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« Le monde aura besoin de gaz pendant longtemps »

Les grandes entreprises énergétiques remettent en cause les scenarios irréalistes de l’Agence internationale de l’énergie à propos des pics de consommation d’hydrocarbures, et une fin supposée toute proches. Les patrons de plusieurs majors énergétiques ont souligné hier que le monde aura encore besoin longtemps de gaz et que ce dernier a un rôle important à jouer dans la transition énergétique.

Les patrons de Totalenergies, Exxonmobil et Qatarenergy ont souligné hier lors du Forum économique du Qatar que le monde aura besoin de gaz liquéfié (GNL) pour « très longtemps » « Je ne suis pas inquiet, je pense qu’il y a une place, une place claire pour le gaz dans la transition » énergétique, a déclaré Patrick Pouyanné, au côté du patron du géant américain du pétrole, Darren Woods, et du ministre de l’Energie du Qatar, Saad al-Kaabi, également patron du géant public des hydrocarbures QatarEnergy. Il adresse d’ailleurs une pique aux analystes de l’AIE et aux défenseurs d’une sortie rapide, ou plutôt précipitée des énergies fossiles, indiquant que « les choses ne vont pas se passer en une nuit comme certains en rêvent, parce qu’encore une fois, certains fondamentaux sont que la population augmente, la demande d’énergie augmente ». De son côté, plaidé Darren Woods, PDG d’ExxonMobi a rappelé que « des milliards de personnes sur la planète méritent une vie meilleure et auront besoin de sources d’énergie abordables, disponibles et fiables ». Il rejoint d’ailleurs l’approche de l’Opep et du GECF concernant l’intégration des énergies fossiles dans les stratégies de transition et de réduction des émissions. Le patron de la major américaine a ainsi estimé que la priorité est d’abord de « réduire les émissions » produites par l’industrie pétro-gazière. « Les énergies renouvelables sont appelées à jouer un rôle important, avec l’augmentation des énergies solaire et éolienne, mais en raison de leur intermittence, vous aurez besoin d’une solution de secours » pour produire de l’électricité, a abondé le ministre Qatari, qui assure « que le GNL sera nécessaire pendant très longtemps ».

Rappelons dans ce contexte que le Forum des pays exportateurs de gaz a estimé dans son rapport annuel « Global Gas Outlook » publié au mois de mars dernier que la demande mondiale de gaz naturel devrait augmenter de 34% et sa contribution au mix énergétique mondial passera de 23% actuellement à 26% d’ici à 2050.  Le Forum a souligné que le gaz naturel devrait continuer à jouer « un rôle important dans le mix énergétique mondial jusqu’en 2050 et au-delà. Le secrétaire général du GECF, Mohamed Hamel, a indiqué il y a quelques jours que la demande de gaz devrait augmenter de plus de 1,5% en 2024 et d’environ 2% en 2025. Il a affirmé au cours d’un récent forum au que « pour atteindre les objectifs de développement durable, il faut une intégration nuancée de diverses sources d’énergie et de technologies, adaptées aux circonstances, capacités et priorités uniques de chaque pays ». Hamel a dans ce contexte mis en avant la centralité du gaz naturel dans la transition énergétique et affirmé que le GN « disponible, propre, flexible et polyvalent, émerge comme une solution pivotale, offrant une voie pour une transition énergétique ordonnée, équitable et juste ». Et d’ajouter que « le gaz naturel est un partenaire des énergies renouvelables variables, fournissant une sauvegarde et une stabilité aux réseaux électriques. Il joue également un rôle crucial dans la sécurité alimentaire mondiale, car il est un composant clé de la production d’engrais ». Pour sa part, le Secrétaire général de l’Opep a qualifié, à plusieurs reprises, les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie concernant une fin supposée du pétrole et du gaz et ses appels au désinvestissement dans les hydrocarbures d’« irresponsables » car menaçant la sécurité énergétique mondiale. Il a souligné dans ce sens que la demande de pétrole devrait continuer de croitre et devrait atteindre la demande mondiale de pétrole atteindra 116 millions de barils par jour (bpj) d’ici 2045. Une demande qu’il faudra satisfaire en investissant dans de nouvelles capacités de production de pétrole, mais aussi de raffinage.

Samira Ghrib

Pétrole

Légère hausse du Brent à près de 83 dollars

Les cours sont légèrement remonté hier, portés par la prime de risque géopolitique au Moyen-Orient et des incendies au Canada qui menacent la production du pays,. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet prenait dans la matinée 0,53% à 82,82 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en juin, gagnait 0,59% à 78,48 dollars. La situation géopolitique au Moyen-Orient et l’incendie de forêt à proximité d’une région canadienne productrice de brut font monter les cours, expliquent des analystes. La veille, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a maintenu ses prévisions de croissance de la demande communiquées en avril dans son rapport mensuel sur le pétrole. L’Opep et ses alliés doivent se réunir début juin à Vienne, siège du groupe, pour décider de leurs niveaux de production à venir.

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