défense des droits de l’homme, a exprimé en septembre 2022 sa préoccupation face à la propagation, dans le Nord du Maroc, des crimes liés au blanchiment d’argent, en particulier le trafic de stupéfiants, de substances psychotropes, d’êtres humains et de migrants, et ses liens avec l’activité économique, notamment le blanchiment d’argent dans l’immobilier, ou avec la politique à travers l’accès des criminels à des fonctions politiques.

Hocine Fadheli

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