Fixer un cap pour la souveraineté alimentaire
Le troisième recensement général de l’agriculture sera lancé le 19 mai prochain et se poursuivra jusqu’au 17 juillet. L’opération permettra d’actualiser les données sur le secteur de l’agriculture qui a connu d’importants changements depuis le dernier recensement opéré en 2001 et revêt une importance particulière dans la mesure où il s’agira de compiler des statistiques précises qui permettront d’orienter les politiques agricoles et les stratégies de consolidation de la sécurité alimentaire.
Le marché des produits alimentaires et des denrées agricoles a été marqué par des tensions et des perturbations au cours des dernières années. Des tensions qui ont poussé les pouvoirs publics à recourir à l’importation pour combler le déficit de l’offre et répondre aux besoins du marché. Une situation qui a été longtemps imputée à au manque de maîtrise des circuits de distribution. Or, la problématique s’est avérée plus complexe, en raison notamment de non fiabilité des données sur l’offre, la production agricole nationale, ainsi que sur la richesse animale nationale. Une problématique qui a d’ailleurs été mise en avant par le président de la République Abdelmadjid Tebboune lors des assises nationales sur l’agriculture tenues l’année dernière et au cours desquels il a insisté sur la nécessité de disposer de statistiques fiables pour orienter les politiques dans le secteurs agricoles et les investissements dans l’agriculture et l’industrie agroalimentaire, arrêter le potentiel, les capacités et les besoins afin de mettre en place une filière agro-industrielle intégrée à même de garantir une certaine autosuffisance et consolider la sécurité alimentaire. C’est dans cet objectif que le lancement du Troisième recensement général de l’agriculture qui a été maintes fois reportés a été établie comme priorité. Un recensement qui se tiendra du 19 mai au 17 juillet prochains, comme annoncé lundi soir par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Une date fixée lors des travaux de la 5e réunion de la Commission nationale du Recensement général de l’agriculture, présidés par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, et consacrés aux derniers préparatifs avant le lancement du recensement agricole, un précisé un communiqué du ministère. Lors de cette réunion, Cherfa a rappelé les instructions données par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, lors du Conseil des ministres du 24 mars 2024, quant à « l’impératif d’accorder une grande importance au recensement général dans le secteur de l’agriculture, en ce qu’il représente un mécanisme essentiel pour connaître les capacités nationales et identifier les besoins afin de prendre les bonnes décisions sur la base de données scientifiques exactes », selon le communiqué. Il faut dire que ce recensement est le troisième après ceux opérés en 1973 et en 2001. Il s’agira donc d’actualiser des données qui datent de 23 ans, alors que secteur agricole a connu d’importants changements au gré des politiques de développement agricole et changements opérés sur le plan juridique notamment en ce qui concerne le statut du foncier et des exploitations agricoles au cours de cette période, la création de nouvelles filières, sans oublier le développement de l’agriculture saharienne avec la perspective de développement de clusters pour les cultures stratégiques dans le Sud du pays et au niveau des anciennes fermes pilotes. Le ministre de l’Agriculture a d’ailleurs souligné hier en marge d’une visite dans la wilaya d’Ain Defla que le RGA est « une opportunité pour connaître les capacités nationales et déterminer les besoins du secteur de manière à en faire bénéficier l’agriculteur et l’économie nationale ». Et d’ajouter que ce recensement revêt « une grande importance, à travers l’identification de la cartographie des capacités du secteur et des insuffisances en la matière, et la mise au point de programmes de développement basés sur des données exactes et minutieuses ». Une opération importante pour la création d’une filière intégrée. Le ministre a ainsi souligné que la relance de plusieurs domaines liés au secteur agricole, à l’instar de l’industrie de transformation, « est tributaire de la disponibilité de données scientifiques sur les capacités exactes du secteur, d’où le recensement général de l’agriculture », a-t-il expliqué.
De son côté, le Directeur des Systèmes d’Information, des Statistiques et de la Prospective au Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, Mohamed Tifouri, a souligné lors d’une intervention sur les ondes de la Radio algérienne queque toutes les dispositions ont été prises pour assurer le succès de ce processus. Il a souligné que « la première étape du processus de recensement se fera sur la base d’un questionnaire papier utilisé par les agents du recensement agricole général, et comprendra tous les investissements agricoles sur le territoire national, suivi de la mise en place de centres de collecte des données du questionnaire et de leur saisie dans une plateforme numérique spécialement conçue pour ce processus, où ces données seront soumises à une surveillance minutieuse. » Des données qui seront par la suite analysées par le ministère de l’Agriculture.
L’opération revêt une importance particulière pour la sécurité alimentaire. Dans ce contexte, le président de la République a souligné samedi lors d’un entretien avec des médias nationaux que que l’absence de données exactes incite l’Etat à importer certains produits en fonction de la capacité financière du pays et non en fonction des besoins ou du niveau de la demande, d’où le lancement du RGA. Il a également mis en avant l’importance de données fiables disponibles pour orienter les politiques d’investissements agricoles. Le Président Abdelmadjid Tebboune a en ce sens estimé que le rôle du Gouvernement à travers le ministère de l’agriculture est l’orientation et l’organisation de l’activité agricole alors que l’investissement est l’affaires des opérateurs économiques, notamment privés.
Sabrina Aziouez