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Accord entre Sonatrach et Tosyali: Le pari de l’hydrogène vert

L’Algérie s’engage résolument dans la voie de l’hydrogène vert, une stratégie qui s’inscrit dans sa politique de transition énergétique et de transformation industrielle, tout en visant une position forte sur le marché européen de l’énergie propre.

Un pas important a été d’ailleurs été franchi hier avec la signature d’un protocole d’entente entre Sonatrach et Tosyali Iron Steel Industry Algérie SPA. Ce partenariat vise à étudier la faisabilité de la production d’hydrogène vert en Algérie à partir d’énergies renouvelables, destiné à la fabrication d’ « aciers verts » dans le complexe sidérurgique de Tosyali. Cette initiative s’aligne parfaitement avec la stratégie nationale de l’hydrogène, qui vise à réduire la consommation de gaz naturel et les émissions de gaz à effet de serre. L’ambition de l’Algérie dans ce domaine est considérable. Le pays prévoit de développer 15.000 mégawatts d’énergies renouvelables d’ici 2035 et de se positionner comme un acteur majeur de l’hydrogène vert. Les projections sont impressionnantes : l’Algérie entend produire et exporter entre 30 et 40 milliards de kilowatts d’hydrogène gazeux, liquéfié et dérivés d’ici 2040, avec l’objectif d’approvisionner le marché européen à hauteur de 10% de ses besoins.

Cette stratégie pourrait générer des revenus annuels estimés à près de 10 milliards de dollars, offrant ainsi une diversification cruciale des exportations algériennes, traditionnellement dominées par les hydrocarbures. La feuille de route nationale pour le développement de l’hydrogène renouvelable et propre se concentre sur deux types : l’hydrogène bleu (produit par la conversion du méthane) et l’hydrogène vert (par électrolyse de l’eau à l’aide d’énergies renouvelables). La stratégie  de développement de l’hydrogène vert s’articule autour de trois phases principales : le démarrage et la formation (2023-2030), l’expansion et la création du marché (2030-2040), et enfin l’industrialisation et l’exportation (2040-2050). Cette approche progressive vise à construire une filière solide et durable. Des partenariats stratégiques internationaux couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur de l’hydrogène seront conclus. La Sonatrach a d’ailleurs déjà signé des accords pour le lancement de projets dans ce sens comme c’est le cas avec l’Italien Eni et l’Allemand VNG, entre autres.  Un projet phare illustre l’ampleur des ambitions algériennes : le SoutH2 Corridor. Ce pipeline, discuté lundi lors d’une rencontre de haut niveau impliquant Sonatrach et des partenaires européens, vise à transporter l’hydrogène vert algérien vers le cœur de l’Europe. Avec une capacité prévue de 4 millions de tonnes par an, ce projet pourrait faire de l’Algérie l’une des principales sources d’approvisionnement de l’Union Européenne en hydrogène vert.

Cette orientation vers l’hydrogène vert ne se limite pas au secteur énergétique. Elle s’étend à la transformation de l’industrie algérienne, comme en témoigne le partenariat avec Tosyali pour la production d’acier vert. Cette approche holistique démontre la volonté de l’Algérie d’adapter son économie aux objectifs climatiques tout en créant de nouvelles opportunités de croissance et d’emploi.

Sabrina Aziouez

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