Contexte politique agité en France: Une procédure de destitution engagée contre Macron
Le groupe parlementaire de La France insoumise (LFI) a annoncé le dépôt d’une procédure de destitution visant le président français, Emmanuel Macron.
Alors que la crise politique initiée par la dissolution de l’Assemblée nationale française par Emmanuel Macron se poursuit, de nouveaux développements viennent compliquer la situation. D’un côté, le groupe parlementaire de La France insoumise (LFI) a annoncé le dépôt d’une procédure de destitution visant le président français, une première dans l’histoire récente. De l’autre, certains acteurs politiques, à l’instar d’Edouard Philippe, commencent à se projeter sur l’après-Macron en annonçant leur candidature à la prochaine élection présidentielle.
Depuis le 50e jour du gouvernement démissionnaire, la cheffe du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a annoncé le dépôt d’une proposition de résolution visant à destituer Emmanuel Macron, en vertu de l’article 68 de la Constitution. Ce texte, qui sera signé par des parlementaires au-delà des seuls Insoumis, entend apporter « une réponse politique à la hauteur du coup de force antidémocratique » perpétré par le chef de l’État, selon les mots de Mme Panot.
La députée du Val-de-Marne accuse Emmanuel Macron d’être « le point de blocage » et « la raison pour laquelle nous n’avons pas de gouvernement », tout en le qualifiant d' »agent de perturbation du bon fonctionnement démocratique des institutions ». La procédure devra d’abord franchir l’étape du vote du bureau de l’Assemblée nationale, où le Nouveau Front populaire (NFP) est majoritaire. Mathilde Panot espère également obtenir le soutien des socialistes, malgré leurs critiques initiales.
Si la proposition de résolution était adoptée par le bureau, elle serait ensuite débattue en commission des Lois puis dans l’hémicycle. Pour passer ces différentes étapes, une majorité des deux tiers des membres serait nécessaire – ce qui semble difficile à atteindre avec les seuls 193 députés du NFP. La cheffe de file des Insoumis préfère cependant souligner le succès de la pétition lancée par son mouvement, qui a déjà recueilli plus de 180 000 signatures.
Dans l’hypothèse d’un vote favorable des députés, le texte serait alors transmis au Sénat. En cas d’adoption par la Chambre haute, le Parlement se constituerait en Haute Cour, qui disposerait d’un mois pour statuer sur la destitution du président de la République.
Pendant que le chef de l’État est embourbé dans ses consultations pour trouver un Premier ministre, l’ancien locataire de Matignon, Edouard Philippe, a choisi de prendre les devants. Dans un entretien accordé au magazine Le Point, le maire du Havre a officiellement confirmé sa candidature à la prochaine élection présidentielle, y compris en cas de scrutin anticipé.
Cette annonce surprise met davantage la pression sur Emmanuel Macron, accentuant l’image d’un président affaibli, « contraint de regarder l’avenir s’écrire sans lui », comme le souligne Le Monde. Sans jamais le nommer, Edouard Philippe se livre d’ailleurs à une charge en règle contre le locataire de l’Élysée, critiquant son « comportement erratique et dangereux » ainsi que ses choix politiques.
Le chef de file d’Horizons vilipende notamment la dissolution de l’Assemblée nationale, qu’il avait qualifiée de « meurtre de la majorité », ainsi que le remplacement d’Élisabeth Borne par Gabriel Attal à Matignon, une décision qu’il avait déconseillée au président. Mais c’est surtout sur la situation budgétaire du pays que le prétendant à l’Élysée se montre le plus cinglant, jugeant que « personne n’y croit ! » au programme de stabilité 2024-2027 présenté par l’exécutif.
En se déclarant candidat à trois ans de l’échéance, Edouard Philippe entend se positionner au-dessus de la mêlée, déroulant quelques idées de son futur programme : « Ce que je proposerai sera massif », promet-il. De quoi accentuer un peu plus le sentiment de fragilité d’Emmanuel Macron, contraint désormais de gérer une crise politique aiguë tout en faisant face à l’émergence de prétendants à sa succession.
La procédure de destitution engagée par LFI et les ambitions affichées d’Edouard Philippe s’inscrivent dans un contexte politique particulièrement tendu, marqué par l’incapacité d’Emmanuel Macron à résoudre la crise ouverte par la dissolution de l’Assemblée.
Outre le bras de fer avec les Insoumis, le président français a également dû composer avec les exigences de Marine Le Pen. Lors d’un récent échange téléphonique, la présidente du Rassemblement national a réaffirmé qu’elle censurerait immédiatement tout gouvernement mené par Xavier Bertrand ou Bernard Cazeneuve, deux profils pourtant encore envisagés par Emmanuel Macron pour prendre la tête de l’exécutif français.
Malgré ces consultations, le locataire de l’Élysée ne semble pas encore en mesure de trancher.Cette situation de crise politique prolongée, conjuguée à l’affaiblissement manifeste d’Emmanuel Macron, offre un contexte propice à l’émergence de nouvelles ambitions présidentielles. Avec le dépôt de la procédure de destitution et les déclarations d’Edouard Philippe, c’est l’amorce d’un jeu de chaises musicales pour l’après-Macron qui se dessine, dans un climat de forte tension et d’incertitude sur l’avenir institutionnel en France.
Lyes Saïdi