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Ghaza : Khan presse les juges de la CPI à émettre les mandats d’arrêt

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a lancé un appel pressant aux juges de la Cour, les exhortant à prendre une décision urgente concernant l’émission de mandats d’arrêt contre des responsables sionistes dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Yoav Gallant, pour les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans la bande de Ghaza.

Dans des documents judiciaires rendus publics vendredi, Khan a souligné l’urgence de la situation, déclarant que « tout retard injustifié dans ces procédures affecte négativement les droits des victimes ». Il a réaffirmé la compétence de la CPI pour enquêter sur les crimes commis par l’entité sioniste dans les territoires palestiniens, rejetant les contestations juridiques soumises par l’entité sioniste et d’autres parties. « Il est légalement établi que le tribunal a compétence dans cette situation », a déclaré Khan, balayant les arguments basés sur les accords d’Oslo et les affirmations israéliennes selon lesquelles l’État mène ses propres enquêtes sur les crimes de guerre. Le procureur a rappelé qu’il avait annoncé le 20 mai dernier que le tribunal cherchait à émettre des mandats d’arrêt contre Netanyahu et Gallant, estimant qu’il existait « des motifs raisonnables de croire qu’ils portent la responsabilité pénale des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité » commis en Palestine.

Cette démarche du procureur intervient dans un contexte de violence persistante dans la bande de Ghaza, où les bombardements israéliens continuent de faire de nombreuses victimes civiles. L’appel de Khan à une action rapide de la CPI souligne l’urgence de la situation humanitaire à Ghaza et la nécessité d’une réponse judiciaire internationale face aux crimes de guerre commis sans cesse par l’occupant à Ghaza. Les dernières 24 heures ont d’ailleurs été particulièrement meurtrières, avec près de 50 Palestiniens tués dans des bombardements sionistes, selon les chiffres communiqués par les secouristes.

Le ministère de la Santé à Ghaza rapporte que le bilan de l’offensive israélienne s’est alourdi à 40 334 morts et 93 356 blessés depuis le 7 octobre 2023. Les autorités sanitaires soulignent que de nombreuses victimes sont encore sous les décombres, les équipes de secours étant empêchées d’accéder à certaines zones par l’armée d’occupation israélienne. La violence ne montre aucun signe d’apaisement. Samedi, au moins 37 Palestiniens ont été tués dans divers bombardements au centre et au sud de la bande de Ghaza. Les frappes ont notamment visé Khan Younès, faisant 11 morts dans le quartier d’Al-Amal et 11 autres dans la localité d’Al-Katiba. Des raids ont également eu lieu à Rafah et dans le camp de Nuseirat.

L’occupation a de nouveau ordonné l’évacuation de vastes zones du centre de Ghaza, pour la deuxième fois en une semaine. Ce nouvel ordre de déplacement forcé concerne plusieurs municipalités, aggravant encore la crise humanitaire. Selon les Nations unies, 9 personnes sur 10 à Ghaza ont déjà été contraintes de se déplacer en raison des attaques israéliennes. Le Bureau des médias du gouvernement à Ghaza estime qu’environ 1,7 million de Palestiniens déplacés sont maintenant entassés dans une zone ne représentant qu’un dixième de la superficie de l’enclave. Ce qui aggrave encore la situation sanitaire déjà alarmante. Le ministère de la Santé a alerté sur l’épuisement de 60% des médicaments essentiels et de 83% des consommables médicaux, mettant en péril la continuité des services de santé. Les autorités craignent l’arrêt imminent des services d’urgence, des opérations chirurgicales, des soins intensifs, de la dialyse et des soins de santé primaires. Par ailleurs, un cas de poliomyélite a été détecté chez un bébé de 10 mois, le premier depuis 25 ans à Ghaza. Face à cette menace, l’UNRWA (l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens) prévoit de lancer une campagne de vaccination à la fin du mois, malgré les difficultés opérationnelles liées au conflit en cours.

Dans ce contexte, les négociations en vue d’un cessez-le-feu se poursuivent au Caire, bien qu’elles sont torpillées à chaque fois par Netanyahu. Bien que le Hamas ne participe pas directement aux discussions, une délégation du mouvement de résistance palestinien est au Caire. Les pourparlers achoppent notamment sur le contrôle du « corridor de Philadelphie », une bande de terre le long de la frontière entre Ghaza et l’Égypte, actuellement occupée par l’occupant sioniste.

Le Hamas exige un retrait israélien de cette zone et, à terme, de l’ensemble du territoire palestinien, que Netanyahu refuse. Le mouvement de résistance palestinien insiste d’ailleurs sur l’application d’un plan annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden, prévoyant une trêve de six semaines et un retrait israélien progressif.

De son côté, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a dénoncé la guerre menée sioniste à Ghaza, l’accusant de viser à « exterminer » les Palestiniens. Hussein Al-Cheikh, secrétaire général du comité exécutif de l’OLP, a souligné la « nécessité de mettre fin à la guerre criminelle dans la bande de Ghaza qui vise à exterminer et à déplacer le peuple palestinien ». Le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé son intention de se rendre à Ghaza et a invité les dirigeants arabes, islamiques et amis, ainsi que le secrétaire général de l’ONU, à se joindre à lui pour « mettre fin à l’agression israélienne ».

La communauté internationale reste préoccupée par l’escalade continue du conflit et ses conséquences humanitaires désastreuses. L’appel du procureur de la CPI à une action urgente reflète la gravité de la situation et la nécessité d’une réponse judiciaire internationale face aux allégations de crimes de guerre.

Lyes Saïdi

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