Commission algéro-française « histoire et mémoire » : L’appel à des actions concrètes
La Commission mixte algéro-française sur l’Histoire et la Mémoire a plaidé pour des actions tangibles pour prendre en compte toutes les dimensions de l’histoire de la période coloniale.
Les conclusions de la cinquième réunion de la Commission mixte algéro-française sur l’Histoire et la Mémoire tenue la semaine dernière au siège des Archives nationales à Alger ont présentées hier. Une réunion qui a permis de se pencher sur des dossiers importants de la question mémorielles comme la question de la récupération des archives ottomane et de la période coloniale, ainsi que biens historiques spoliés durant la colonisation. Dans ce contexte la commission d’historiens a plaidé dans le communiqué publié hier, pour des actions tangibles pour prendre en compte toutes les dimensions de l’histoire de la période coloniale. La commission mixte émet le vœu que « corps soit donné à la Déclaration d’Alger (août 2022) et que les missions imparties à la commission mixte se concrétisent ». « La mise en œuvre d’actions tangibles concrétisera la volonté active et forte de prendre en compte toutes les dimensions de l’histoire de la période coloniale pour mieux aller de l’avant ». En ce sens, la commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire « formule le vœu que le traitement du dossier mémoriel réponde aux aspirations des peuples algérien et français », souligne le communiqué. Elle « insiste sur la nécessité de poursuivre les négociations dans le cadre du groupe de discussion mixte algéro-français sur la question des archives ». Le document souligne aussi que « la partie algérienne présente une liste ouverte de biens historiques et symboliques de l’Algérie du XIX siècle, conservés dans différentes institutions françaises, proposés à la restitution à l’Algérie sous forme de gestes symboliques ». En ce sens, la partie algérienne « invite la partie française à transmettre ses préoccupations en matière de restitution de biens culturels, archivistiques et autres », note le communiqué, précisant que « la partie française accepte et s’engage à transmettre au Président Emmanuel Macron la liste transmise par la partie algérienne afin que les biens qui peuvent retrouver leur terre d’origine puissent l’être le plus rapidement possible ». Il est utile de rappeler dans ce contexte que lors de la réunion tenue au mois de février à Paris, la partie algérienne de la commission, s’est attelée à l’occasion de son séjour en France à faire l’inventaire des biens spoliés durant la colonisation. Des biens que Paris se refuse jusque-là à restituer comme c’est le cas notamment de « l’épée, le burnous, le Coran, la tente et les canons de l’émir Abdelkader, la tente d’Ahmed Bey, la clé et les étendards de Laghouat (ville de sud-ouest algérien qui est témoin des massacres de la colonisation) .
Le communiqué souligne par ailleurs que la commission mixte algéro-française « s’accorde pour poursuivre et parachever la chronologie relative aux domaines militaire, politique, économique, social, culturel et humain au cours du XIXe siècle ». Elle « salue la coopération en matière de restauration et de numérisation, d’échanges d’expériences, de bibliographie, d’échanges scientifiques (étudiants et chercheurs) et culturels, de valorisation de lieux de mémoire en Algérie et en France, de la numérisation des registres d’état-civil et des registres des cimetières français en Algérie, des cimetières algériens du XIXe siècle en France, de création d’un portail numérique et d’organisation de rencontres scientifiques ». Il est également relevé que « la partie française propose à la partie algérienne un préprogramme de rencontre scientifique, notamment consacrée aux archives pour l’année universitaire 2024-2025 », la commission considérant que « l’institutionnalisation de collaborations étroites sera très profitable notamment à la jeunesse de nos deux pays ». A cet égard, la commission « se réjouit des perspectives de partenariat esquissées par les responsables du Service interministériel des archives de France (SIAF) et de la Bibliothèque nationale de France (BNF), à l’occasion des visites organisées par la commission, notamment auprès du Centre des archives nationales d’Algérie et de la Bibliothèque nationale d’Algérie, particulièrement dans les domaines de la coopération scientifique et technique, d’échanges de professionnels, de la formation, de la numérisation, et plus largement de partage des savoirs (expositions, Inventaires communs…) ». Le communiqué note enfin que cette commission « s’accorde pour que sa prochaine rencontre se tienne en France début juillet 2024 ». Notons que les travaux de la 5e rencontre de la commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire se sont tenus au siège des Archives nationales à Birkhadem, Alger, les 22 et 23 mai 2024. Ils coïncident avec le mois de la Mémoire en Algérie. Selon le communiqué, la partie française de la commission mixte d’historiens « tient à remercier chaleureusement ses homologues algériens et les différentes institutions qu’elle a rencontrées pour leur accueil et la présentation de leurs riches fonds, au cours des visites effectuées du 20 au 24 mai ». Pour rappel, les coordinateurs des deux parties, algérienne et française, sont respectivement MM. Mohamed Lahcen Zeghidi et Benjamin Stora.
Hocine Fadheli